L’odyssée de Carlos Santana en film

Mes impressions sur le film ‘Carlos – L’Odyssée Santana’, que je suis allé voir dimanche soir.

Musique et cinéma

Le monde de la musique est souvent célébré au cinéma. Il y a plusieurs façons : les biopics romancés, par exemple avec Elvis ou Bohemian Rhapsody, la retransmission de concerts comme on l’a vu notamment pour Roger Waters ou David Gilmour, et enfin les documentaires. C’était les cas pour entre autres Eric Clapton dans Life in 12 bars, David Bowie dans Moonage Daydream, et Bruce Springsteen qui dans Western stars mêlait show et interviews.

Carlos – L’Odyssée Santana (The Santana Journey en V.O) fait partie de la troisième catégorie. le film était projeté dans le réseau Pathé ces 24 et 25 septembre. J’ai assisté à la projection du premier soir.

Un film à la première personne

C’est une formule qui semble être devenue l’étalon des nouveaux documentaires musicaux depuis quelque temps : la voix off narrative est celle de l’artiste, à travers des interviews. Pas de regard extérieur (si ce n’est quelques ami-es et membres de la famille) mais plutôt une sorte d’autobiographie filmée. Life in 12 bars pour Eric Clapton et Moonage Daydream pour David Bowie avaient déjà adopté ce procédé.

Carlos Santana nous raconte ainsi sa vie, depuis ses débuts dans l’orchestre mariachi de son père à San Francisco jusqu’à sa renommée mondiale actuelle. Il se livre beaucoup et évoque ses blessures d’enfance, ses premiers ressentis du racisme envers les mexicains, son parcours spirituel et le choix de la méditation, et avoue n’avoir appris que récemment le sens de Jingo. Le sujet de la drogue n’est pas éludé, et le guitariste nous apporte même des précisions quant à l’explication du fameux serpent pour le manche de sa Gibson SG à Woodstock, un serpent qui devient même la conclusion du film en forme de symbole initiatique.

Des documents inédits

De nombreuses anecdotes parcourent le film, la plus drôle étant celle où son père pense que les hippies n’avaient pas de quoi se payer un paquet de cigarettes parce qu’ils étaient obligés de se les partager… 😅 D’autres moments touchants témoignent de l’affection de Carlos pour ses parents et les interventions de ses frères et sœurs ancrent le musicien dans son identité familiale. Des films amateurs et des photos issues des archives personnelles montrent les Santana au quotidien, et on entend même le tout premier enregistrement d’une répétition du jeune guitariste avec son premier groupe en 1966 alors qu’il n’a que 19 ans.

Plus tard, d’autres séquences filmées par lui-même, le montrent travaillant ses maquettes musicales chez lui. On le voit autant dans son intimité avec ses enfants que sur les scènes de stades géants pour des concerts pharaonesques.

Avant même le premier album et Woodstock, les images des concerts au Fillmore en 1968-89 offrent des documents d’époque plutôt rares, qui n’étaient jusqu’à présent disponibles qu’en pirates. Sur 1h30, le film réalisé par Rudy Valdez (primé aux Emmy Awards) et produit par Ron Howard et Brian Grazer conjugue habilement les passages quasiment inédits avec ceux plus connus, comme par exemple la première apparition du groupe à la célèbre émission The Ed sullivan Show.

« C’est ce que je suis »

Les interventions du musicien reviennent souvent sur la spiritualité. Les rapports humains, la foi en sa bonne étoile, la vision d’un destin… des notions qui sont au centre du propos du film. Et même quand il évoque sa première influence guitaristique en la personne de Javier Bátiz, ce n’est pas uniquement pour parler de matériel, d’amplification, ou de façon de jouer, mais aussi et surtout de la dévotion complète à la musique et de choisir une voie, sans aucune hésitation : « j’ai compris que c’était ce que je voulais faire pendant tout le reste de ma vie. C’est ce que je suis ».


Un film qui montre Carlos Santana tel qu’il est : un artiste qui n’a jamais douté de son but et qui est aujourd’hui un des guitaristes les plus célèbres de la planète. On peut sans exagérer lui reconnaitre le titre de père du rock latino. Dans une des interviews, on entend Bill Graham, le directeur du Fillmore, dire du musicien : « tu es le fils de Sergio Mendes et B.B. King ». Un adage qui résume assez bien la musique de Santana.

© Jean-François Convert – Septembre 2023

Étiqueté , , , , , , ,

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error

Suivez ce blog sur les réseaux