Il y a 40 ans, Mark Knopfler sortait sa première musique de film

En avril 1983 arrivait dans les bacs la bande originale du film ‘Local Hero’, la toute première composée par Mark Knopfler.

Un film culte en Angletterre

Sorti sur les écrans en 1983, Local Hero est un film réalisé par l’écossais Bill Forsyth. Une comédie douce-amère pleine de mélancolie qui raconte l’histoire d’un texan nommé MacIntyre (!) chargé par son employeur d’aller négocier l’installation d’un complexe pétrolier sur une plage du nord de l’Ecosse. Au contact des habitants et du climat local, il va remettre en question ses certitudes.

Local Hero n’est pas forcément un film célèbre internationalement mais il a un statut singulier dans le cœur du public anglais. Il est souvent cité dans les longs-métrages favoris outre-manche, et il n’est pas rare d’entendre des références à certaines de ses scènes ou de ses répliques, notamment au sujet du lapin… Même la cabine de téléphone rouge est devenue un passage obligé des touristes qui vont visiter le petit village de Pennan (le nom Ferness utilisé dans le film est purement fictionnel).

En dehors de Burt Lancaster qui joue le rôle du patron excentrique, le reste de la distribution n’est pas très connu, et les différent-es acteurs et actrices du film ne connaitront pas une carrière de renommée internationale. Même le réalisateur Bill Forsyth ne figure pas parmi les noms les plus célèbres du cinéma.

Et si Local Hero reste tout de même connu parmi le public non anglophone, ce n’est pas comme film en tant que tel, mais surtout pour sa musique…

Une première pour Mark Knopfler

Déjà avec l’album Love over gold, la musique de Dire Straits s’était clairement éloignée des influences country-blues-laidback des débuts pour aller vers des compositions à l’atmosphère cinématographique évidente. Telegraph Road offrait de longs passages instrumentaux et Private Investigations s’inspirait des polars hollywoodiens des années 50, des ambiances très « visuelles ». Aussi, quand le producteur David Puttnam fait appel à Mark Knopfler pour composer la musique du film de Bill Forsyth, le songwriter-guitariste accepte immédiatement.

La première double page du livret du CD Local Hero. Photo © Brian Aris

Et pour parfaire le tout, le musicien est né à Glasgow en Ecosse et a vécu toute son enfance et adolescence à Newcastle dans le nord de l’Angleterre. Autant dire que le scénario lui parle directement. Il est d’ailleurs amusant de noter que l’histoire du personnage principal MacIntyre qui semble vouloir abandonner sa vie tonitruante aux Etats-Unis pour une existence plus paisible dans ce lieu reculé en Ecosse fera en quelque sorte écho aux choix de carrière ultérieurs de Mark Knopfler : s’écarter du show business et de son vacarme incessant, éviter les media et les mondanités, pour aller vers une sorte de retour à l’anonymat. Depuis bientôt 30 ans, l’ex-frontman de Dire Straits n’a de cesse de chercher à s’effacer derrière sa musique et opter pour une démarche artistique où la discrétion est reine.

Page centrale du livret du CD Local Hero © Kim Knott

Cette première bande originale de film dans son parcours avait-elle valeur prémonitoire ? Ce qui est sûr c’est qu’elle a marqué une étape importante dans la discographie de son auteur, et reste encore aujourd’hui comme une de ses meilleures. Un disque qui peut s’écouter intégralement même sans avoir vu le film.

La B.O. morceau par morceau

The Rocks and the Water

Le morceau d’ouverture n’est pas le premier qu’on entend dans le film (qui débute au Texas), mais plutôt celui qui évoque le décor écossais avec son atmosphère de bout du monde, sa voute céleste et ses aurores boréales. Point de guitare mais Mark Knopfler et Alan Clark tous les deux aux synthétiseurs. La mélodie sera plus tard jouée en intro de Going Home en concert.

Wild Theme

C’est le thème musical récurrent dans le film. L’appellation « Wild » (« sauvage ») se réfère aux passages du long-métrage qui mettent en scène les paysages austères du nord de l’Ecosse. On sent des températures plutôt fraiches, un vent qui gifle le visage, des étendues verdoyantes à perte de vue, et peu d’âmes qui vivent à la ronde. Une musique pour la nature, belle et sauvage. La douce mélodie aux accents celtiques est jouée sur une guitare à cordes en nylon, sans doute une Ovation, comme pour la version studio de Private Investigations. Mark et Alan à nouveau en duo, sans personne d’autre, en tout cas de crédité. On entend pourtant une basse, mais il se peut qu’elle soit jouée au clavier.

Wild Theme est sorti avec Going Home sur un CD 2 titres en 1993 :

Freeway Flyer

Un air country qui lui se situe bien au tout début du film, lorsque MacIntyre conduit sa Porsche sur les autoroutes urbaines de Houston. Comme très souvent dans les musiques de film, certains passages figurant dans le long métrage sont absents de l’album. Après les bruits de moteur vrombissant (qui font plus penser à une moto qu’une voiture), un riff typique en chicken picking est ensuite rejoint par une guitare au son très saturé. Le groupe Dire Straits est au grand complet sur ce morceau : Mark Knopfler, Alan Clark, Hal Lindes, John Illsley et Terry Williams. A noter qu’on entend brièvement la phrase musicale principale de Boomtown / Louis’ Favourite.

Boomtown (variation Louis’ Favourite)

Changement d’ambiance avec ce titre jazzy où ne joue pas Mark Knopfler. La basse est tenue par Neil Jason qu’on retrouvera sur Why Worry dans l’album Brothers in Arms. Même style, même son. Le sous-titre du morceau précise qu’il s’agit d’une variation sur le thème musical Louis’ Favourite. Ce n’est pas évident à la première écoute, mais effectivement on entend la phrase centrale du morceau qui apparait plus loin en version folk écossais.

The Way it Always Starts

Une chanson écrite et composée au départ pour l’album Love over gold, qui devait être double, mais finalement pas gardée quand il a fallu décider que le disque serait simple. Dans cette version, c’est Gerry Rafferty (l’auteur-compositeur du célèbre Baker Street) qui tient le chant. Mark Knopfler joue à nouveau sur Ovation avec cordes nylon.

Gerry Rafferty en 1980 © Eddie Mallin 

The Rocks and the Thunder

La même mélodie que The Rocks and the Water mais jouée dans une tonalité différente, et une seule fois.

The Ceilidh and the Northen Lights

Des bruits de vagues, puis le thème musical (à la fois de Wild Theme et Going Home) joué dans des arrangements d’abord folk puis féériques par Alan Clark. Le Ceilidh est un bal de danse traditionnelle originaire d’Irlande et d’Écosse et fait donc référence au passage de la fête du village dans le film. Pour l’occasion, un groupe a été créé, dirigé par Alan Clark (qu’on voit dans le film) : The Acetones. Petite précision : Ed Bicknell (manager de Dire Straits et futur batteur des Notting Hillbillies) est crédité dans le livret comme batteur des Acetones, mais dans le film c’est un autre batteur qui apparait.

Quant aux Northen Lights, ce sont des effets lumineux visibles dans le ciel, connus sous le nom français d’aurores boréales. Les arrangements d’Alan Clark traduisent parfaitement la sensation visuelle provoquée par ce phénomène naturel, observable dans le nord de l’Europe.

The Mist Covered Mountains

C’est le seul titre de l’album qui n’a pas été composé par Mark Knopfler. Il s’agit d’un air traditionnel. Même principe que le morceau précédent : l’air est dabord joué par les membres des Acetones comme on peut les voir dans le film, puis Alan Clark lui donne une ampleur majestueuse au synthétiseur.

The Ceilidh : Louis’Favourite / Billy’s Tune

Troisième morceau joué par les Acetones. On découvre sous un autre jour le thème musical Louis’Favourite qu’on avait entendu dans Boomtown et même dans Freeway Flyer. Les musiques de film sont très souvent l’occasion d’arranger différemment une même mélodie, Louis’Favourite en est un parfait exemple.

Whistle Theme

Le thème principal serait ici repris à la flûte comme le titre (« Whistle ») l’indique, mais seuls Mark et Alan sont crédités… Ce qui indiquerait plutôt que la mélodie soit jouée au clavier, avec un son simulant la flûte. Mélodie accompagnée par la guitare de Mark, toujours l’Ovation à cordes en nylon.

Smooching

Superbe titre avec plusieurs guitares au son typiquement knopflerien, sans doute la Stratocaster rouge Schecter. Toucher subtil, ambiance cosy, claviers feutrés… le tout agrémenté du vibraphone de Mike Mainieri et du saxophone de Mike Brecker.

Stargazer

Dans le film, ce morceau accompagne l’arrivée du personnage de Burt Lancaster en hélicoptère. Son côté tonitruant et grandiloquent en fera l’élément parfait pour ouvrir les concerts de Dire Straits sur la tournée 1982-83 (voir plus bas).

The Rocks and the Thunder

Bizarrement, exactement le même morceau qu’en piste 6. Pourquoi l’avoir réinséré ici ? Parce qu’il fait office d’intro à Going Home ? Dans ce cas pourquoi l’avoir mis entre The Way it Always Starts et The Ceilidh and the Northen Lights ? Il est normal dans une bande originale de film d’avoir des morceaux similaires, de même qu’il est normal d’avoir plusieurs fois exactement le même morceau dans le film, mais c’est le seul disque que je connaisse où il y a deux fois la même piste dupliquée.

Going Home

Le morceau qu’on pourrait qualifier de morceau-titre clôt à la fois l’album et le film. Il s’intitule « retour à la maison » tout simplement parce qu’il illustre la dernière scène où MacIntyre rentre chez lui à Houston. Ambiance mélancolique pour suivre celui qui a déjà la nostalgie de l’Ecosse et en quelque sorte le mal du pays d’adoption. Le retentissement de la cabine téléphonique sur le tout dernier plan laisse présager qu’il ne tardera pas à repartir …

La deuxième partie du morceau, bien plus énergique, accompagne le générique de fin. La mélodie est la même que celle de Wild Theme, mais en version rythmée, jouée en duo par le saxophone et la guitare. Les crédits indiquent : Mark Knopfler, Alan Clark, Mike Brecker, Tony Levin. Ce qui permet d’affirmer que :

  1. La batterie est en fait une boite à rythmes, Mark étant crédité pour l’album en général aux Linn Drums
  2. Mark joue toutes les guitares sur ce morceau :
    • l’acoustique cordes Nylon Ovation comme on voit dans le clip
    • la rythmique électrique, a priori une Stratocaster, à cette période de grandes chances qu’il s’agisse d’une Schecter
    • la guitare solo au son saturé. Le clip le montre avec la Stratocaster rouge Schecter, mais difficile de dire si c’est parce qu’il s’agit effectivement de la guitare utilisée, ou si c’est simplement par souci esthétique et visuel, Mark étant associé à la Strato rouge en terme d’image

Question image, il est d’ailleurs surprenant d’avoir réalisé un clip vidéo pour un morceau d’une musique de film… Going Home sort en single et va devenir un véritable hit, bien au-delà du film Local Hero. (comme c’est le cas pour de nombreuses chansons tirées de bandes originales). Non seulement le morceau va s’inscrire durablement dans le répertoire de Dire Straits puis de Mark Knopfler en solo, au point de devenir un incontournable des fin de concerts, mais il va également s’instaurer comme un hymne du patrimoine local.

Ayant passé toute son enfance à Newcastle, Mark Knopfler supporte naturellement l’équipe de football NUFC (Newcastle United Football Club), et le club a bien évidemment choisi comme emblème musical le thème du « héros local ». Le titre Going Home est ainsi joué avant chaque rencontre dans le stade de la ville d’enfance du songwriter-guitariste. Plus exactement, la deuxième partie du morceau avec la mélodie instantanément reconnaissable.

En cela, la Bande Originale de Local Hero et son titre phare Going Home dépassent largement le statut de simple musique de film. L’air est archi connu par tous les Geordies (les « Ch’tis anglais »), et la région du Northumberland l’utilise très souvent pour des manifestations sportives autres que le football, comme par exemple la course Great North Run. Un statut culte dans le nord de l’Angleterre, mais aussi parmi les fans de Dire Straits et Mark Knopfler en raison de sa présence indéfectible lors des concerts depuis 40 ans.

Local Hero en tournée

L’intégralité de la B.O. a été enregistrée entre juillet 1982 et janvier 1983. Lorsque la tournée Love over Gold débute le 30 novembre 82, plusieurs morceaux sont donc déjà finalisés, et dès le premier concert, la setlist est encadrée par deux titres issus de la musique du film : le groupe entre en scène au son de Stargazer et la salle se rallume sur Going Home tandis que les roadies commencent à démonter le matériel pendant que les musiciens jouent les dernières notes du show.

Stargazer

La version que l’on entend sur le premier bootleg disponible de la tournée (Sheffield, 1er décembre 82) est similaire à celle présente sur le fameux live Alchemy qui sera enregistré le dernier soir du tour en juillet 83. Une entrée en scène digne des groupes de rock progressif : clavier au son énorme qui ferait presque penser à l’arrivée de gladiateurs, et une voix annonce le groupe sous l’ovation du public.

Pendant des années, j’ai cru que la batterie que l’on entend dans cette version était jouée en direct par Terry Williams par dessus le clavier de Tommy Mandel. Mais sur la vidéo, on voit clairement que Terry ne joue pas à ce moment-là, ni même Tommy. Le morceau a donc dû être réenregistré par le groupe, spécialement pour la tournée ?

Going Home

Tournée 1982-83

Et de même qu’il s’est ouvert sur la musique du film, le concert se referme au son du Local Hero et la mélodie de Going Home, qui rappelle les racines écossaises de Mark Knopfler. La vidéo d’Alchemy insère même quelques images des Highlands durant l’intro.

Pour cette première version live, le guitariste opte pour un son clair sur la Stratocaster rouge Schecter. Il est ainsi plus en adéquation avec la version studio sur la première partie du morceau (qui était joué sur acoustique), mais forcément un peu moins sur le passage rythmé qui lui était en son saturé. Il choisira de faire l’inverse sur des versions ultérieures en 1996.

Tournée 1985-86

Sur la tournée suivante pour l’album Brothers in arms, même configuration. En juillet 85, Hank Marvin monte sur scène rejoindre le groupe pour Going Home, sachant que les Shadows l’ont enregistré en studio dès 1983 et l’ont joué régulièrement en live. Sur les concerts en Australie et Nouvelle Zélande, la Stratocaster blanche Schecter remplace la Stratocaster rouge Schecter (tout comme sur Sultans of Swing).

Tournée 1996

Au cours de sa première tournée solo, Mark Knopfler affiche un fétichisme exacerbé pour sa nouvelle acquisition : une Les Paul de 1958. Elle est de quasiment tous les morceaux, dont plusieurs joués à l’origine sur Stratocaster (The Bug par exemple). La version studio de Going Home comporte deux parties de guitare lead bien distinctes : l’intro sur acoustique, et l’outro sur électrique saturée. N’étant pas fan des pédales d’overdrive/distortion (il utilisera tout de même une Hot Cake en 2005 sur Boom like that), et préférant garder le même son tout au long d’un morceau, le guitariste devait donc « choisir » entre les deux parties : soit avoir un son typé clair pour être fidèle à l’intro (choix sur quasiment toutes les tournées sauf 1996 et 2019), soit avoir un son typé crunch/saturé pour épouser l’outro et sa partie lead bien affirmée.

C’est ce second choix qu’il fait en 1996, en jouant Going Home sur Les Paul avec un son bien charnu. Mais il ne le fait qu’en cours de tournée. Au début, notamment sur l’émission A Night in London et au moins jusqu’au concert de Belfast le 29 avril, il utilise encore la Stratocaster rouge Schecter. Au plus tard à Londres le 22 mai, il est passé sur Les Paul. A noter que sur les concerts de 1996, Going Home était enchainé directement après les dernières notes de The Long Highway. Et c’est la première tournée où le morceau est joué sans saxophone.

Wild Theme

Tournée 1991-92

Avant cette première tournée solo, un changement s’était opéré en 1991-92 pour la dernière de Dire Straits. Plutôt que jouer Going Home, le groupe interprète Wild Theme, mais avec tout de même l’intro de Going Home ! Aujourd’hui, le public de Dire Straits et Mark Knopfler n’imagine plus Wild Theme sans cette intro car il a en tête les nombreuses interprétations live de ce titre, mais à l’origine le morceau démarrait directement sur la mélodie, et pas sur les arpèges. Mark Knopfler combine donc un mix entre la première partie de Going Home et Wild Theme qu’il enchaine non pas en lieu et place de l’instant où commençait la mélodie rythmée de Going Home (à 2:26 dans la version audio originale), mais un peu avant lorsque la guitare esquissait une phrase similaire (à 1:30 dans la version audio originale).

Sur la vidéo du live On the Night (dont on fêtera les 30 ans de sa sortie le 10 mai prochain, chronique prévue), une mini-caméra installée sur la tête de la Stratocaster rouge Schecter donne à voir les doigts du guitariste sous un angle inédit. Mark Knopfler est accompagné par les deux claviéristes Alan Clark et Guy Fletcher.

Concert for Montserrat 1997

Pour ce concert de charité donné au Royal Albert Hall (► chronique complète à lire ici), Mark commence sa prestation par Wild Theme mais joué à la Les Paul. Peut-être tout simplement pour n’avoir eu à apporter qu’une seule guitare, les deux autres morceaux étant Brothers in arms et Money for nothing.

Tournée 2000-2001

Il fait de même lors des apparitions télé et radio durant la promo de l’album Sailing to Philadelphia à l’automne 2000. Une version figure sur le Maxi CD du morceau-titre, mais bizarement elle est intitulée Going Home et non Wild Theme :

La tournée débute le 27 mars 2001 à Mexico. Ni Going Home ni Wild Theme dans la setlist qui se termine par The Long Highway. Des changements ont lieu dans les concerts suivants avec parfois un final surprenant (Wag the Dog !) ou plus classique (Brothers in arms) avant que ne s’installe So Far away. Il faut attendre Amsterdam le 17 juin pour que réapparaisse Wild Theme en toute fin de concert. C’est l’antique Stratocaster Fender de 1961 qui est utilisée (tout comme pour What it is). Dès lors, le morceau sera joué jusqu’à la fin de la tournée. J’ai eu la chance de l’entendre au concert à Lyon le 27 juin.

Quelques autres versions de Wild Theme

Du fait de ses arrangements épurés qui permettent de le jouer avec seulement une guitare et un clavier, le morceau Wild Theme occupe souvent une place de choix dans les prestations radio-télévisées de Mark, ou dans les configurations qui nécessitent une formule restreinte. On a ainsi pu entendre Wild Theme lors d’une Masterclass en 1996, du concert Prince’s Trust en 2009, ou de diverses apparitions dans les media. Liste bien évidemment non exhaustive :

The Mist Covered Mountains

S’il est un morceau de la B.O. de Local Hero qu’on n’imaginait pas être repris en concert, c’est bien ce traditionnel lié à la géographie du film. Pourtant Mark Knopfler choisit de l’insérer dans sa setlist de 2005, en introduction de Wild Theme, un énième choix étonnant du bonhomme. Une « mini » surprise pour ma part lors du concert à Lyon le 5 avril, tant elle n’apporte pas énormément à la performance, d’autant que Mark ne joue pas sur ce passage ! Matt Rollings empoigne l’accordéon pour l’occasion. Sur Wild Theme c’est cette fois le modèle Signature qui a pris la place de l’ancienne Stratocaster Fender de 1961. On peut supposer que ces deux morceaux ont revêtu une résonance particulière lors du concert à Newcastle :

Retour de Going Home

Tournée 2008

A partir de la tournée suivant l’album Kill to get crimson, c’est à nouveau Going Home qui est joué. Mais cette fois-ci, l’influence se fait dans l’autre sens, et on peut dire que c’est l’interprétation passée de Wild Theme qui donne une directive en quelque sorte. En effet, le passage qui figurait dans la version originale entre 1:30 et 2:26 est escamoté. La partie rythmée démarre là où démarrait auparavant la mélodie dans les versions live de Wild Theme !

Tournée 2013

Sur la tournée 2010 faisant suite à l’album Get lucky, pas de Going Home, c’est Piper to the end qui clôt les concerts, comme j’en fais l’expérience à Lyon le 21 juillet. Il faut attendre 2013 sur la tournée Privateering pour entendre à nouveau Going Home. Mais ce n’est pas le cas sur tous les concerts qui se terminent aussi parfois par So far away, Piper to the end, Our Shangri-La… En revanche, le morceau retrouve son intégralité avec le retour du passage qui avait disparu en 2008, et la flûte de Michael McGoldrick ornemente joliment l’intro :

De plus, Nigel Hitchcock rejoint le groupe le 17 mai pour quelques dates, ce qui permet ainsi sur certains soirs de redonner à Going Home sa couleur musicale d’origine avec la présence du saxophone :

Tournée 2015

Nigel Hitchcock faisant cette fois partie intégrante du groupe, Going Home est joué sur quasiment toute la tournée, hormis quelques dates où il est remplacé par Piper to the end, en l’absence du saxophoniste. Il est intéressant de noter que Mark ne souhaitait pas jouer le morceau sans saxophone comme il l’avait pourtant fait en 1996 et 2008.

Tournée 2019

Pour sa dernière tournée, Mark Knopfler ne pouvait pas ne pas jouer ce titre emblématique. Il enchaine même deux morceaux qui avaient pour habitude de clôturer ses concerts : Piper to the end ET Going Home. Cette tournée 2019 faisant suite à l’album Down the road wherever marque le retour de la Les Paul comme en 1996, mais cette fois en duo avec le saxophone de Graeme Blevins. Les derniers instants où j’ai vu Mark Knopfler sur scène, à Lyon le 19 juin 2019 :

Dernière interprétation live de Wild Theme

Depuis, on a revu le guitariste dans l’une de ses rares apparitions publiques, le 17 octobre 2020. C’était pour l’événement dans le milieu de la Formule 1 Goodwood SpeedWeek, où Wild Theme a été interprété en hommage au légendaire pilote britannique Sir Stirling Moss, décédé en avril 2020. Mark joue sur la Les Paul, comme il l’avait fait quelques semaines auparavant pour le semi-marathon Great North Run.

C’est à ce jour la dernière prestation live de Mark Knopfler. Mais le film Local Hero continue malgré tout à faire parler de lui…

La comédie musicale

Qui aurait un jour prédit que Mark Knopfler travaillerait sur une comédie musicale ? En février 2018, alors que les spéculations sur un projet « secret » couraient depuis plusieurs mois, le mystère est levé : un spectacle musical tiré du film est annoncé pour une première à Édimbourg au printemps 2019.

Pour l’occasion, le songwriter-guitariste écrit et compose de nouvelles chansons, mais ne joue pas lors des représentations. La trame de la comédie musicale reprend celle du film. J’avoue ne pas encore avoir écouté d’extraits de ces nouvelles partitions. Il semble que des représentations soient prévues prochainement à Londres. Pour avoir les dernières infos, le mieux est de suivre la partie du Forum AMarkInTime spécialement dédiée à ce sujet.

Les 40 ans du film

Quant au film qui a reçu à l’époque le BAFTA Award du meilleur réalisateur pour Bill Forsyth en 1984, le Grand prix du Festival de Chamrousse 1984, et a été est également nommé dans six autres catégories, dont la meilleure musique de film, il fête ses 40 ans dans un festival spécialement créé pour l’occasion :

Et le film ressort en salles le 19 mai au Royaume-Uni et en Irelande, avec une nouvelle affiche pour célébrer ce 40e anniversaire :

Une preuve supplémentaire de son statut culte et de la place à part qu’il occupe dans le cœur du public anglais, écossais, irlandais. A ce titre, Il existe de nombreuses vidéos disponibles sur YouTube relatant des anecdotes de tournage, des interviews du réalisateur, des acteurs, de l’équipe technique… Un film singulier et un peu « chouchou » pour beaucoup.

Mais pour les fans de Dire Straits et Mark Knopfler c’est avant tout une musique inoubliable, une bande originale de film à l’image de son compositeur-guitariste, à la fois simple et savamment orchestrée, lyrique et limpide comme l’eau des Highlands, douce et aérienne comme le vent du nord, magique et lumineuse comme les aurores boréales. Un album qui sortait il y a 40 ans ce mois-ci.

© Jean-François Convert – Avril 2023

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3 commentaires sur “Il y a 40 ans, Mark Knopfler sortait sa première musique de film

  1. On dit que MK a enregistré plus sieurs titres de cette BO durant la même session d’enregistrement de Love Over Gold (Power Station) . La sortie a été retardé de qq mois par le mixage du film et choix des tracks. Ça explique pourquoi MK a été photographié, à plusieurs reprises, avec une acoustique David Russel Young qui, à mon avis, n’avait pas servi à enregistrer Love Over Gold, mais Local Hero.

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  2. Article parfaitement documenté sur cet album.

    Mark n’est pas connu pour être un grand passionné de foot, les Magpies ont été racheté par des investisseurs exotiques, qui ont parfois la détestable habitude de vouloir tout changer, j’espère que ce sera pas le cas pour « l’hymne Going home » diffusé juste avant les matches à domicile sur les rives de la « coaly Tyne ».

    La dernière version épurée est magnifique, en dépit du look improbable de l’artiste !

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  3. Superbe article pour un chef d’œuvre.
    MK ne voulait pas vraiment du titre Wild Theme car il le trouvait trop vieux (Ovation directement branchée sur la console). On en a même fait un cover militaire:
    https://youtu.be/wocSYBSnoFY

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