Il y a 55 ans sortait ‘Waiting for the Sun’ des Doors

Le 3 juillet 1968 arrivait dans les bacs ce troisième album des Doors.

Pas évident de faire suite à un chef d’œuvre comme Strange Days. En 1968, les Doors sont tout de même encore largement en haut du panier des groupes de l’époque et livrent cet opus de bonne facture. Des chansons plutôt courtes à l’esprit pop et aux mélodies qu’on retient facilement, pas de final étiré en longueur comme sur les deux précédents opus, et le son typique des Doors qui parcourt l’album de bout en bout. Quant au titre il est lié au morceau qui aurait dû y figurer mais qui finalement n’apparaitra que sur Morrison Hotel deux ans plus tard.

Hello, I Love You

On débute avec une ritournelle qui n’est pas sans rappeler celle de All Day and All of the Night des Kinks. Sur cette version live on aperçoit que Robby Krieger délaisse un temps sa SG fétiche :

Love Street

Une ode de plus à Pamela Courson, la compagne de Jim Morrison. Jolie mélodie jazzy et piano sautillant pour accompagner des paroles nostalgiques. Comme sur la plupart des titres de l’album, la basse de Douglas Lubahn enrichit réellement les arrangements, ici elle ouvre même le bal. A la différence des deux premiers opus, Waiting for the Sun ne contient aucun morceau où Manzarek joue les basses.

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Jim Morrison et Pamela Courson à une soirée le 24 janvier 1968 © Max Miller/Fotos International/Getty Images

Not to Touch the Earth

A l’origine, le groupe devait enregistrer le long poème The Celebration of the Lizard (« La célébration du Lézard ») qui était en fait la réunion de plusieurs poèmes de Morrison. Seul cet extrait « Ne pas toucher (la) terre » a été conservé pour le disque et le texte intégral a été imprimé sur le livret. Une déception pour le chanteur-poète qui marquera un début de divergences avec les autres membres du groupe.

Summer’s Almost Gone

Morceau très mélancolique où la slide de Robby épouse la voix un brin désespérée de Jim. Cette version live de mars 1967 montre que la chanson a été composée bien avant l’enregistrement de l’album :

Wintertime Love

Après la « fin de l’été » vient « l’amour hivernal », paradoxalement plus enjoué. Le morceau le plus court de l’album revêt des couleurs européennes avec son rythme en valse et le son typique de Manzarek.

The Unknown Soldier

Ici la basse est tenue par Kerry Magness. Ce manifeste antimilitariste faisait partie des morceaux de bravoure sur scène pendant les concerts des Doors, avec une simulation du peloton d’exécution :

Spanish Caravan

Une contrebasse jouée par Leroy Vinnegar vient compléter la basse électrique de Lubahn. Mais ce qui fait la particularité du morceau c’est que Robby Krieger l’introduit par le célèbre thème Asturias, d’Isaac Albéniz, interprété à la guitare classique. Il le reprend plus tard dans la chanson à l’électrique, toute fuzz dehors. J’ai toujours pensé que Brian May avait repris la même idée dans Innuendo : la même mélodie d’abord jouée sur cordes en nylon, avant de la reprendre sur électrique en faisant rugir l’ampli. En live, Krieger la jouait entièrement sur sa SG :

Et sur la chaine officielle du groupe, le guitariste s’est même fendu d’une vidéo explicative pour apprendre à jouer cette fameuse intro :

My Wild Love

Une incantation chamanique a capella qui rappelle le goût de Morrison pour les coutumes indiennes. On a l’impression d’assister à une danse de la pluie ou une invocation de sorcier. Pourtant, le titre laisse penser qu’il s’agit plutôt d’une chanson adressée à sa dulcinée.

We Could Be So Good Together

Un morceau optimiste qui avait déjà été enregistré lors des sessions de Strange Days, et même envisagé dans une première tracklist. Riff entêtant au clavier doublé par la basse, puis la guitare au son très saturé. Et question guitares, le solo en enchevêtre plusieurs. Krieger reprendra un peu ce procédé sur le bluesy Been down so Long.

Yes, the River Knows

Une des plus belles chansons des Doors et une de mes préférées. Tout est parfait dans ce morceau : la voix romantique de Jim, le piano délicat de Ray, la guitare aérienne de Robby, et la rythmique jazzy de John, le tout soutenu par la basse discrète de Douglas Lubahn.

Five to One

Même si l’album ne se termine pas sur une pièce aussi épique que The end ou When the music’s over, il en prolonge quand même un peu le message. Après avoir scandé « nous voulons le monde et nous le voulons maintenant », Morrison appelle clairement à l’insurrection dans Five to one. La chanson est en phase avec le climat de révolte qui règne aux Etats-Unis à cette période, et le chanteur des Doors va vite être perçu par les autorités comme potentiellement dangereux, et à surveiller de près…

Le monde, ils pensaient l’avoir à portée de main comme beaucoup à cette époque. L’idéal hippie ne survivra pas longtemps au cynisme des seventies, mais en 1968 tout était encore possible et ce disque laissait vivre les rêves « en attendant le soleil ». Un album sorti il y a tout juste 55 ans aujourd’hui.

© Jean-François Convert – Juillet 2023

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