George Harrison a rejoint son sweet lord il y a 20 ans

Le ‘quiet Beatle’ est décédé des suites d’un cancer le 29 novembre 2001. Selon sa volonté, ses cendres ont été répandues le long du Gange en Inde.

© Denys Legros

Une personnalité qui avait de l’humour

Il était le plus jeune des Beatles. Le plus mystique aussi. Et également le plus discret, ce qui lui avait valu le surnom de « quiet » (« calme ») Beatle. Il était et reste encore mon préféré des Fab Four. Pas uniquement parce qu’il en a été longtemps le guitariste soliste principal, mais aussi par son sens de la mélodie, la finesse de ses arrangements, ou encore son sens de l’humour. Moins exubérant que John, moins fantasque que Ringo, moins séducteur que Paul, George était plutôt un pince-sans-rire, so british.

Je me souviens d’une interview où il répond au journaliste avec une fausse désinvolture : « quel groupe ? ah oui les Beatles… » Et puis sans lui et son investissement personnel dans la production des films des Monty Python, peut-être que les chefs d’œuvre Sacré Graal ou La vie de Brian n’auraient jamais vu le jour. Son amitié avec Eric Idle l’a même amené à figurer dans les film des Rutles All you need is cash, un summum du pastiche rock que je range au panthéon des films musicaux à voir absolument, à égalité avec This is Spinal Tap.

George Harrison grimé en journaliste, interviewant Michael Palin des Monty Python dans The Rutles : All you need is cash (1978)

Un artiste mystique

Parmi les quatre de Liverpool, c’est bien évidemment George qui le premier a été attiré par la culture orientale. C’est lui qui a introduit le sitar dans la musique des Beatles avec Norvegian wood sur Rubber soul en 1965. Il accentue un peu plus l’influence sur The inner light, et fait jouer un quatuor indien pour Within you without you sur Sgt. Pepper’s lonely hearts club band en 1967. Il embarque les autres membres du groupe en Inde au début de l’année 1968 pour y pratiquer la médiation au sein de l’ashram de Maharishi Mahesh Yogi. Le film Beatles in India est sorti l’année dernière :

Les trois autres ne seront pas totalement convaincus au même degré que lui, mais de cette escapade spirituelle émergera l’un des plus grands albums de l’histoire du rock (et mon préféré des Beatles) : le mythique Album blanc.

Sa collaboration avec Ravi Shankar, LA référence en musique mystique orientale, a entre autres permis l’évènement du premier concert de charité de l’histoire du rock : Le concert pour le Bangladesh le 1er août 1971.

Avant tout un musicien pop

Mais il serait réducteur de ne retenir de George Harrison que son attrait pour la musique indienne. Il était avant tout un compositeur extrêmement doué, qui a écrit un large panel de petites merveilles pop. Guitariste au jeu subtil, influencé par le skiffle de Lonnie Donegan, le country-swing de Chet Atkins ou le rockabilly de Scotty Moore, il a prouvé qu’il était bien plus qu’un gratteur de six-cordes.

Longtemps mis à l’écart par le tandem Lennon-McCartney, et même par George Martin (qui a avoué plus tard l’avoir regretté), il est resté dans l’ombre du duo de compositeurs le plus célèbre de l’histoire de la pop. Mais lorsqu’il a pu enfin s’échapper en solo, il a enregistré rien de moins qu’un triple album, All things must pass, qui a dépassé en nombre de ventes sur l’année 1970 les disques de Lennon et McCartney ! Un album gorgé de chansons sublimes, qui a été réédité cette année en version deluxe.

Et même au sein des Beatles, bien qu’à l’étroit entre les deux mastodontes Paul et John, il a quand même réussi à glisser quelques joyaux :  While my guitar gently weeps, Here comes the sun, mais aussi Taxman, If I needed somone, Piggies, Long, long long, Old brown shoe, I me mine, Blue jay way… et bien sûr Something, chanson la plus jouée à la radio en 1969, et que Sinatra croyait composée par Lennon et McCartney !

Enfin, on ne saurait oublier ses différentes collaborations avec, entre autres, John Lennon, Ringo Starr, Bob Dylan, Eric Clapton, Tom Petty, … ou les Travelling Wilburys, ‘Supergroup’ réunissant Harrison, Dylan, Tom Petty, Roy Orbison et Jeff Lyne (ainsi que le batteur Jim Keltner, surnommé le « sixième Wilbury ») à la fin des années 80. Le quintet obtient un hit avec handle with care, mais ne survivra pas au décès de Roy Orbison en 1988 (malgré un deuxième opus intitulé Traveling Wilburys Vol. 3) :

Artiste discret, attachant, excellent musicien, et membre du plus grand groupe de l’histoire de la musique moderne… George Harrison est parti rejoindre son ‘Sweet Lord’ il y a tout juste 20 ans aujourd’hui.

© Jean-François Convert – Novembre 2021

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