En attendant la sortie de l’édition 50ème anniversaire du mythique “album blanc” prévue pour le 9 novembre, retour sur une de ses chansons emblématiques, dont ont été dévoilés récemment le nouveau mixage, ainsi qu’une prise acoustique, en plus de la démo des sessions “Esher”, déjà connue des fans depuis longtemps.
Sommaire
La démo des sessions “Kinfauns / Esher” en mai 68
En mai 1968, de retour de leur voyage en Inde, John, Paul et George se retrouvent dans la maison de ce dernier (“Kinfauns” dans la commune d’Esher dans le Sussex) et y enregistrent les démos de ce qui va devenir le mythique “album blanc”. Ces démos, bien connues des fans depuis plusieurs décennies, sont sorties en versions pirates sous différentes éditions: “Kinfaus sessions”, “The Beatles unplugged”, “A doll”s house”, “Esher demos” etc…
George Harrison a composé While my guitar gently weeps en repensant au “Livre des transformations” : il lui donne l’idée d’écrire sur le principe chinois du I Ching (Yi Jing). Il décide d’ouvrir un livre au hasard et d’utiliser les premiers mots sur lesquels il tombe comme point de départ des paroles. il repose le livre et écrit sa chanson à partir des deux mots lus au hasard “gently” et “weeps”, soit “pleure doucement”
Il enregistre la chanson seul à la guitare acoustique, mais en doublant sa voix et sa guitare, par le principe d’overdub sur son petit multi-pistes. La version est plutôt rapide et contient des paroles qui ne figureront pas dans la version finale.
La chaine YouTube Officielle des Beatles a publié le 18 octobre cette version, qui même si elle figurait déjà sur des disques pirates, paraîtra officiellement sur l’édition 50 ans de l’album blanc :
La première version en studio en juillet 68
Fin mai, les Beatles entrent en studio dans une ambiance un peu chaotique. Ce n’est que fin juillet que George peut enfin commence à s’atteler à ses chansons. Et il commence par While my guitar gently weeps
Tous les morceaux ne sont pas encore finalisés. En témoigne cette version de la chanson enregistrée le 25 juillet 1968 aux studios Abbey Road, avec uniquement George à la guitare et Paul à l’harmonium. Cette version au tempo ralenti (et différente de celle déjà parue sur le coffret Anthology 3) fera elle aussi partie de l’édition spéciale du 9 novembre, et a été publiée également le 18 octobre.
Cette fois les paroles s’approchent plus de la version définitive, mais il subsiste encore quelques vers qui seront supprimés par la suite : « I look from the wings at the play you are staging / As I’m sitting here doing nothing but aging. »
La version définitive de l’album en septembre 68
Plusieurs prises sont effectuées les 3 et 5 septembre (cette dernière journée marquant d’ailleurs le “retour” de Ringo qui avait “quitté” le groupe pendant 2 semaines) : c’est Paul qui trouve la très belle intro au piano, tandis que George s’accompagne à la guitare acoustique. Plusieurs overdubbs sont réalisés : Ringo au tambourin, Paul à la basse Fuzz, et George double sa voix. John intervient peu, si ce n’est peut-être sur un doublement de la basse, et une guitare électrique qui ne sera pas retenue au mixage final.
Mais il manque quelque chose. George a alors l’idée de demander à son ami Eric Clapton de venir enregistrer un solo. D’abord réticent, celui-ci accepte finalement et vient en studio le 6. De la même façon que le fera Billy Preston lors des sessions “Get Back” en janvier 69, la présence d’Eric Clapton ce jour-là semble mettre de côté les tensions et querelles entre les 4 Beatles.
Tous se concentrent et livrent le meilleur d’eux-mêmes. Eric joue sur la Gibson les Paul “Lucy” de George (dont Eric lui avait fait cadeau) et ne fait qu’une seule prise pour ce solo devenu culte. Il est ensuite traité avec du “flanging” au moment du mixage, afin de le rendre “plus Beatles”.
La version mise en ligne ce 18 octobre, est celle remixée par Giles Martin (fils de George Martin). L’album blanc a en effet bénéficié d’un nouveau mixage, tout comme Sgt. Pepper l’année dernière. On y entend notamment certaines phrases à la guitare qui étaient noyées dans le mix d’origine.
L’album sort le 22 novembre 1968. Chaque exemplaire est numéroté (les numéros 1 à 4 revenant aux 4 Beatles) et sera un succès immédiat, jusqu’au prochain Abbey Road qui sortira moins d’un an plus tard et signera le chant du cygne des Fab Four (malgré la parution de Let it be en 1970, mais enregistré au début de l’année 1969).
La version remixée pour Love et le Cirque du Soleil
En 2007 sort cette version moins connue, remixée par George et Giles Martin pour l’album Love, et le spectacle du Cirque du Soleil. Il s’agit d’un mix entre la version acoustique originale et un nouvel arrangement pour cordes composé par l’ancien producteur et arrangeur des Beatles. Le résultat est magnifique et fait ressortir l’aspect émotionnel du morceau :
Les versions Live
Il n’existe pas énormément de versions live, en tout cas parues officiellement. Les deux plus notables sont celles-ci :
Concert pour le Bangladesh
1er août 1971 au Madison Square Garden de New York.
Eric Clapton joue étonnamment sur une Gibson Byrdland (alors qu’il utilise sa fameuse Stratocaster “Brownie”, celle de “Layla” sur le reste du concert), tandis que George Harrison joue sur sa Stratocaster “Olympic White”. Sur cette version c’est Clapton qui est plutôt en son clair, et Harrison en son saturé. On remarque Ringo Starr à la batterie (et Jim Keltner à la deuxième batterie) et d’autres musiciens éminents de l’époque : Leon Russell, Klaus Voorman, le groupe Badfinger….Sur ce morceau, Bob Dylan n’a pas encore fait son apparition, il arrive plus tard dans le concert.
Concert de charité “Prince Trust”
5 juin 1987 à la Wembley Arena, à Londres.
Encore un “all stars band” avec nombreuses pointures du gratin du rock des années 80 : Mark King (Level 42) à la basse, Ringo Starr (encore) et Phil Collins aux batteries, Elton John au piano, Jeff Lyne à la guitare…et toujours nos 2 frères ennemis George et Eric qui ferraillent les manches. George est toujours sur Stratocaster, en son clair cette fois, et Eric a ressorti la Les Paul (pas celle d’origine) en son saturé et livre un magnifique solo.
Enfin, on peut noter les innombrables reprises de la chanson, parmi lesquelles celles de Peter Frampton, Santana, Jeff Healey, celle pour l’intronisation posthume d’Harrison au Rock’nRoll Hall of Fame en 2004 avec Tom Petty, Jeff Lyne, Steve Winwood, Prince, et son fils Dhani, sans compter toutes les versions jouées par des anonymes qui fleurissent sur YouTube. Il suffit de taper les premiers mots du titre pour voir apparaître des pages entières de “covers” sous toutes les formes (Ukulele par exemple) et arrangements possibles.
“Concert For George”
On retiendra la version très émouvante jouée lors du “Concert For George” au Royal Albert Hall le 29 novembre 2002 (pour les 1 an de sa disparition) avec entre autres, son fils Dhani, Paul McCartney, Eric Clapton, Albert Lee, Jeff Lyne …
Un dernier hommage rendu au “quiet Beatle”, qui avait composé là son meilleur morceau, une des plus belles chansons des Beatles, et même de toute l’histoire du rock, qu’on ne peut s’empêcher d’écouter en “pleurant doucement”, tellement c’est beau.
Source : “Les Beatles, La Totale” de JM. Guesdon et P. Margotin, Ed. du Chêne
© Jean-François Convert – Octobre 2018
Quelle émotion en écoutant ce petit bijou issu de deux seuls mots !
Chapeau Georges et bravo aux Beatles qui enchantent toujours autant mes oreilles.
Merci au blog que je découvre pour ces différentes versions très intéressantes. J’avoue un petit faible pour le “Concert For George” avec son fils.
dans la version « Concert For George », Prince est exceptionnel !
personnellement je trouve qu’il en fait trop, mais c’est une question de gout
et puis ce n’est pas dans le Concert for George, mais dans l’intronisation posthume au Rock n Roll hall of fame en 2004
Merci pour toutes ces informations. Une chanson poignante, très douce, à l’image de George. Les Beatles ont marqué toute mon enfance. Je redécouvre certaines émotions en écoutant George ou John. Merci.
Je ne connaissais pas (pas ma génération et pas mon univers musical). Ma découverte de l’année (en retard). Une merveille.:)
très heureux de faire découvrir à d’autres générations et univers musicaux 🙂
Un morceau exceptionnel, fabuleux qui s’écoute à l’infini. Ma-gni-fique.
entièrement d’accord