Le guitariste des Shadows est né le 29 octobre 1941. Une légende vivante qui a inspiré des générations d’aficionados de six-cordes.

Même les personnes qui ne s’intéressent pas la guitare connaissent le son d’Hank Marvin. Son jeu caractéristique est instantanément reconnaissable. Gorgée d’écho et branchée dans un ampli Vox (d’abord AC15 puis plus tard AC30), sa Stratocaster a livré moult mélodies que tout le monde a entendu au moins une fois. Avec son groupe The Shadows (les musiciens dans « l’ombre » de Cliff Richard), ils ont fait une spécialité de reprendre des chansons en version instrumentale. Impossible de ne jamais avoir entendu Wonderful Land (no 1 en 1962, le titre le plus vendu en Grande-Bretagne de toute la décennie 1960, plus qu’aucun autre single, y compris des Beatles !) ou bien évidemment l’iconique Apache :
Hank Marvin n’a jamais arboré un look de rockstar, quoiqu’avec ses lunettes, il peut rappeler Buddy Holly. Et surtout en jouant sur le même modèle de guitare ! La légende raconte qu’il aurait reçu la toute première Stratocaster importée au Royaume-Uni.
À l’origine Cliff Richard, insatisfait du son de la guitare de Hank Marvin, l’invite à en choisir une nouvelle. Amoureux du son de James Burton, guitariste de Ricky Nelson puis plus tard d’Elvis Presley, Cliff Richard et Hank Marvin décident de commander une guitare de la même marque : Fender. Ils ignoraient le modèle exact et demandèrent au luthier américain un catalogue. James Burton jouait sur une Telecaster mais Cliff Richard et Hank Marvin tombèrent sous le charme d’un nouveau modèle baptisé Stratocaster. Bien qu’elle fût alors le modèle le plus cher du catalogue, Cliff Richard la commanda pour Hank Marvin. Cette guitare est actuellement (en 2006) en possession de Bruce Welch. (source Wikipedia).

Et cette Stratocaster en finition Fiesta Red va en faire rêver plus d’un. « Elle devait forcément être rouge » (« it had to be red ») raconte Mark Knopfler quand il parle de sa toute première guitare. « Une couleur qui fait penser à une Ferrari ». Pas étonnant quand on sait que les teintes proposées par Fender étaient inspirées des catalogues de voitures : Olympic White, Surf Green, Fiesta Red étaient des coloris qu’on pouvait trouver chez Ford ou Cadillac !
Alors oui, la Strato rouge reste un des modèles les plus emblématiques de l’histoire du rock, grâce à Hank Marvin. Après lui, d’autres guitaristes comme Jimi Hendrix, Eric Clapton, David Gilmour, Gary Moore, Mike Oldfield, Chris Rea, Popa Chubby, Mike Rutherford, Louis Bertignac, Stevie Ray Vaughan, et même Pete Townshend, ou plus récemment Kirk Fletcher, ont eu entre leurs mains une Stratocaster rouge à un moment donné. Et cette liste est bien loin d’être exhaustive.
Moi-même, j’ai opté pour ce coloris sur ma première guitare électrique :
L’un de ses plus fervents admirateurs, Mark Knopfler, a raconté moult fois cette idolâtrie, en interview, ou même sur scène quand le guitariste des Shadows a rejoint Dire Straits pour interpréter l’instrumental Going Home issu de la B.O du film Local Hero :
Et lorsque Mark Knopfler a réenregistré ce morceau récemment en invitant pléthore de guitaristes, Marvin était bien sûr de la partie. Il y figure ainsi aux côtés de nombre de ses émules, car on ne compte plus les joueurs de six-cordes qui se sont réclamés d’avoir eu envie d’apprendre la guitare grâce à lui.
Dire qu’Hank Marvin a influencé plusieurs générations de guitaristes est un euphémisme. Son style avec le petit coup de barre de vibrato en fin de phrase est devenu un élément crucial du langage guitaristique. Cette façon de faire trembler légèrement la note est ancrée dans l’inconscient collectif. Même Mark Knopfler, réputé pour son jeu en fingerpicking, a souvent opté pour un jeu « à la Hank Marvin », avec mediator, reverb prononcée et vibrato appuyé, afin d’obtenir le fameux son « twang » (► plus d’infos dans cette chronique).
Enfin, hommage ultime, il a même une chanson à son nom composée par Richard Hawley : I’m Absolutely Hank Marvin ! Rien de surprenant alors à ce qu’on qualifie souvent Hank Marvin comme le guitariste européen le plus influent du siècle. Une des chansons de Neil Young s’appelle From Hank to Hendrix (sur Harvest Moon en 1992), histoire de rappeler que le binoclard anglais peut être érigé au même rang que le divin gaucher (qui citait d’ailleurs Marvin dans ses mentors). Happy Birthday Hank !
© Jean-François Convert – Octobre 2025





