Il y a 5 ans sortait la B.O. de ‘Altamira’ par Mark knopfler et Evelyn Glennie

Le 1er avril 2016 arrivait dans la bacs la dernière musique de film composée par Mark Knopfler à ce jour : celle de ‘Altamira’, réalisé par Hugh Hudson, avec Antonio Banderas.

C’est la dixième fois de sa carrière que Mark Knopfler a composé pour un film (si on inclut le morceau Two brothers and a stranger pour Color of money). Il a toujours avoué ne pas beaucoup apprécier l’exercice et se faire prier pour accéder aux doléances des réalisateurs. Mais bien qu’il ne sente pas dans sa zone de confort en s’aventurant dans ce domaine, il a tout de même écrit de très belles mélodies parmi ses musiques de films.

Après plusieurs bandes originales fortement influencées par la musique celtique et notamment ses racines écossaises (Local hero, Cal, A shot at glory), d’autres à dominance plus jazzy (Comfort & Joy, Metroland) ou country-laidback (Wag the dog), Mark Knopfler a de nouveau exploré le terrain du classique comme il l’avait déjà fait avec Princess Bride et Last exit to Brooklyn. Mais cette fois en reprenant la guitare (acoustique), et en étant accompagné par de vrais instruments, et non des synthétiseurs comme dans les eighties.

Le film raconte l’histoire de Marcelino Sanz de Sautuola qui a découvert les peintures rupestres de la grotte d’Altamira, équivalent espagnol de nos Lascaux et Chauvet, mais qui seront mis à jour bien plus tard. Une découverte qui ébranle aussi bien les certitudes de l’Espagne catholique que l’arrogance de paléontologues confirmés, tel le français Émile Cartailhac. Celui-ci accusera Sanz de falsification et ne fera ses excuses à la famille que 14 ans après sa mort.

Réalisé par l’anglais Hugh Hudson (Les chariots de feu, Greystoke, Révolution …), la co-production est franco-espagnole, et le casting réunit Antonio Banderas, Pierre Niney et Golshifteh Farahani.

Pour illustrer les ambiances villageoises et bucoliques, la guitare folk de Mark Knopfler distille des thèmes simples et discrets en alternant le mélancolique voire mélodramatique (le thème principal récurrent, ainsi que Glory Of The Cave) et le délicieusement léger et enjoué (le thème de Maria, la fille, et également This Is Science). Le très beau passage intitulé Marcelino’s Despair et le final Farewell To Altamira ont des airs de Morricone, qui rappelons-le, est une des influences et idoles de Mark.

Mais le point central du film se situe bien entendu dans la contemplation et l’émerveillement des peintures préhistoriques ornant les parois de la grotte.

Altamira vu par © Denys Legros

Et pour retranscrire cette atmosphère particulière, le guitariste-compositeur choisit de faire appel à Evelyn Glennie, une percussionniste écossaise. Sourde depuis l’âge de 12 ans, elle parraine de nombreuses associations d’aide aux jeunes musiciens sourds. C’est elle qui signe les morceaux Dream Of The Bison et Farewell To The Bison. Même si elle joue aussi sur le reste de l’album, ce sont essentiellement ces deux titres où on peut l’entendre vraiment à l’œuvre.

Evelyn Glennie, Moers Festival, 30 mai 2004 © Michael Hoefner

A travers le Vibraphone et la Marimba, ainsi que d’autres percussions, elle instaure une ambiance très particulière entre onirisme et mysticisme. Tout le thème en filigrane du film : la remise en question de nos certitudes sur ce qu’on a appris depuis toujours.

Si l’on omet la BO de La couleur de l’argent, où il figurait au sein d’un collectif de plusieurs artistes, c’est la première fois que Mark Knopfler co-signe une musique de film et qu’il apparait en duo sur la pochette du disque. Il s’était rendu le 31 mars 2016 à Madrid pour la première de Altamira, en compagnie de l’équipe du film. Et le lendemain, 1er avril, sortait officiellement la Bande Originale, sa dernière à ce jour. C’était il y a tout juste 5 ans.

Mark Knopfler le 31 mars 2016 à Madrid, pour la premère du film © Gabriel Maseda / NurPhoto

© Jean-François Convert – Avril 2021

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