Il y a 30 ans se tenait un concert géant à Knebworth

Le 30 juin 1990, tout le gratin rock de l’époque était réuni pour ce concert de charité, devant un public de 120 000 personnes.

Un supergroupe et le retour de Dire Straits

L’événement est organisé par et pour le Nordoff-Robbins Music Therapy Center (musicothérapie au profit des enfants handicapés) et la BRIT School For Performing Arts and Technology.

La scène voit défiler de nombreuses stars du moment (McCartney, Tears for fears, Genesis, Pink Floyd…), et comme souvent à ce genre d’occasion, un « supergroupe ». Ici, il s’agit d’Eric Clapton en compagnie de Dire Straits, et rejoints ensuite par Elton John.

En 1990, Dire Straits n’est plus qu’un vague souvenir pour beaucoup de gens. Depuis la fin de la tournée Brothers in arms en 1986, Mark Knopfler a multiplié ses collaborations avec d’autres artistes (Eric Clapton, Willy Deville, Randy Newman…), composé des musiques de films (La couleur de l’argent, Princesse Bride, Last exit to Brooklyn), et il vient de sortir un album country-swing avec son groupe de potes les Notting Hillbillies.

Aussi, lorsqu’il vient jouer à ce concert, on pourrait penser que c’est en son nom propre, plutôt qu’en celui de Dire Straits. Mais la présence du bassiste John Illsley et des claviéristes Guy Fletcher et Alan Clark confirme la marque du groupe (qui s’était déjà reformé une fois en juin 1988 pour le concert des 70 ans de Mandela). Et Clapton annonce bien « Dire Straits » :

Le tout se mélangeant un peu avec les musiciens de Clapton, d’où la notion de « supergroupe ». Il y a d’ailleurs à la guitare un certain Phil Palmer… qui rejoindra Dire Straits l’année suivante !

Mais pour les fans du groupe, la bonne nouvelle de ce concert, c’est que Mark Knopfler annonce que Dire Straits va bientôt revenir avec un nouvel album… et il en livre un possible avant-goût avec ce titre inédit, offert à Jeff Healey en janvier 90 sur son album Hell to pay, et repris en tournée avec les Notting Hillbillies. Mais au final, I think I love you too much (texte dédié à ses deux jumeaux) ne figurera pas sur l’ultime disque de Dire Straits On every street, bien que joué parfois sur la tournée 1991-1992. Cet enregistrement de Knebworth en constitue donc la seule et unique version officielle, parue sur l’album live du concert :

Ce concert de 1990 annonce en quelque sorte le retour de Dire Straits qui s’officialisera un an plus tard avec la sortie de l’album On every street en septembre 1991, et la tournée gigantesque, qui sera la dernière du groupe.

Un défilé de stars

Le concert, qui a duré la journée et la soirée, a donné l’occasion d’assister à un casting de haut niveau, mêlant vedettes de la décennie qui se termine et dinosaures du rock.

Tears for Fears ouvre le bal, suivis par Status Quo et les Shadows. On remonte ainsi des années 80 aux années 70 puis 60. Entre la pop eighties des premiers, et le twist sixties des troisièmes, les Quo délivrent leur habituel boogie-rock basique mais efficace. Au milieu de leurs propres compositions tubesques, leur reprise de Rockin’ All Over the World de John Fogerty emporte immédiatement l’adhésion du public :

La suite du concert continue d’alterner les styles : Jimmy Page vient accompagner Robert Plant sur Misty Mountain Hop, Wearing and Tearing et Rock N’Roll, Phil Collins joue quelques-uns de ses succès solo, avant d’être rejoint par Genesis, qui offre notamment un medley de standards rock, soul et R&B au sein de Turn It On Again, et après le supergroupe Eric-Clapton-Dire-Straits-Elton-John, c’est une autre pointure qui ouvre la soirée : Paul McCartney en grande forme, enchaîne tube sur tube, avec notamment Birthday joué pour la toute première fois en live. Et le Beatle emporte le public avec lui sur les chœurs de Hey Jude :

Pour les amateurs de détails, le batteur est Chris Witten, qui rejoindra Dire Straits pour leur tournée en 1991-1992. Le monde est petit !

Un final en apothéose

La soirée se termine avec Pink Floyd qui clôt ainsi sa tournée faisant suite à l’album A Momentary Lapse of Reason, sorti en 1987. La dernière date avait eu lieu à Marseille le 18 juillet 1989, mais ce concert à Knebworth fait office de final symbolique, avant qu’ils ne reviennent quatre ans plus tard avec The Division Bell.

Final de leur tournée, et final de ce concert historique, la prestation des Floyd est dans la lignée de leurs concerts de cette période, mais avec des invitées prestigieuses : Candy Dulfer apporte son saxo sur Shine On You Crazy Diamond et Money, tandis que la chanteuse Clare Torry vient reproduire ses mythiques vocalises sur The Great Gig In The Sky, qu’elle avait interprété sur la version studio en 1973. C’est la première fois où la chanteuse se produit avec le groupe, depuis la sortie de l’album.

Fumigènes et lasers dans la pure tradition Floydienne clôturent le concert en apothéose.

Cette vidéo présente la presque totalité du show de Pink Floyd (à l’exception de Wish you were here pour des problèmes de droits) :

A noter que le concert de Pink Floyd est désormais disponible en intégralité dans le coffret The later years, paru en décembre 2019. et également en édition individuelle CD et double vinyle, parue en avril 2021.

La setlist

Difficile de trouver la stelist complète sûre à 100%, mais à quelques morceaux près, elle devait s’approcher de ça :

Tears for Fears

  • Head Over Heels / Broken
  • Change (avec extrait de Mothers Talk)
  • Pale Shelter
  • Sowing the Seeds of Love
  • All You Need Is Love
  • Advice for the Young at Heart
  • I’ve Got to Sing My Song (avec Oleta Adams)
  • Badman’s Song
  • Everybody Wants to Rule the World

Status Quo

  • Caroline
  • Mystery Medley : Mystery Song/Railroad/Most Of The Time/Wild Side Of Life/Rollin’ Home/Again And Again/Slow Train
  • Hold You Back
  • Dirty Water
  • Whatever You Want
  • In The Army Now
  • Rockin’ All Over The World
  • Don’t Waste My Time
  • Roadhouse Medley : Roadhouse Blues/The Wanderer/Marguerita Time/Living On An Island/Break The Rules/Something ’bout You Baby I Like/The Price Of Love/Roadhouse Blues

Cliff Richard & The Shadows

  • Move It!
  • Summer Holiday
  • The Young Ones
  • On the Beach
  • Living Doll
  • Good Golly Miss Molly
  • Bachelor Boy
  • Fall in Love with You
  • Do You Wanna Dance?
  • In the Country
  • It’ll Be Me
  • Shake, Rattle and Roll
  • We Don’t Talk Anymore

Robert Plant

  • Hurting Kind (I’ve Got My Eyes on You)
  • Immigrant Song
  • Tie Dye on the Highway
  • Liars Dance
  • Going to California
  • Nirvana
  • Tall Cool One
  • Misty Mountain Hop (avec Jimmy Page à la guitare)
  • Wearing and Tearing (avec Jimmy Page à la guitare)
  • Rock and Roll (avec Jimmy Page à la guitare)

Phil Collins

  • In the Air Tonight
  • Sussudio
  • Colours
  • Another Day In Paradise

Genesis

  • Mama
  • That’s All
  • Throwing It All Away
  • Turn It On Again medley : Everybody Needs Somebody to Love – (I Can’t Get No) Satisfaction – Twist and Shout – Reach out I’ll be There – You’ve Lost That Lovin’ Feeling – Pinball Wizard – In The Midnight Hour – Turn It On Again

Eric Clapton

  • Pretending
  • Before You Accuse Me
  • Old Love
  • Tearing Us Apart

Dire Straits & Eric Clapton

  • Solid Rock
  • Think I Love You Too Much (Titre inédit)
  • Money For Nothing

Elton John & Eric Clapton & Mark Knopfler

  • Sacrifice
  • Sad Songs (Say so Much)
  • Saturday Night’s all Right (For Fighting)
  • Sunshine of Your Love

Paul McCartney

  • Coming Up
  • Back in the U.S.S.R.
  • I Saw Her Standing There
  • We Got Married
  • Birthday 
  • Let It Be
  • Live and Let Die
  • Someone Else I’d Like To Be
  • If I Were Not Upon The Stage
  • Hey Jude
  • John Lennon Tribute Medley : Strawberry Fields Forever / Help! / Give Peace A Chance
  • Yesterday
  • Can’t Buy Me Love

Pink Floyd

  • Shine On You Crazy Diamond (avec Candy Dulfer)
  • The Great Gig In The Sky (avec Clare Torry)
  • Wish You Were Here
  • Sorrow
  • Money (avec Candy Dulfer)
  • Comfortably Numb
  • Run Like Hell

Enfin, cette playlist YouTube propose la majeure partie sortie officiellement sur disque et vidéo, mais malheureusement pas dans l’ordre

Un concert qui a fait date, et marquait malgré lui la fin de la décennie des années 80, avec sa musique parfois un peu trop lisse, et son lot d’événements caritatifs dans ce style. C’était il y a 30 ans aujourd’hui.

© Jean-François Convert – Juin 2020

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