‘Privateering’ de Mark Knopfler sortait il y a 10 ans

Le 3 septembre 2012 arrivait dans les bacs ce septième opus solo de Mark Knopfler. Un double album.

L’unique double album de sa carrière

On savait que Mark Knopfler était un auteur-compositeur plus que prolifique et que le nombre de ses chansons écrites pour chaque album dépassait régulièrement le le maximum autorisé pour un format standard. C’est d’ailleurs ce qui a poussé les maisons de disques à reléguer plusieurs pépites du songwriter sur des faces B, éditions rares, voire les écarter carrément de toute publication.

► Retrouvez ma synthèse des titres rares et inédits de Dire Straits & Mark Knopfler sur le hors-série ‘Crossroads’

Déjà en 1982, Love over Gold avait été pressenti pour être un double album. Et puis, par crainte de la maison de disques de voir chuter les ventes, Knopfler avait dû se résigner à ne sortir qu’un simple vinyle, en mettant de côté notamment Private Dancer (offert à Tina Turner), Badges, Posters, Stickers & T-Shirts (face B de Private Investigations) ou encore les 3 titres qui allaient se retrouver sur l’EP Extendedanceplay.

Par la suite, que ce soit avec Dire Straits ou en solo, le guitariste-auteur-compositeur n’avait jamais sorti de double album studio jusqu’à ce Privateering en 2012, la seule exception étant le live Alchemy en 1984. Il faut tout de même nuancer le propos en rappelant que des albums comme On Every Street, Golden Heart ou Sailing to Philadelphia dépassent largement les 45 minutes standard du format vinyle. On le constate d’ailleurs dans les rééditions, où ces opus (et d’autres) occupent deux disques 33 tours. Même Brothers in Arms dans son intégralité ne rentrait pas sur une galette vinyle et avait dû être raccourci, offrant ainsi deux versions différentes entre le CD et le disque.

Mais un album affiché double en tant que tel, Privateering est à ce jour le seul opus studio de toute la carrière de Mark Knopfler. 20 chansons réparties sur deux disques, auxquelles viennent s’ajouter 4 bonus tracks disponibles sur différentes éditions, deluxe ou digitales. Et je me souviens qu’à l’époque de l’annonce de sa sortie, sans doute au début de l’été 2012, la surprise avait été grande de voir arriver un double album. Qu’allait-on y trouver ?

La tournée 2011

Pour être tout à fait exact, il y avait eu quelques morceaux déjà dévoilés. Alors qu’on s’attendait à une sortie d’album à la rentrée 2011, Mark Knopfler a surpris son public en annonçant quelque chose de différent. Il faut dire qu’on était habitué au rythme régulier du musicien : un album en septembre, quelques passages promo télé et radio à l’automne, puis une tournée au printemps et été suivants, et on remettait ça deux ans après. La suite « logique » après Kill to get Crimson sorti en 2007 et Get Lucky sorti en 2009 aurait été de voir arriver Privateering dans les bacs en septembre 2011. Au lieu de cela, notre guitar-hero qui n’en fait qu’à sa tête annonce une mini-tournée en première partie d’un certain… Bob Dylan !

Mark Knopfler en « première partie » ? L’idée avait de quoi sembler saugrenue. Mais on peut comprendre son envie de partager la scène avec son idole de toujours. « partager » est un bien grand mot, tant il aura fallu attendre plusieurs concerts avant que le plus que lunatique poète folk daigne inviter le guitariste à le rejoindre sur scène. Depuis le malentendu provoqué par la production de l’album Infidels en 1983, la relation entre les deux artistes a semble-t-il été toujours un peu spéciale. Il faut dire que Dylan est lui-même très spécial, de l’avis de celles et ceux qui l’ont croisé.

J’aurais dû assister au concert de Bercy en octobre 2011, mais un contretemps de dernière minute m’en a empêché. Même si Mark et Bob n’ont pas joué ensemble ce soir-là, et que j’ai lu plusieurs mauvaises critiques du set de Dylan (que j’ai eu l’occasion de voir en 1994), avoir manqué ce concert reste tout de même un grand regret.

Cette courte tournée de l’automne 2011 se termine par un très beau moment le 21 novembre à Londres, puisque le guitar-hero est invité par le poète à non seulement jouer mais aussi chanter sur Forever Young avec ce fameux vers parfaitement approprié et chanté par Mark s’adressant à Bob « may your songs always be sung » (« que tes chansons continuent d’être toujours chantées »), et en faisant un geste de reconnaissance. La grande classe, et un passage qui m’émeut à chaque visionnage.

Les deux artistes remettront le couvert l’année suivante en Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada), à la même période, soit juste après la sortie de l’album Privateering. Mais la particularité des concerts de 2011 est d’avoir intégré dans la setlist des morceaux de l’album, donc inédits pour le public à l’époque. Les personnes présentes dans l’assistance à l’automne 2011 ont ainsi eu le privilège de découvrir en avant-première selon les soirs : Corned Beef City, Privateering ou Haul Away.

Trois chansons, dont le morceau-titre, que Mark Knopfler a souhaité tester sur scène avant même la sortie de l’album (chose qu’il avait déjà fait par le passé avec entre autres Lady Writer, Once Upon A Time In The West, Portobello belle, Follow Me Home, Solid Rock, Telegraph Road, The Long Highway…). Considérait-il qu’elles étaient représentatives de ce qu’allait être le (double) disque Privateering ? Les choix de l’artiste en matière de setlists ont souvent été obscurs, mais de toute façon il est impossible de dire que deux ou trois morceaux pourraient être significatifs de la couleur musicale de cet album. Pourtant, à la première écoute on peut sentir une certaine orientation…

Un album de blues ?

Comme j’ai tenté de le synthétiser dans cette chronique, Mark Knopfler a été fortement influencé par le blues dès ses jeunes années, et sa musique en a toujours été fortement imprégnée. Mais cet album marque une étape notable en incluant des morceaux vraiment typés bluesy, et plus particulièrement du blues de Chicago, cher à Muddy Waters. L’interprète de Rollin’ and Tumblin’ est même quasiment cité en forme d’hommage via le riff de Got To Have Something.

Photo promo pour la sortie de Privateering

Et outre les morceaux basés sur des structures blues (Don’t forget your hatHot or whatToday is okay) plusieurs arrangements d’autres titres sonnent carrément bluesy : Bluebird et son harmonica plaintif, Gator blood et sa guitare slide stridente, Blood and water et sa guitare très laidback, I used to could et son riff à l’harmonica, ou encore After the Beanstalk à mi-chemin entre south-delta et New Orleans.

Mais ce serait une erreur à mon sens de réduire Privateering à un album « blues », même s’il en contient une empreinte dominante. Comme à chaque fois, Mark Knopfler mixe ses diverses influences et dissémine ça et là du folk (Redbud Tree, Miss You Blues) du country-rock (Corned Beef City), du celtique (Haul Away, Kinfgdom of Gold, Yon Two Crows), des ballades aériennes (Seattle) et surtout des pépites mélancoliques dont lui seul a le secret (Go, Love, Radio City Serenade, Dream Of The Drowned Submariner).

Un mélange caractéristique du style knopflerien donc, que nous allons parcourir au fil des 20 chansons sur l’album et des 4 bonus tracks disponibles en suppléments (coffret deluxe et digital)

L’album chanson par chanson

Comme d’habitude, vous pouvez retrouver la liste de toutes les parties de guitares, que j’ai rédigée sur le site d’Ingo Raven

Disque 1

1. Redbud Tree

L’album débute sur une ballade mid-tempo avec une guitare solo au son clair typique des débuts de Dire Straits comme on n’avait pas entendu depuis longtemps. Ces dernières années, Mark avait souvent tendance à jouer dans le style de Hank Marvin quand il s’graissait d’opter pour du son clair, mais là on retrouve son toucher si particulier et sa main droite en fingerpicking. La basse est assurée par Guy Fletcher.

2. Haul Away

Une chanson de marin qui quitte son rivage comme les affectionne notre songwriter. Les arpèges de la National et les Uilleann pipes de rigueur pour une atmosphère typiquement celtique qui évoque des images de paysages irlandais.

3. Don’t Forget Your Hat

Premier blues de l’album. Mark joue en slide. Le morceau introduit la couleur bluesy dominante de l’album. Pas sûr qu’il faille chercher de subtilité type second degré dans les paroles…

4. Privateering

Le morceau-titre débute sur un riff qui rappelle un peu celui de The Man’s Too Strong. Les paroles parlent de pirates, de vin de Madère et de jolies femmes vivant sur de lointains rivages. En 2012, la série de films Pirates des Caraïbes avait déjà eu son quatrième opus (sorti en 2011) et voguait toujours sur la vague du succès. Est-ce que l’engouement planétaire a pu inspirer notre songwriter ? En tous les cas, les chœurs sur le refrain sont dignes d’un équipage de matelots corsaires !

5. Miss You Blues

Comme il l’avait fait avec The Mist Covered Mountains sur la B.O de Local Hero, et comme il le fera sur Oklahoma Ponies, un des bonus tracks de Tracker, le compositeur Knopfler choisit ici d’adapter une mélodie traditionnelle, celle de Deep Blue Sea, popularisée par entre autres Pete Seeger. Cela peut sembler surprenant de la part d’un musicien aussi prolifique qui accouche d’un nombre de morceau toujours supérieur à celui présent au final sur l’album…

6. Corned Beef City

L’AFMK (Association Francophone Mark Knopfler) nous explique que « Sur ce titre, Mark brosse la vie de la Middleton class anglaise. ‘Corned Beef City’ était le nom donné dans les années 30 à Dagenham, dans la banlieue Est de Londres, parce que ses habitants trop pauvres ne pouvaient s’offrir que du bœuf en boîte en guise de viande. » Ambiance country-rock, un riff avec un son qui ressemble un peu à celui de Industrial Disease (sans doute une Wah-Wah en position fixe), une guitare solo en slide, vraisemblablement la Danelectro DC, et un petit ‘train chord’ sur le dernier couplet.

7. Go, Love

Ballade crépusculaire où Mark excelle dans les arrangements, la mélodie, l’intonation vocale, et la Les Paul, pleureuse et rugueuse à souhait. Un des morceaux qui rend l’album indispensable.

8. Hot or What

Deuxième blues, toujours en Do. Couleur similaire à Don’t Forget Your Hat. Cette fois-ci pas de slide. Et Mark interroge sa dulcinée s’il est « torride ou quoi ? » avec quelques petits rires d’auto-dérision, et un clin d’œil à You can’t beat the house en glissant « Take one » avant le premier solo d’harmonica. C’est Kim Wilson des Fabulous Thunderbirds qui joue sur tout l’album.

9. Yon Two Crows

On change d’atmosphère avec ce mélange d’instruments celtiques et de guitare saturée qui monte en crescendo (a priori la Don Grosh Electrajet). Dommage qu’on n’ait pas droit à un solo final, il faudra attendre les versions live pour cela. Cette façon de terminer la chanson un peu de façon abrupte alors qu’on était en pleine montée nous rappelle Hill farmer’s blues. La fameuse règle « la chanson est roi » que Mark brandit à tout va me laissera toujours perplexe : pourquoi par exemple You don’t know you’re born « nécessite » un solo à la fin et pas Yon Two Crows ? À la sortie c’est bien lui qui décide, donc s’il veut en mettre un il le fait, s’il n’y en a pas, c’est qu’il ne voulait pas….

10. Seattle

Le premier disque se clôt sur un ballade mélancolique. Mark dit s’être inspiré de la conversation d’un couple entendue dans un bar. La guitare est jouée au mediator dans le style Hank Marvin, et justement sur une progression d’accords qui ressemble à celle du solo final de You don’t know you’re born

Pour perpétuer son image d’artiste aux choix parfois inexplicables, notre chanteur-guitariste interprétera la chanson à plusieurs reprises en tournées… sauf dans la ville en question !

Disque 2

1. Kingdom of Gold

Le deuxième disque débute sur une atmosphère entre moyen-âge et légendes nordiques. L’influence celtique du guitariste né en Ecosse est aussi bien présente dans cet album. De très beaux chœurs assurés par Ruth Moody et une guitare électrique (la Pensa MK80) qui reste timide, là aussi il faudra attendre les concerts pour qu’elle se libère.

2. Got to Have Something

Il l’avait déjà abordé dans Madame Geneva’s, il y revient également dans le bonus track River of Grog, Mark évoque la dépendance à l’alcool. Mais comme il l’a souvent dit, ne jamais prendre ses textes, même à la première personne, pour son compte. Le fil conducteur du blues se poursuit avec un riff calqué sur le classique Rollin’ and Tumblin’, devenu un standard du répertoire de Muddy Waters.

3. Radio City Serenade

La perle de l’album à mon goût. En terme de composition et d’arrangements, Mark Knopfler est ici sur les terres d’un Morricone, une autre de ses idoles. La chanson a quelque chose de très cinématographique je trouve. La guitare National, le piano, l’accordéon, la flûte, les cuivres, les cordes… toute cette musique à la fois romantique et nostalgique évoque instantanément des images. Et les amateurs de détails auront noté en intro un accord qui ressemble fort au début de Down to the Waterline, tout simplement pour reproduire le son de la corne de brume. ► Plus d’explications dans cet article d’Ingo Raven.

4. I Used to Could

On reste dans le style à mi-chemin entre blues et rock’n’roll. L’harmonica scande chaque vers par un leitmotiv qui sera repris au saxo en concert. Et le personnage de la chanson est au volant d’un camion GMC Cannonball sous une pluie battante.

« …GMC Cannonball going like a train
All down the 40 in the driving rain
… »

© Denys Legros

5. Gator Blood

Après Back To Tupelo, une autre chanson qui parle du King Elvis à travers les yeux du Colonel Parker. Une vision qu’on retrouve dans le long-métrage sorti récemment. Le réalisateur Baz Luhrmann aurait-il été inspiré par Mark Knopfler ? Une guitare slide stridente qui déchire le mix à chaque intervention. La version studio sonne comme la Danelectro DC, en concert ce sera la Stratocaster blanche de 1964 (celle de Sailing to Philadelphia).

6. Bluebird

Toujours l’ambiance blues qui reste en filigrane tout le long de l’album. L’harmonica sonne presque comme un accordéon, et la guitare se fait plaintive.

7. Dream of the Drowned Submariner

La troisième pépite de l’album pour moi. « Le rêve du sous-marinier noyé ». Il n’y a que Mark Knopfler pour intituler une chanson comme ça ! Le texte serait inspiré par différents drames de naufrages de sous-marins. On entend d’ailleurs quelques bruitages d’écoutilles, de fermeture de sas, ou d’appareillages de périscopes, dissimulés discrètement dans le mix. Les chœurs sur le refrain ainsi que le duo final entre la Les Paul et la clarinette sont de toute beauté.

8. Blood and Water

Ambiance laid-back bluesy sur ce titre que j’aime beaucoup. La guitare sonne comme la Gibson ES-335 de Baloney Again et Behind with the Rent. Et Paul Franklin marie la Pedal Steel avec une wah-wah pour des effets aériens bien sentis.

9. Today Is Okay

Retour à un blues plus basique en mode shuffle, et une structure classique 12 mesures pour les solos. Référence au célèbre Born under a bad sign d’Albert King dans les paroles. Fait assez rare pour un blues : le final est en fondu (comme Born under a bad sign d’Albert King d’ailleurs…).

10. After the Beanstalk

Et on termine sur une ambiance champêtre quelque part entre delta-blues et New Orleans. Guitare National, mandoline et harmonica donnent une couleur très roots, sur des paroles qui semblent évoquer le conte Jack et le haricot magique :

« une poule peut pondre un œuf d’or mais elle ne peut toujours pas chanter »

Bonus Tracks

Comme régulièrement sur tous ses albums solo (à part Kill to Get Crimson), Mark Knopfler a écarté quelques morceaux de l’édition standard de Privateering, mais on peut les retrouver sur l’édition deluxe pour les 3 premiers, et en version digitale pour le quatrième. Etant donné le statut de « double album », on peut se demander pourquoi ils n’ont pas été intégrés directement, ce qui aurait porté à 12 le nombre sur chaque disque, soit la moyenne des albums de ces 20 dernières années. Et toujours difficile de savoir avec exactitude, qui de la maison de disques ou de l’artiste décide réellement de ce genre de choix…

Occupation Blues

Des paroles qui parlent du marché noir sous l’occupation allemande en France durant la seconde guerre mondiale. Un parfum musical entre romance parisienne et musique de l’Europe centrale façon In the death car de Goran Bregovic / Iggy Pop, pour illustrer ce qui pourrait être un passage de La traversée de Paris de Claude Autant-Lara. Le vers juste avant le solo « you do what you can » résume bien ce qui devait être la vie de la plupart de gens à cette époque : ni résistants, ni collabos, ils faisaient « ce qu’ils pouvaient pour survivre »

Et un solo de guitare knopflerienne comme les aime… mais pourquoi diable un titre comme celui-là ne figure-t-il pas sur l’album ?

River of Grog

Depuis Marbletwon sur The Ragpicker’sDream, on avait rarement entendu Mark seul avec sa guitare acoustique. Il y reviendra plus tard sur Heart of Oak et Matchstick Man. Arrangement épuré au possible pour un texte qui évoque l’alcoolisme et l’esclavage. C’est à ma connaissance la seule chanson dans toute la discographie de Mark Knopfler où on l’entend siffloter, à l’exception très brève de Angel of Mercy (pendant le deuxième solo).

Follow the Ribbon

Une ballade on ne peut plus dylanienne de 8 minutes. La musique et simple est répétitive, sans esbrouffe, mais éminemment plaisante à écouter. L’art de rester captivant sur la durée sans surcharge d’effets inutiles.

Your Perfect Song

Peut-être pas la « chanson parfaite » mais une jolie ballade mélodique avec quelques légers accents celtiques, et encore une fois Paul Fanklin sur Pedal Steel couplée à la wah-wah.

L’album en tournées

Tournée 2012 avec Bob Dylan

Dès octobre 2012, Mark Knopfler repart sur les routes avec Bob Dylan, aux Etats-Unis et au Canada, comme il l’avait fait l’année précédente en Europe. Mais cette fois, l’album étant sorti, bien plus de chansons nouvelles sont jouées sur scène : Yon Two Crows, Miss You Blues, Redbud Tree, I Used To Could ou encore Kingdom of Gold font ainsi leur apparition auprès des déjà éprouvés Privateering, Corned Beef City et Haul Away.

C’est sans doute la première et unique fois dans la carrière de Mark Knopfler où la tournée suivant la sortie d’un album n’est pas sa propre tournée sous son nom. L’album Privateering a été « présenté » au public en première partie de Bob Dylan ! Il faut attendre le printemps suivant pour le début du réel ‘Privateering Tour‘ de Mark Knopfler.

Tournée 2013 ‘Privateering’

C’est réellement la tournée de l’album qui est bien présent dans la setlist à travers les réguliers Privateering, Corned Beef City, I Used to could, Haul Away, mais aussi selon les soirs Gator Blood, Haul Away, Yon Two Crows, Kingdom of Gold, Miss You Blues

Les changements notoires par rapport aux versions studios sont essentiellement des solos étoffés sur Yon Two Crows et Kingdom of Gold, le remplacement de l’harmonica par le saxo et le piano sur I Used to could, la Strato 64 qui prend la place de la Danelectro sur Gator Blood, le riff de Corned Beef City joué par des samples de Guy Fletcher, et enfin Privateering qui se voit rallongé sur la coda avec des accents plus bluesy que sur l’original, et la basse électrique bien présente de Glenn Worf.

Redbud Tree qui avait vu Richard Bennett prendre la Pedal Steel sur quelques dates de 2012 ne revient pas dans la setlist de 2013.

La chanson Seattle n’avait pas été jouée à Seattle alors que le groupe y est passé en 2012… sacré Mark ! On aurait pu s’attendre à une réaction du public similaire à celle que l’on entend sur la version de Speedway at Nazareth jouée à Toronto en 2001 (ville citée dans les paroles). En revanche, le morceau apparait épisodiquement en 2013, par exemple à Dijon le 30 juin.

Enfin, Dream of the Drowned Submariner est joué à de très rares occasions, notamment à Stuttgart le 6 juillet ou Dresde le 4 juillet. La clarinette est remplacée par semble-t-il un saxo soprano, dont la tessiture est assez proche :

Tournée 2015 ‘Tracker’

Sur la tournée suivante, la setlist conserve Privateering et Corned Beef City tout au long de la tournée. Kingdom of Gold et I Used to could sont joués régulièrement sur les premiers concerts, respectivement avec Ruth Moody et Nigel Hitchcock, puis disparaissent du set en même temps que les deux musiciens. De nombreux concerts sont disponibles sur YouTube :

Deux apparitions publiques en 2016

Pas de tournée en 2016, mais Mark apparait publiquement à deux occasions, et c’est pour interpréter des chansons de Privateering :

Le 27 avril au Royal Albert Hall, pour la cérémonie des récompenses folk organisée par la BBC (‘Radio 2 Folk Awards’), il chante Haul Away. Fait notable : il s’accompagne sur une acoustique folk et non avec la National comme sur l’album et en tournée.

Le 2 juillet, au Festival ‘Chalke Valley History’, il joue Occupation Blues ! Pas courant d’interpréter un bonus track, surtout à une seule occasion. C’est la seule version live connue de ce morceau :

Tournée 2019 ‘Down the Road Wherever’

Je n’ai pas eu la chance d’assister aux tournées 2013 et 2015, mais heureusement j’ai pu voir Mark sur scène (peut-être une dernière fois ?) en juin 2019 à Lyon. Une chanson de Privateering subsistait dans la setlist : Corned Beef City. Rendons-nous à l’évidence, ce n’est pas parce que le songwriter place ce morceau au pinacle de son répertoire, mais tout simplement en raison du jeu au bottleneck qui lui permet de reposer son poignet après l’ouverture Wye Aye man et avant Sailing to Philadelphia qui demande vigueur et précision.

Il faut l’admettre, les doigts du guitariste sont fatigués, et Corned Beef City lui permettait de garder un morceau up-tempo en début de set sans trop en demander à ses articulations.

On ne sait pas encore si cette tournée était réellement sa dernière comme il le disait lors des premiers concerts. On attend toujours le nouvel album qui tarde à venir…

Mais aujourd’hui, on se souvient qu’il y a 10 ans, le maestro nous offrait un double disque avec des éditions proposant des suppléments, notamment des enregistrements de répétitions pour la tournée de 2011.

Et pour avoir encore réécouté cet après-midi l’intégralité de cette sortie jugée à l’époque gargantuesque (29 morceaux au total en comptant les 5 issus des répétitions), je confirme que la musique de Mark Knopfler traverse les années avec toujours autant de grâce.

© Jean-François Convert – Septembre 2022

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4 commentaires sur “‘Privateering’ de Mark Knopfler sortait il y a 10 ans

  1. Demain ça fera juste 10 ans que MK s’est produit à Clermont-Ferrand, un article à venir ?…
    Je m’en souviens très bien car c’était la 1ère (et avant-dernière) fois que j’ai pu le voir sur scène.

    1. Non désolé, je ne chronique que les concerts auxquels j’ai assisté et je les ai déjà tous écrits.
      Je n’en ai pas fait beaucoup et malheureusement je n’ai pas pu aller aux tournées 2008, 2010 et 2013

  2. Votre article est très bien documenté, bravo. J’ignorais bien des choses concernant cet album, et plus largement concernant cette période « Privateering » s’étalant finalement de 2011 à 2013…
    Bravo également pour les infos concernant les titres de ce disque joués en concert.
    En 2012, j’étais carrément passé à côté de cet album que j’avais trouvé long et un peu répétitif. Mais vu comme ça, titre par titre, ça change tout !
    Et puis on n’est pas obligé de l’écouter d’un seul trait…
    Comme souvent, avec Knopfler, il faut tendre l’oreille pour écouter ses chansons au charme discret, et apprécier aussi la finesse jeu de ses musiciens, car le tout est interprété sans fard. C’est un gage d’authenticité.
    En tout cas, un peu de calme dans ce monde de brutes !

    1
    1. merci. Et tant mieux si mes modestes chroniques permettent de (re)découvrir des albums 🙂

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