On a appris via ses proches sur Twitter que Ginger Baker est mort ce matin. Un des très grands batteurs du rock qui avait su sortir du cadre du classic-rock.
We are very sad to say that Ginger has passed away peacefully in hospital this morning. Thank you to everyone for your kind words over the past weeks.
— Ginger Baker (@GingerBDrums) 6 octobre 2019
« Nous sommes très tristes d’annoncer que Ginger est décédé paisiblement à l’hôpital ce matin. Merci à tout le monde pour vos gentils mots ces dernières semaines »
C’est ainsi que les proches de Ginger Baker ont annoncé en fin de mâtinée sa disparition survenue ce matin.
Connu essentiellement pour avoir fondé le fameux Power Trio Cream avec Eric Clapton et Jack Bruce en 1966, il avait auparavant officié au sein des groupes d’Alexis Korner et Graham Bond (des pères du british Blues Boom) où il rencontre Jack Bruce.
C’est sans doute dans ces 2 formations qu’il a acquis une culture musicale plutôt orientée jazz. Il a ensuite su incorporer différents éléments dans son jeu, et s’affranchir du sempiternel rythme binaire. Dans le documentaire de la série Classic Albums consacré à Disraeli Gears, 2ème album de Cream, Clapton explique que Baker appuyait souvent sur les temps 2 et 4 d’une mesure à 4 temps, au lieu des temps 1 et 3 comme c’est normalement le cas dans le rock. C’est particulièrement perceptible dans Sunshine of your love, et donne ce côté mi-africain, mi-amérindien.
Avec Cream, il va propulser la batterie comme un instrument soliste, au même titre que le chant ou la guitare. Les performances du trio laissaient d’ailleurs toute latitude aux 3 membres, et chacun pouvait se positionner en leader à un moment ou un autre.
Il est un des premiers batteurs de rock à utiliser une double grosse caisse sur son kit (dans le jazz, Louie Bellson a sans doute été le précurseur de ce dispositif). Son jeu, révolutionnaire à l’époque, l’amène à produire des solos marathoniens de plus de 10 minutes, le plus célèbre étant Toad.
En dehors de ses prouesses à la batterie, il a également composé, écrit et chanté Blue condition (sur Disraeli Gears en 1967) et co-composé Pressed Rat and Warthog (sur lequel il parle plus qu’il ne chante) et Passing the Time, 2 morceaux sur Wheels of fire, en 1968. Enfin, il chante également en trio avec Bruce et Clapton sur le traditionnel Mother’s Lament (sur Disraeli Gears en 1967).
Les relations s’enveniment entre Bruce et Baker et le groupe se sépare fin 1968. Mais le batteur va rapidement retrouver le guitariste, car Clapton et son ami Steve Winwood s’apprêtent à fonder Blind Faith, supergroupe qui ne durera pas plus d’un an. Au sein du quatuor (avec Rick Grech à la basse), Baker se fait plus discret, mais signe à nouveau un solo de batterie dantesque sur Do what you like. La différence de ce morceau avec celui de Cream est qu’ici, chacun des instrumentistes prend à son tour le solo, et que la batterie n’est « qu’un » des 4 solistes.
Après la séparation de Blind Faith, Ginger Baker fonde le Ginger Baker’s Air Force et va ensuite jouer dans diverses formations jazz-rock durant les seventies et eighties. En 1980 il rejoint Hawkwind pour un album et une tournée.
Une anecdote : En 1976 il traverse le Sahara avec Keith Gerrard. Ce voyage a duré quatre jours et a été le plan du premier Paris Dakar en 1978.
En 2005, le power trio le plus célèbre du rock britannique se reforme pour une série de concerts au Royal Albert Hall (playlist complète ici). Le batteur montre qu’il n’a rien perdu de sa virtuosité, et qu’il peut encore déclamer le texte de Pressed Rat and Warthog, tout en jouant des baguettes, des fûts et des cymbales.
Depuis 2016 il était retiré de la scène musicale, suite à une opération à cœur ouvert et des problèmes d’arthrose.
Après la disparition de Jack Bruce le 25 octobre 2014 (soit presque exactement 5 ans, à quelques jours près), Eric Clapton reste le dernier légataire musical de Cream, ce trio légendaire qui a tellement influencé de nombreux groupes de rock. Si Clapton a été l’un des premiers guitaristes à user du feedback, et ainsi donner des idées à un certain Jimi Hendrix, Ginger Baker a pour sûr influencé moult batteurs et fait incontestablement partie du trio de tête, avec John Bohnam et Keith Moon. Le rock a perdu aujourd’hui un immense musicien, et plus les années passent, plus les représentants de cet âge d’or s’en vont…c’est la vie. Heureusement, il reste leur musique, éternelle.
Crédit photo en-tête : Ginger Baker’s Energy band, 21st March 1980. Zemun, Yugoslavia (now Serbia) © Zoran Veselinovic
Bonjour,
Je voudrais signaler une légère confusion. Ginger Baker n’est pas « l’un des premiers batteurs (sinon le premier) à utiliser une double grosse caisse sur son kit. »En fait le tout premier batteur à se servir d’une double grosse caisse est Louie Bellso, batteur de jazz. Voilà.
Ouèche.
Keep On Boppin On
Merci pour cette précision. je vais corriger en indiquant « l’un des tous premiers batteurs DE ROCK » et en mentionnant Bellson. Merci