Né le 5 décembre 1938, J.J. Cale est décédé il y a 10 ans le 26 juillet 2013.
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Un artiste discret mais influent
Encore aujourd’hui, J.J. Cale ne fait pas forcément partie des musiciens les plus célèbres parmi le grand public, et ça lui allait bien. Plutôt que les feux de la rampe, le musicien d’Oklahoma préférait la tranquillité, à l’abri du tumulte du show-business, vivant dans sa caravane avec les royalties générées par les reprises de ses chansons.
Certaines ont même été adaptées en français : Mama Don’t est devenu Madame n’aime pas par Francis Cabrel sur son album Des Roses et des Orties en 2008, et Cocaine s’est transformé en Coquine par Louis Bertignac sur son disque d’adaptations Origines en 2018.
On peut bien sûr aussi citer Call me the Breeze par Lynyrd Skynyrd, mais en premier lieu, qui dit reprises de J.J. Cale pense forcément Eric Clapton. Le guitar-hero a popularisé deux titres du songwriter de Tulsa : After Midnight et Cocaine. Mais on oublie qu’il a également interprété I’ll make love to you anytime, avant que J.J. Cale ne l’enregistre lui-même un an plus tard.
Les deux artistes ont collaboré à plusieurs reprises. On a pu les voir ensemble sur scène, mais surtout ils ont signé un album commun : The Road to Escondido en 2006 est un petit bijou de country-blues-rock laid-back sur lequel J.J. Cale a composé onze des quatorze titres de l’album. Et Clapton a rendu un vibrant hommage à son ami et héros en 2014 (l’année après son décès) avec The Breeze : An Appreciation Of J.J. Cale.
Un disque où interviennent de nombreux invités de renom : Tom Petty, Willie Nelson, John Mayer, Albert Lee, David Lindley, Mike Campbell, Derek Trucks… et obligatoirement Mark Knopfler, qui a même l’honneur d’interpréter un titre inédit, Someday.
L’influence sur Mark Knopfler
Pourquoi obligatoirement ? Parce que J.J. Cale a été une influence prédominante sur le style vocal et guitaristique de Mark Knopfler, surtout sur les deux premiers albums de Dire Straits : celui éponyme en 1978, et Communiqué en 1979. Cette façon de faire sonner la guitare, avec des notes toutes en retenue, et la voix à mi-chemin entre parlé-chanté… À la différence de Clapton qui a repris des chansons de Cale, Knopfler a plutôt popularisé son style. Un morceau comme Six blade knife par exemple s’inspire clairement de River Runs Deep. Tout est dans l’ambiance, l’atmosphère si particulière. Knopfler a su s’imprégner de l’essence de la musique de Cale sans la reprendre telle quelle.
En septembre 1985, les deux artistes ont partagé la scène d’un club de San Francisco. Il ne subsiste de cette soirée que des photos (prises par Mike Kappus, le manager de J.J. Cale) et pour l’instant aucun enregistrement connu.
Pour ma part, je suis venu à J.J. Cale bien évidemment par Dire Straits. C’est en lisant à plusieurs reprises ce nom dans des interviews de Mark Knopfler que j’ai voulu l’écouter. Au départ je m’attendais à entendre un vieux bluesman à la voix rocailleuse et profonde, quelle ne fût pas ma surprise à l’écoute de Hey Baby, premier titre de Troubadour, l’album par lequel je l’ai découvert. Une voix qui m’a instantanément fait penser à Mark Knopfler.
Et étonnamment, c’est aussi par ce disque que j’ai entendu pour la première fois Cocaine, avant même de savoir que c’était un tube de Clapton ! Mais c’est surtout ce style musical superbement tranquille qui m’a tout de suite plu.
Une musique sereine et apaisée
Si on devait caractériser la musique de J.J. Cale, on pourrait penser à un rockingchair, un coucher de soleil, le vent dans les arbres, et la vie qui suit son cours paisiblement. Parmi tous ses morceaux, Magnolia, tiré de son premier album Naturally en 1972, est sans doute l’un de ceux qui retranscrit le mieux cette atmosphère. Un mélange bluesy-jazzy-americana suave et irrésistible.
Et au final, la personne qui exprime le plus fidèlement ce ressenti indescriptible est l’artiste lui-même, avec cet humour pince-sans-rire caractéristique :
Oui, une musique qui laisse le temps de vivre et apprécier les bons moments. Un son chaud et doux qui nous enveloppe dans un cocon dont on ne voudrait plus sortir. Merci J.J Cale pour tous ces instants suspendus. Et où que tu sois, bon anniversaire.
© Jean-François Convert – Décembre 2023
Chaque guitariste explique/inculque une technique ou un accord/gamme, celui-lá partage une puissante simplicité dans ses oeuvres.
Bel article qui résume bien Jj Cale…laid back.
Je l’ai découvert de la même façon, heureux du haut de mes 16 ans , de voir qu’il existait un autre artiste capable de me donner le même frisson que Dire Straits.
Un don fantastique pour jouer peu de notes, mais les bonnes et au bon endroit, la version blanche et relax, cool de BB King