Mark Knopfler sortait son deuxième album solo il y a 20 ans

Le 26 septembre 2000 arrivait dans les bacs Sailing to Philadelphia, deuxième opus de la carrière solo de l’ex-leader de Dire Straits.

Trois éditions différentes

L’album sort sous 3 versions différentes :

  • Une pour l’international avec 13 titres dont One more matinee
  • Une pour les Etats-Unis, également avec avec 13 titres, mais où One more matinee est remplacée par Do America
  • Une pour le Royaume-Uni avec 14 titres, qui contient les deux morceaux

La raison avancée par la maison de disques est que le titre One more matinee avait un côté trop « British » pour le marché américain, et qu’il fallait le remplacer par Do America, plus en phase avec les aspirations du public outre-atlantique.

Quoiqu’il en soit, cette stratégie commerciale n’était pas du goût des fans qui, à juste titre, se sentaient non considérés en devant racheter un import britannique quelques semaines après l’achat de l’édition française, afin de bénéficier de tous les titres, sans parler des inédits figurant sur les maxis (voir plus bas). La suite de la carrière de Mark Knopfler leur a malheureusement donné raison quant à la gestion plus qu’hasardeuse et parfois en dépit du bon sens, des éditions des albums avec coffrets très coûteux pour seulement quelques morceaux bonus, ou une répartition sans queue ni-tête entre les formats digitaux, vinyles et CD, en fonction des pays. Une politique qui a souvent agacé le public pourtant fidèle de Knopfler, et je dois dire que personnellement, plusieurs sorties d’albums m’ont un peu été gâchées par ces approximations commerciales.

Le dernier album sous l’égide d’Ed Bicknell

Pourtant, en 2000, la carrière de Mark est encore sous la responsabilité d’Ed Bicknell, manager historique de Dire Straits, sans qui le groupe ne serait sans doute pas parvenu à son niveau de notoriété. Ancien batteur (il a d’ailleurs repris les baguettes pour jouer avec les Notting Hillbillies), Bicknell a mené de main de maître le parcours des Straits, des débuts pub-rock et des tournées des universités, aux dernières années avec méga-concerts dans des stades géants. Certains ont pu lui reproché une vision trop gigantesque, qui ne correspondait pas forcément aux aspirations artistiques de Mark, mais on peut au moins lui reconnaître d’avoir permis au chanteur-compositeur-guitariste de faire connaitre ses chansons au plus grand nombre. On l’oublie souvent, mais le talent ne suffit pas, le travail en coulisses des agents, managers, producteurs, labels, etc… est souvent pour beaucoup dans le succès des artistes.

Dire Straits à leurs débuts, avec Ed Bicknell (debout à droite) et le premier album certifié Or

Et pour ce deuxième album solo, Ed est donc encore aux commandes, ce qui laissait présager d’une promotion et distribution carrée et rondement menée. Mais Mark a d’autres idées en tête : il veut prendre son temps, faire des tournées pas trop longues, quand il en a envie, enregistrer en studio sur plusieurs mois, sans pression, et surtout jouer une musique plus penchée vers le folk et l’acoustique, et s’éloigner de cette image de guitarhero des années 80, qui l’a mené au sommet.

Ed Bicknell et Mark Knopfler en 1981 aux studios Wood Wharf (studios de répétition de Dire Straits)
© Adrian Boot / Urban image – Photo tirée du livre de Michael Oldfield (Albin Michel, 1984)

Cet album est donc le dernier en collaboration avec Ed Bicknell, qui est viré par Mark, sans ménagement. La légende raconte que ce dernier lui aurait annoncé son limogeage en arrivant un matin au studio, avant même d’avoir enlevé son casque de scooter. Mark Knopfler n’est pas réputé pour avoir des rapports humains toujours cordiaux. Il a souvent l’image d’un ours taciturne, qui sait ce qu’il veut, et qui n’y va pas par quatre chemins quand il a quelque chose à dire ou à faire.

Néanmoins, Sailing to Philadelphia porte encore la patte de Bicknell en terme de merchandising. Le sticker « the voice and guitar of Dire Straits » devait sans doute irriter Mark au plus haut point, mais il faut bien reconnaître que la relation entre le groupe mythique des eighties et le songwriter au nom difficilement prononçable n’était pas forcément évidente pour la majeure partie du public. Même après le départ de Bicknell, Mercury gardera encore quelques années cet artifice de vente, au moins jusqu’à Shangri-La en 2004 (► Chronique de l’album)

L’album solo qui sonne le plus « Dire Straits »

L’influence de Bicknell se sent également dans la production, le choix des singles, et le son global du disque. Pas étonnant qu’il soit souvent cité comme l’album solo préféré parmi les fans, dont l’auteur de ces lignes.

Dieu sait qu’on l’a attendu cet album ! Après Golden heart en 1996 et la tournée qui a suivi, Mark Knopfler se fait assez discret : une apparition au concert de charité pour les victimes de Montserrat en 1997, deux bandes originales de film en 1997 et 1998 pour Des hommes d’influence (Wag the dog en VO) et Metroland, une session avec Chet Atkins à Nashville la même année… et puis des rumeurs d’un deuxième album solo.

A l’époque on est aux prémices de la démocratisation d’Internet, et les infos sont difficiles à glaner. D’abord annoncé en 1998, puis 1999, il faut finalement attendre septembre 2000, soit quatre ans et demi après Golden heart, pour enfin entendre le disque qui confirme que la carrière solo de Mark Knopfler est définitivement lancée.

Mais l’attente valait le coup ! Je me souviendrais toujours de la première fois où j’ai entendu What it is, suivi du morceau-titre. D’abord un riff et une guitare qui rappelaient le Dire Straits des débuts, et ensuite une atmosphère planante digne de la période Love over gold. Je retrouvais instantanément les ingrédients qui m’avaient fait vibrer lorsque je découvrais le groupe plus d’une dizaine d’années auparavant, avec Brothers in arms (► Chronique de l’album).

Et cet album regorge de sonorités réminiscences de cette période : de Silvertown blues à Speedway at Nazareth, en passant par Sailing to Philadelphia, Prairie wedding, Junkie doll ou encore Baloney again, et bien sûr What it is.

Le retour de la Strat

Un des éléments qui n’est pas étranger à cette association au son Dire Straits est le retour de la Stratocaster rouge de 1961, que Knopfler jouait aux débuts du groupes, sur les deux premiers albums.

Dans les années 90, la finition rouge s’était écaillée sur tout le corps de l’instrument

Entièrement repeinte, sans le potentiomètre noir comme en 77-80, elle retrouve son aspect d’origine, et donne au guitariste ce son caractéristique, ni vraiment clean, ni vraiment saturé. Juste un brin crunchy et mordant. Un son qui m’avait manqué depuis plusieurs années où Knopfler oscillait entre saturation poussive et son clair trop propre à mon goût. La sonorité sur Golden heart ou Nobody’s got the gun par exemple, manque d’aspérité, elle est trop parfaite. Je préfère nettement quand elle a un côté légèrement « sale » comme c’est le cas sur plusieurs morceaux de Sailing to Philadelphia, quelle que soit la guitare : la Fiesta Red de 61 sur What it is, la série L Olympic White de 64 sur le morceau-titre, la Gibson ES-335 sur Baloney again, la White 64 à nouveau sur The last laugh

L’album chanson par chanson

1. What It Is

Le disque démarre en trombe par cette ritournelle à la guitare qui rappelle immédiatement les grandes heures de Dire Straits. La mélodie a été inspirée à Mark par un traditionnel écossais, The Bonnie Banks of Loch Lomond, même s’il a précisé « de façon inconsciente ». Né à Glasgow, il raconte avoir été bercé par ce style de musique durant ses toutes premières années, et tout naturellement, des phrases mélodiques typiques sont restées gravées dans sa mémoire. Il avait déjà retrouvé ces origines celtiques dans les bandes son des films Local Hero (qui se passe en Ecosse) et Cal (en Irlande).

What it is parle d’Édimbourg, qui sert de décor au clip vidéo. Les paroles subissent quelques variantes en live, notamment sur la phrase « with the Caledonian blues » devenant « where the drums beats the tatoo » (à propos d’une fête folklorique avec fanfare traditionnelle). Mais l’anecdote la plus notoire est que l’enregistrement original comportait un couplet supplémentaire, coupé dans le mix final car jugé superflu. Il a refait surface par mégarde dans l’édition mexicaine du maxi-single ! Voici donc la version intégrale du morceau :

Un de mes morceaux préférés de la période solo de Mark Knopfler. Il représente pour moi l’exemple parfait de sa musique. Si je dois le faire découvrir à quelqu’un, je commence toujours par What it is.

2. Sailing to Philadelphia

Le morceau-titre est inspiré par un roman de l’écrivain Thomas Pynchon où figurent les personnages de Charles Mason et Jeremiah Dixon, deux géomètres anglais qui ont établi les limites entre la Pennsylvanie et le Maryland, le Delaware et la Virginie durant les années 1760. Cette limite est connue sous le nom de Mason-Dixon Line, la « ligne Mason-Dixon »,  démarcation entre les États abolitionnistes du Nord et les États esclavagistes du Sud.

Mark saisit l’opportunité du binôme pour chanter en duo avec James Taylor. Ce dernier incarne Charles Mason, natif du sud-ouest de l’Angleterre, tandis que Knopfler s’octroie naturellement le rôle de Jeremiah Dixon, un « Geordie » comme lui.

Dans la compilation Private Investigations sortie en 2005, la version fait resurgir quelques mesures qui avaient été coupées dans le mix de l’album (de 3:58 à 4:15), rajoutant ainsi un cycle supplémentaire en mode « calme », avant que ne démarre la caisse claire.

Encore une des plus belles chansons de Mark Knopfler à mon goût. L’atmosphère est parfaitement représentative de sa musique telle que je l’aime, et le son de la Stratocaster 1964 est juste sublime.

3. Who’s Your Baby Now

Une ballade country-rock sympathique et sans prétention. En concert, Mark ironisera sur la complexité des paroles du refrain : « baby now, baby now, baby now… »

4. Baloney Again

Un autre chef-d’oeuvre. Le texte évoque les groupes de gospel et R’n’B contraints à dormir dans leurs voitures et à manger à d’autres tables que les « restaurants blancs », dans les états du sud, encore fortement imprégnés de ségrégation raciale, même dans les années 60, plus d’un siècle après l’abolition de l’esclavage. Dans cet album, Mark Knopfler raconte différents aspects de l’histoire des Etats-Unis, plus ou moins glorieux.

La musique nous plonge dans l’ambiance de ces bouges miteux où les groupes doivent venir jouer pour quelques dollars. Un harmonica, des chœurs empathiques, un orgue Hammond discret, et la guitare Gibson ES-335 qui pleure doucement.

la photo intérieure du livret de l’album : Mark et sa Gibson ES-335, assis sur ce qui ressemble à un Fender Bassman ou un Fender Twin 57

Baloney again fait également partie de mes morceaux favoris dans la discographie de Mark Knopfler.

5. The Last Laugh

A cette époque, Mark aime enregistrer en duo avec d’autres artistes, et cet album est sans doute celui où il en figure le plus. Ici c’est une autre de ses idoles d’adolescent qui vient lui donner la réplique : Van Morrison.

« S’il y en a un qui peut dire qu’il rira le dernier, c’est bien Van Morrison ! »

Mark Knopfler

Embed from Getty Images

Mark avait déjà joué sur deux morceaux dans l’album Beautiful Vision en 1982. Les deux artistes se sont retrouvés le 28 octobre 2016 pour le gala donné en l’honneur des 80 ans de Bill Wyman.

Le son de guitare est encore une fois très travaillé, que ce soit les arpèges, ou le solo. Il s’agit de la Stratocaster 1964.

6. Do America

L’Amérique comme thème central de l’album. Ce titre (absent de l’édition internationale) conte le périple d’une jeune candide parti découvrir le nouveau monde et Hollywood. Couleur rock et ambiance légère. Paul Franklin est crédité à la LapSteel

7. Silvertown Blues

Retour en Angleterre pour ce titre au sujet d’un quartier Londonien. Un climat comme seul Mark Knopfler sait les distiller : une montée en puissance depuis les arpèges du début à la guitare solo qui s’impose au fur et à mesure du morceau. On regrette juste que le solo ne dure pas plus longtemps. L’atmosphère britannique est renforcée par les chœurs de Glenn Tilbrook et Chris Difford, anciens membres de Squeeze, avec qui Dire Staits avait débuté en 77-78.

Silvertown blues est souvent cité parmi les morceaux favoris de nombreux fans de Knopfler, et sans surprise je fais partie de ceux-là.

8. El Macho

Durant toute sa carrière, Mark Knopfler a toujours aimé écrire des paroles à la première personne, en se mettant à la place d’un personnage. Les exemples les plus notoires sont Money for nothing et Heavy fuel ou encore The man’s too strong et plus tard Cleaning my gun. Des textes qui ont parfois été mal interprétés bien que son auteur n’a eu de cesse de préciser « ce n’est pas moi dans la chanson ».

El Macho est un nouvel exemple de cette écriture typique de l’ancien journaliste et prof d’anglais. Et pour accompagner ce texte cynique, la musique se fait chaloupée, légèrement latino.

9. Prairie Wedding

Après des airs d’Amérique du Sud, on repart au nord avec un côté cinématographique. Une sorte de nouvelle racontant un mariage qui pourrait se passer dans les plaines et prairies du Wisconsin, de l’Arkansas ou de Virginie.

Prairie Wedding vu par © Denys Legros

Un homme et une femme se retrouvent sur le quai d’une gare après avoir fait connaissance uniquement par correspondance épistolaire. Ils vont se marier, et la chanson suggère des images mille fois vues dans des films américains. La Telecaster (en position milieu du sélecteur micros) donne la couleur country-folk adéquate, tandis que les nappes de claviers évoquent les paysages aux longues étendues emblématiques des Etats-Unis.

10. Wanderlust

Toujours cette atmosphère de liberté et cette sensation de grands espaces. L’ambiance se fait à la fois extérieure et intimiste. Il semble que l’enregistrement se soit déroulé en une seule prise. Guy Fletcher avait indiqué dans son journal qu’en tendant l’oreille, on peut entendre la chaise grincer.

11. Junkie Doll

Un riff bluesy qui peut faire penser au célèbre You gotta move de Mississippi Fred McDowell (mais surtout connu pour sa reprise par les Rolling Stones). Mark modifie le turn-around classique du 12 mesures, pour le rendre plus sophistiqué, avec quelques touches de synthé

12. Speedway at Nazareth

Un hommage aux pilotes automobiles, Mark étant également passionné de voitures de courses. C’est surtout un des morceaux de bravoure de l’album, et devenu depuis un classique du répertoire de Mark Knopfler. Certains fans y on même entendu une analogie avec le mythique Telegraph road, dans l’approche musicale, et son crescendo imposant.

Ce qui démarre sur un rythme folk avec le bouzouki de Richard Bennett, se termine sur l’explosion de la Les Paul 58 et un solo imageant parfaitement la vitesse grisante des bolides. Tout comme sur Prairie Wedding, le duo country Gillian Welch et David Rawlings vient embellir avec des harmonies vocales de toute beauté.

13. Sands of Nevada

Si le morceau précédent énumérait plusieurs circuits d’Amérique du Nord, d’Indianapolis à Toronto, celui-ci nous transporte dans les plaines ensablées et désertiques du Nevada. Le piano mélancolique répond à la voix grave et profonde de Mark. Une perle de l’album, à redécouvrir.

14. One More Matinee

Ce titre aurait été écrit à la fin des années soixante au sujet d’une pièce de théâtre. Il semble que Mark l’ait ressortie de ses cartons pour en donner une interprétation toute en sérénité qui clôt l’album de façon parfaite

Bonus tracks

Hormis les deux faces B inédites en 1978 et 1982, c’est surtout à partir de On every street en 1991 que l’habitude est prise de façon récurrente : à chaque album, un ou plusieurs morceaux enregistrés lors des sessions mais ne figurant pas sur le disque, apparaissent en bonus sur des maxis, ou des éditions spéciales. Mis à part Kill to get crimson en 2007, tous les albums solo de Mark Knopfler ont bénéficié de titres inédits, et Sailing to Philadelphia n’échappe pas à la règle : l’un en bonus du single What it is, et les 2 autres soit en bonus du maxi What it is version 4 titres, soit en CD 2 titres, supplément spécial de l’édition standard (c’est ainsi que je l’avais acheté à sa sortie).

The long highway

Une chanson issue des sessions de On every street que Dire Straits jouait en concert au début de la tournée en août 1991. Puis Mark l’a reprise en rappel en 1996, enchaînée à Going home. Il l’annonçait comme « un nouveau morceau, peut-être sur le prochain album ». Promesse à moitié tenue, puisqu’il figure en bonus de What it is (version single 2 titres et maxi 4 titres).

L’artiste reprend ici les thèmes classiques de la route et de l’errance, chers aux songwriters américains.

Camerado

Une atmosphère de western et une guitare à la Hank Marvin, jouée au mediator. Un morceau qui reste bien dans l’ambiance américaine de l’album.

Let’s see you

Une style plutôt rock avec un riff marqué, un son de guitare bien gras, et un texte sarcastique que certains ont pensé à l’encontre d’Ed Bicknell. Si c’est le cas il aurait été écrit pendant les sessions, ce qui est fort possible.

Une avalanche de titres prévus

En effet, il semble que la période ait été plutôt prolifique. Mark aurait écrit 29 chansons, dont 25 auraient été « considérées pour l’album ». (donnée fournie sur le site MKnews le 6 mars 2000 – merci à Julio Bri pour cette info). Si on répertorie les morceaux parus + les titres déposés pour les droits d’auteurs à l’organisme ISWN-NET, on obtient cette liste (merci encore à Julio Bri pour ce travail d’archiviste) :

Morceau parus (international)

01. What it is
02. Sailing to Philadelphia
03. Who’s your baby now
04. Baloney again
05. The last laugh
06. Silvertown blues
07. El macho
08. Prairie wedding
09. Wanderlust
10. Speedway at Nazareth
11. Junkie doll
12. Sands of Nevada
13. One more matinee

Edition anglaise et américaine

14. Do America

Bonus tracks

15. Long highway
16. Let’s see you
17. Camerado

Inédit joué en tournée

18. Pyroman

Morceaux en duo avec Emmylou Harris

Ces 2 titres ont été mis de côté, puis ressortis en 2006 sur All the roadrunning :

19. Red staggerwing 
20. Donkeytown

Inédits « connus »

Ces titres sont connus parmi les fans, pour avoir été plusieurs fois évoqués et cités par Guy Fletcher par exemple. Two skinny kids a été joué par Mark aux sessions de Nashville en 1998.

21. Two skinny kids
22. Bonafide
23. You are not even gone
24. Don’t mean a thing
25. Cold Turkey

Autres inédits

Ces titres sont connus grâce à la liste déposée pour les droits d’auteurs sur ISWN-NET (merci encore à Julio Bri pour ce travail d’archiviste). It’s been a while a également été joué par Mark aux sessions de Nashville en 1998.

26. It’s been a while
27. A cut above the rest
28. House on top of the hill
29. I’m doing better now
30. It’s what I want
31. Cross my heart and hope to die
32. Walk on down that road
33. Markin’ time
34. Unsent
35. For the want of something better
36. I didn’t expect there to be you

L’album en tournée

L’album Sailing to Philadelphia a été bien représenté en tournées. Trois titres surtout sont restés longtemps à l’affiche, et même deux jusqu’à la dernière tournée en 2019.

What it is

Sans surprise, le single aux accents straitiens est resté favori des concerts de nombreuses années.

Sur la tournée 2001, Mark l’introduit par le traditionnel The Bonnie Banks of Loch Lomond, en expliquant qu’il s’est rendu compte de son influence, a posteriori. Il joue le morceau sur la Stratocaster de 1961

En 2005, finie l’intro au violon, mais un tempo plus énergique. La Strato originale a été remisée au placard et dorénavant ce sera le modèle signature en concert

Les versions de 2008, 2010, 2011 et 2013 n’apporteront rien de nouveau. Pour ma part j’ai toujours trouvé la version studio inégalée, même si j’ai pris plaisir à l’entendre en concert.

En 2015 Mark décide de retirer le morceau de la setlist. Il n’y reviendra pas.

Sailing to Philadelphia

La chanson-titre figure en bonne place des concerts depuis 2001, et a été magnifiée en live à plusieurs reprises. Difficile de ne retenir qu’une version. Si je devais en citer quelques unes, il y aurait :

Toronto 2001

disponible sur l’édition spéciale de The ragpicker’s dream, cette version offre un beau dialogue entre la guitare et le piano de Geraint Watkins sur l’outro. C’est la seule tournée où le morceau est joué sur la Stratocaster de 1964, comme sur l’album.

Boothbay 2006

Sans section rythmique, ce concert de charité est particulier. L’atmosphère feutrée et intimiste de la petite salle convient parfaitement à ce type de chanson. Mark joue merveilleusement bien.

Lyon 2019

pour mon dernier concert de Mark Knopfler (jusqu’à aujourd’hui… sait-on jamais ?) j’ai adoré la manière dont ont été revisités les arrangements : le final avec guitare, violon et saxo a prouvé que le compositeur et guitariste avait toujours bon gout pour rafraîchir ses chansons. Un dialogue à trois que j’ai trouvé superbe

A noter que sur cette dernière tournée, le percussionniste Danny Cummings a assuré la deuxième voix sur certains concerts, mais ce n’était pas encore le cas à Lyon. Un exemple, sur le dernier soir de la tournée, il y a tout juste 1 an, au Madison square Garden, à New York :

En 2001, la chanson avait parfois été l’occasion d’inviter des chanteurs à venir partager le duo avec Mark : James Taylor, William Topley ou Jackson Browne. Mais le reste du temps, le chanteur-guitariste a toujours assuré les deux parties vocales, avec simplement Guy Fletcher aux chœurs sur le refrain. Ce duo avec Danny Cummings en 2019 était donc une première.

BBC 2017

Enfin une version particulière, pas en concert, mais live en studio pour une émission sur la BBC en 2017. Mark y explique la genèse de la chanson, mais surtout la joue sur Les Paul !

Speedway at Nazareth

Ce morceau a réellement pris sa dimension en concert avec un final énorme, grâce à la conjugaison du son saturé des guitares, du déchaînement de la batterie, du grondement de la basse, et du large espace créé par les claviers.

A partir de 2004, Speedway a pris sa forme quasi-définitive et n’a guère changé jusqu’à l’année dernière : Mark attaque sur la Les Paul dès le début du morceau, d’abord en retenant ses ardeurs et en caressant les cordes, puis en enclenchant le volume à fond pour le final. De son côté, Richard troque le bouzouki de la première partie pour une Les Paul et des « Power-chords » rageurs. Enfin, Glenn Worf ne ménage pas sa basse afin de maintenir un bourdon puissant, et Danny Cummings, surnommé « Mister Horsepower » lâche littéralement les chevaux pour soutenir le solo de haute volée.

J’aime bien la version de 2006, avec les harmonies vocales d’Emmylou Harris

Mais si ce schéma est celui le plus connu, car en place depuis 15 ans, on oublie parfois la dynamique de la tournée 2001, qui pour moi mettait encore plus en valeur le crescendo du morceau. Une véritable montée en puissance avec les 3 guitaristes passant d’acoustique à électrique, successivement l’un après l’autre. Parfois, Richard signait sur sa Telecaster un riff qu’il ne rejouera jamais ensuite (comme sur la version de Hambourg à 4:36)

ou Mark nous gratifiait d’un court solo sur sa guitare folk (comme sur la version de Toronto à 2:50)

La version de Toronto figure également sur l’édition spéciale de The ragpicker’s dream, tout comme Sailing to Philadelphia. Il est amusant d’entendre la clameur du public lorsque les paroles de la chanson citent la ville de Toronto.

Baloney again

Ce superbe morceau a été joué dès les apparitions radio et télé pour la promotion de l’album à l’automne 2000. Seulement accompagné de Guy Fletcher, Mark utilisait sa Les Paul 58, comme sur cette version à l’émission Nulle Part Ailleurs sur Canal+ le 11 octobre 2000 :

Une version similaire (radio espagnole) est disponible en bonus sur le CD Maxi Sailing to Philadelphia

Lors de ces promo radio ou télé, il lui est arrivé exceptionnellement de la jouer sur guitare acoustique :

Sur la tournée 2001, c’est la même guitare qu’en studio : la Gibson ES-335. Exemple avec ce concert de Lyon où j’étais présent (chronique l’année prochaine pour les 20 ans) :

Puis Baloney again a été joué seulement 3 fois sur la tournée 2005 (à nouveau sur la Les Paul), avant d’être définitivement abandonnée

Who’s your baby now

Uniquement jouée pendant les concerts de 2001. Rien de bien différent par rapport à la version studio, si ce n’est la guitare de Mike Henderson plus présente, et Mark plaisantant sur les paroles du refrain. Petit détail : le guitariste joue au mediator.

El macho

Le morceau aux accents latino a naturellement été joué lors des concerts en Amérique du sud en 2001, ainsi que durant la promo radio et télé (une version est disponible en bonus sur le CD Maxi Sailing to Philadelphia)

Prairie wedding

La ballade country-folk a offert l’occasion d’un beau duo avec Bonnie Raitt en 2001 à Los Angeles : de belles harmonies vocales, et le jeu en slide de la guitariste

De façon un peu inattendue, le morceau a refait surface en 2010, mais pas sur tous les concerts

et une unique apparition pendant la tournée 2013 :

Junkie doll

Uniquement joué en 2001, avec des solos très inspirés. Fait notable : Richard utilise la guitare National de Mark. On peut supposer que c’est ce dernier qui la jouait en studio.

The long highway

un des rares bonus tracks de la carrière de Mark Knopfler à avoir été joué en concert (avec également Gravy train). Après 1991 et 1996, The long highway est apparu sur peu de concerts en 2001 (dont au moins Buenos Aires et Portland)

Silvertown blues

L’arlésienne des concerts de Mark Knopfler. Attendu pendant de nombreuses années par les fans, figurant uniquement sur un soundcheck à Munich en 2001, le morceau a enfin eu droit à sa version live sur quelques concerts aux début de la tournée 2019. Malheureusement, je n’y ai pas eu droit à Lyon le 19 juin.

Pyroman

Enfin, un titre joué uniquement en concert lors de la tournée 2001. Bien que Mark indiquait l’avoir « écrit et composé en venant des loges jusqu’à la scène », il s’agit sans aucun doute d’un des nombreux morceaux de sessions, qui n’a pas eu sa place sur la tracklist finale de l’album.

Un blues-rock rugueux avec harmonica poisseux, riff bien gras, et une basse sacrifiée un peu plus à chaque concert, sous la forme d’un gimmick initié par Glenn Worf, à la fin du morceau, et renouvelé chaque soir. La « pyrobass » a fini la tournée en piteux état, mais signée par tous les musiciens.

Un inédit non retenu en studio mais joué en concert. Qui sait combien d’autres titres ont été écartés ? Sans doute un paquet… des fois on se dit que Sailing to Philadelphia aurait pu être un double album. En tout cas il y avait largement matière pour. Mais même avec ses 13 ou 14 titres, il constitue déjà une pièce maîtresse dans la discographie de Mark Knopfler. Une oeuvre majeure, à redécouvrir encore et encore, et qui fête ses 20 ans aujourd’hui.

© Jean-François Convert – Septembre 2020

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5 commentaires sur “Mark Knopfler sortait son deuxième album solo il y a 20 ans

  1. Sont-ce mes oreilles qui me jouent des tours ou y-a-t’il une similitude entre Speedway et un morceau de Neil Young, « Captain Kennedy », sorti en 1980 sur l’album Hawks and doves ?
    A vous de juger, mais la mélodie des deux me semble quand même très semblable, même si le loner chante plusieurs ton au dessus.

    https://www.youtube.com/watch?v=5jHMCdVaqkQ&ab_channel=Simmoez

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    1. oui effectivement. Mais c’est une mélodie assez « standard », semblable à ce qu’on peut entendre dans des classiques folk.

      1. Standard ou pas, cela ne m’empêche pas d’adorer ce morceau, surtout en l’ayant vécu en direct en juin 2001 au Zénith (1er rang, à 3 mètres de mon idole).
        Et après tout, Neil Young a bien fait la même chose avec le sublime ambulance blues, alors…
        Après, pour parler de l’album, je me souviens de sa sortie, que j’attendais comme tous ses fans et effectivement, il m’a tout de suite plu. Et je me souviens aussi que l’on entendait silvertown blues régulièrement à la radio.

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        1. oui. tous les artistes s’inspirent de ce qu’ils ont entendu. C’est un processus tout à fait normal et très courant

  2. Très bon article. Merci pour joindre toute cette info sur un de mes album préferés de mon musicien préferé. Long live Mark Lnopfler!

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