J’ai passé 4 jours à Londres, du 29 novembre au 2 décembre. L’occasion de visiter plusieurs lieux liés à la musique, et même de participer à une jam ! Je dédie ce ‘Rock Trip’ à mon oncle parti rejoindre les étoiles vendredi dernier.
Sommaire
Le lieu du 1er concert de Dire Straits à Deptford
Depuis le temps que je voulais y aller…. Ça y est c’est fait ! J’avoue que ce n’était pas sans une certaine émotion que de fouler la pelouse située derrière l’immeuble Farrer House, à Deptford (sud-est de Londres), là où Dire Straits a donné son tout premier concert (sous le nom des Café Racers) le 26 juin 1977.
Après les photos obligées devant la plaque commémorative, on a demandé à un habitant de l’immeuble s’il connaissait l’appartement exact où logeaient David Knopfler et John Illsley, rejoints par Mark en 76-77… Mais non, pas plus d’info que ça, il a simplement dit : « it’s here, somewhere… » À n’en pas douter, la magie des premiers sons de Dire Straits flottait dans l’air et dans ma tête…
Le voilier ‘Cutty Sark’
Et justement, dans le répertoire de cette première mouture du groupe (entre 1977 et 1980), il y a entre autres la chanson Single handed sailor figurant sur l’album Communiqué qui fait référence à un célèbre bateau situé à quelques rues de Farrer House : le Cutty Sark.
« On a night when the lazy wind is a-wailing
Around the Cutty Sark
Yeah, the single-handed sailor goes sailing
Sailing away in the dark »
En cette période de fin d’année, le voilier s’est paré de guirlandes lumineuses donnant à son mât une apparence de sapin.
Le magasin Tom’s Guitar Shop
Non loin de là, dans le marché couvert de Greenwich, je suis tombé sur Tom’s Guitar Shop, un magasin de six-cordes singulières. J’y ai vu une réplique de la fameuse Black Strat de David Gilmour, ainsi que le modèle de la sangle arborée par Jimi Hendrix à Wight et offerte bien plus tard par Polly Samson à son guitariste de mari.
Le patron-vendeur est adorable et est intarissable sur des questions d’accordage spécifique et de son influence sur les sonorités des cordes. Ne pouvant pas rapporter une guitare en France, je me suis contenté d’un T-Shirt à l’effigie du logo du magasin. Simple, sobre, mais classe.
Et la visite de magasin a également été l’occasion de rencontrer le musicien canadien David Waldner, auteur-compositeur du spectacle rock musical The Day In The Life Of John Denizen.
Street Art dans le quartier de Brick Lane
Cette deuxième journée à Londres a débuté par une visite guidée sur le thème du Street Art. Merci à Duncan pour nous avoir fait découvrir le quartier de Brick Lane et des œuvres diverses et variées dans lesquelles d’inévitables références musicales se sont bien évidemment glissées.
Duncan nous a même parlé du plus célèbre étudiant en sciences politiques à Londres… j’ai nommé Mick Jagger ! Il avait préféré abandonner ses études pour aller passer une audition en compagnie de son ami d’enfance Keith Richards chez un certain… Brian Jones. Ce dernier les a retenus pour son groupe non pas à cause de leur talent musical, mais de leur swag ! On connaît la suite…
Un belle introduction à cette visite très instructive, complétée par des éléments historiques, notamment la forte communauté issue du Bangladesh vivant à Brick Lane, encore plus présente suite à la famine survenue dans le pays en 1971, et pour laquelle avait été organisé le tout premier concert de charité de l’histoire du rock.
Une déambulation agréable et sympathique dans les rues de ce quartier populaire pour admirer des collages, des peintures, des tissages, des sculptures…comme par exemple des champignons colorés disséminés à des endroits improbables.
Et comme l’a dit justement Duncan : « Le street art c’est comme les champignons, ça ne se cultive pas, ça pousse tout seul »
Hyde Park
Le plus grand parc de Londres où se sont déroulés moult concerts célèbres : Jethro Tull (1968), Pink Floyd (1970), Roy Harper (1971), Queen (1976), The Cure (2002), Red Hot Chili Peppers (2004), Blur (2009) et Bruce Springsteen (2009), ainsi que le Live 8 en 2005. Les photos des Beatles pour l’album Beatles for Sale furent prises à Hyde Park à l’automne 1964.
Mais l’événement le plus mythique de toute l’histoire du rock qui y a eu lieu est sans aucun doute le concert donné par les Rolling Stones le 5 juillet 1969, deux jours seulement après le décès de Brian Jones.
La pelouse qui a accueilli tous ces grands concerts est actuellement occupée par une fête foraine.
Le Royal Albert Hall
Je n’ai jamais vu de concert au Royal Albert Hall. Mais ce samedi, j’ai pu l’admirer de près et voir une expo photos à l’intérieur.
Tant d’artistes que j’aime ont joué ici. La photo dans le hall d’entrée les regroupe sous la forme d’un collage réalisé par Sir Peter Blake, l’auteur de la pochette de Sgt. Pepper’s lonely hearts club band. Il a également signé celle du single caritatif Going Home sorti par Mark Knopfler au printemps, d’où l’impression de ressemblance.
Et quand on voit David Gilmour et Mark Knopfler presque côte à côte sur cette immense photo, on se dit qu’il n’y a pas de hasard ….
Déambulation à Picadilly Circus, Soho et Chinatown
Le centre de Londres était comme toujours bondé. La capitale anglaise aux 7000 pubs et 300 langues parlées et à la superficie de 8 fois Paris maintient sa réputation de mégapole européenne à l’affluence débordante. La population est cosmopolite, mais on entend parler français à tous les coins de rue. L’approche de noël implique forcément une abondance de décorations lumineuses, d’autant qu’avec une heure de moins sur l’horaire français, la nuit tombe à 16h…
Au détour des rues de ce centre foisonnant, on croise des noms qui évoquent plein de références musicales connues : Shaftesbury Avenue et China Town de Wild West end, les statues de Trafalgar Square de Lions, le Ronnie Scott’s Jazz Club où ont joué à maintes reprises les Notting Hillbillies, un bus qui affiche une destination intitulée « Clapton Pond », une pancarte qui interdit l’installation d’instruments, tandis qu’une autre au contraire incite à le faire…
Les statues de Victoria
On parle souvent de l’Angleterre « Victorienne » au 19ème siècle. J’avoue personnellement ne pas m’intéresser plus que ça à l’histoire des familles royales quel que soit le pays… Mais quand j’entends le prénom « Victoria », je pense instantanément à la chanson des Kinks ! On a croisé deux statues à l’effigie de la célèbre reine : une à Hyde Park et l’autre devant le palais de Buckingham Palace.
Quant à la reine Anne, elle trône devant l’église Saint-Paul. Mais son nom à elle ne m’évoque aucun morceau…
Le Queer Britain Museum
C’était un passage important, pour raisons familiales, et aussi par valeurs personnelles. L’inclusivité et la visibilité des minorités est une cause à défendre qui me tient à cœur. Des archives sur l’activisme mais aussi sur des personnalités rappellent que de nombreux artistes ont œuvré pour les droits de la communauté LGBTQ+. Le Musée cite notamment une lettre d’Elton John à son compagnon, ou le film My Beautiful Laundrette réalisé par Stephen Frears en 1985.
Le quartier de Camden et son marché typique
En poursuivant au nord, on arrive à Camden Town, la ville qui a vu naitre le mouvement Punk, et un lieu également célèbre pour avoir connu pendant longtemps la présence d’Amy Winehouse.
Les trottoirs sont incrustés de plaques à la mémoire de célébrités du rock, et les façades des boutiques rivalisent d’originalité :
Camden est aussi et surtout connu pour son immense marché dans lequel on peut se perdre facilement. Boutiques de disques, de fringues, de déco, de souvenirs; d’instruments de musique… si vous cherchez quelques chose, ça se trouve forcément à Camden !
Jam au bar Blues Kitchen
Dans ce quartier très vivant encore le soir, on est tombé sur un pub au nom de Blues Kitchen… ça ne pouvait qu’être un endroit où on y entend de la bonne musique. La déco intérieure (même dans les toilettes !) aligne les grands noms du blues, de Willie Dixon à Big Maybelle en passant par Son House et bien d’autres.
On s’attendait d’abord à simplement un concert… mais il s’est avéré qu’il s’agissait d’une jam ! Je me suis inscris auprès de l’organisateur, c’était pour deux morceaux. Je lui ai demandé « on jouera quoi ? des covers ? » Il m’a répondu, rassurant : « twelve bar blues », je ne pouvais pas mieux tomber…
Il a ouvert la soirée avec son groupe, lui chantant et assurant la basse. Excellente version de The sky is crying, des musiciens au top.
Lorsqu’est venu mon tour, un des deux guitaristes m’a prêté sa Gibson SG (avec une sangle Fender !). L’autre guitariste (aux airs de Rory Gallagher) et le batteur sont restés, un bassiste venant du brésil, et une chanteuse visiblement habituée des lieux ont également été appelé-es. On a d’abord joué un shuffle, en Sol, grille classique mais avec « the quick change » (expression que j’ai découverte le soir même, en comprenant que cela signifiait que l’on passe sur le degré 4 dès la 2ème mesure).
En deuxième morceau, c’est le grand classique I’d rather go blind qui a été proposé par la chanteuse. C’est pas du twelve bar blues ça ! J’adore cette chanson, et c’était un honneur de la jouer, à Londres avec ces excellent-e-s musicien-n-es.
J’ai eu plusieurs retours positifs dans le public, discuté avec le batteur très sympa, bref une soirée comme je ne pouvais pas mieux rêver. Les autres musicien-n-es se sont succédé-e-s sur la scène, livrant des interprétations toutes très inspirées.
La Battersea Power Station
Dernier jour, visite d’un monument que lui aussi j’avais inscris à ma todo-list depuis un moment !
La Battersea Power Station est une des premières grandes centrales électriques au charbon d’Angleterre. La production a été arrêtée en 1983. Devenu un bâtiment historique londonien c’est, depuis 2007, un monument classé de Grade II (Wikipédia).
Le bâtiment est célèbre pour, entre autres, figurer sur la pochette de l’album Animals de Pink Floyd, sorti en 1977. Un disque sur lequel j’ai écrit à plusieurs reprises :
Cette usine avait été choisie comme symbole du capitalisme et de la révolution industrielle, l’album étant entre autres un pamphlet social contre l’aliénation par le travail et les dangers face à une société totalitaire, largement inspiré de La ferme des animaux de George Orwell.
Aujourd’hui c’est devenu un centre commercial avec boutiques de luxe, comme une sorte d’ode au consumérisme décomplexé…. Quite ironic isn’t it ?
Une façon de terminer en beauté ce long week-end londonien où j’ai pu arpenter des lieux chargés d’histoire musicale, et qui me tenaient à cœur. Avec en cerise sur le gâteau le plaisir d’avoir joué dans la capitale anglaise. Quatre jours pendant lesquels je n’ai cessé de penser à toi, tonton Bruno. Tu étais l’oncle le plus rock de la famille, tu aimais les Beatles et les Rolling Stones, ce ‘Rock Trip to London’, il était pour toi.
© Jean-François Convert – Décembre 2024
Merci pour ces précieux conseils car j’y vais 4 jours en février fêter les 30 ans de ma fille. Nous serons à Camden et irons donc au Blues Kitchen 😉 Nous avons prévu aussi le Beatles tour (mais je suis sûre que vous avez déjà fait tout ça dans un précédent séjour et le musée Sherlock Holmes juste à côté du Beatles store. Et si vous avez des conseils pratiques je suis preneuse. Très bonne journée, Isabelle
Merci pour cette chronique mythique. Toutes mes condoléances.
Merci Sam