Le 13 juillet 1985, deux concerts organisés par Bob Geldof et Midge Ure réunissaient la fine fleur du rock de l’époque à Londres et Philadelphie en vue de lever des fonds pour soulager la famine éthiopienne en cours lors de cette année-là.

Le Live Aid n’est pas le tout premier concert caritatif de l’histoire du rock. Avant lui il y avait déjà eu, entre autres, celui pour le Bangladesh organisé par George Harrison et Ravi Shankar en août 1971 au Madison Square Garde de New York, suivi quelques semaines plus tard par le Goodbye Summer, au Oval Cricket à Londres.
Mais le Live Aid est sans conteste le plus célèbre et celui qui a enclenché la vague d’événements du même type dans les années suivantes, notamment Knebworth en 1990, ou dans un autre domaine ceux en soutien et hommage à Mandela en 1988 et 1990. Son logo est resté dans toutes les mémoires et sera réutilisé en 2005 pour le Live 8 (concert donné le 2 juillet 2005, à l’occasion du sommet des pays du G8).
Le live Aid se créé dans le contexte de la famine en Ethiopie qui sévit en 1984-85. Il fait suite au collectif USA for Africa qui enregistre le 28 janvier 1985 la chanson We Are the World, sur l’album du même nom. Le morceau devient un tube et permet de récolter des fonds destinés à aider l’Afrique. 44 artistes entonnent le refrain composé par Michael Jackson et Lionel Richie, devenu le standard étalon de la chanson caritative. L’année dernière, le documentaire The Greatest Night in Pop en racontait les coulisses de l’enregistrement en une nuit. La même année, un collectif français autour de Renaud enregistre la chanson Ethiopie dans le même esprit.
We Are the World est tout naturellement interprété sur la scène du Live Aid le 13 juillet 1985 qui voit défiler un casting de rockstars inégalé. Voici la liste impressionnante des participants par ordre alphabétique :
- Adam Ant
- Alison Moyet
- Ashford and Simpson
- B. B. King
- Band Aid
- Bernard Watson
- Billy Ocean
- Black Sabbath
- Bob Dylan
- The Boomtown Rats
- Bryan Adams
- Bryan Ferry (avec David Gilmour)
- Carlos Santana
- Cliff Richard
- Crosby, Stills, Nash and Young
- David Bowie (avec Thomas Dolby)
- Dire Straits
- Duran Duran
- Elton John (avec Kiki Dee)
- Elvis Costello
- Eric Clapton
- Foreigner
- Freddie Mercury et Brian May
- George Thorogood / Bo Diddley / Albert Collins
- Hall and Oates (avec G.E. Smith de Saturday Night Live à la guitare) / Eddie Kendricks / David Ruffin
- Howard Jones
- INXS
- Joan Baez (introduite par Jack Nicholson)
- Judas Priest
- Keith Richards / Ronnie Wood
- Kenny Loggins
- Robert Plant, Jimmy Page, John Paul Jones (avec Phil Collins et Tony Thompson à la batterie)
- Loudness
- Madonna
- Mick Jagger
- Neil Young
- Nik Kershaw
- Pat Metheny
- Patti LaBelle
- Paul McCartney
- Paul Young
- Phil Collins
- Queen (introduits par Mel Smith et Griff Rhys Jones)
- REO Speedwagon
- Rick Springfield
- Run D.M.C
- Sade
- Simple Minds
- Spandau Ballet
- Status Quo
- Sting (avec Branford Marsalis)
- Teddy Pendergrass
- The Beach Boys
- The Cars
- The Four Tops
- The Hooters
- The Power Station
- The Pretenders
- The Style Council
- The Who
- Thompson Twins
- Thompson Twins avec Madonna
- Tina Turner
- Tom Petty
- U2
- Udo Lindenberg
- Ultravox
- USA for Africa (dirigé par Lionel Richie)
- Wham!
Pour fêter les 40 ans de l’événement, la chaine YouTube du Live Aid met en ligne aujourd’hui l’intégralité du concert, plus de 10 heures de musique !
C’est l’occasion de revivre ces moments qui ont fait vibrer la planète rock des eighties. Parmi les prestations les plus marquantes, beaucoup s’accordent à dire que Queen a littéralement cassé la baraque ce jour-là. Le passage du groupe est relaté dans le biopic Bohemian Rhapsody qui en montre l’ampleur et l’impact causé sur le public présent et les millions de téléspectateurs devant leur poste. Le film va même jusqu’à grossir le trait en sous-entendant que la performance de Queen aurait fait décoller les compteurs de dons, ce qui est bien sûr très exagéré.
On remarque dans ce même film que lorsque Mercury et ses comparses sont en loge avant de rentrer dans l’arène, on entend le groupe alors en scène qui n’est autre que Dire Straits en train d’interpréter Sultans of swing et son final caractéristique en apothéose. Les notes de Mark Knopfler virevoltent au son de sa Stratocaster Schecter Candy Apple Red.
Juste avant, le groupe a joué Money for Nothing en compagnie de Sting, comme sur la version studio. En juillet 1985, Dire Straits est au sommet de sa gloire avec l’album Brothers in arms qui truste le haut des charts, et la tournée qui se joue à guichets fermés. Il est amusant de noter que le même jour, le groupe joue le soir à la Wembley Arena, située juste en face du stade de Wembley. Les musiciens racontent qu’après leur passage au Live Aid, ils ont eu simplement à traverser la rue pour aller faire leurs balances en vue de leur concert le soir. La newsletter de l’époque l’explique à destination des fans :
Il s’agit d’un des rares concerts de Dire Straits où on peut apercevoir clairement le percussionniste Joop de Korte à l’œuvre, aux côtés du batteur Terry Williams. Sur la tournée précédente, et notamment le live Alchemy, il jouait caché derrière la scène. Le claviériste Guy Fletcher a rapporté qu’il s’agit sans aucun doute et sans surprise de la plus grande audience devant lequel le groupe n’ait jamais joué.
Il en va forcément de la plupart des artistes présents ce jour-là.
On peut retenir de nombreuses prestations. Il en découle un choix subjectif qui se fait naturellement en fonction du goût de chacun. Pour ma part, il se porte spontanément vers les références du genre : Clapton, McCartney, Who, Dylan, Baez, CSNY… mais aussi le plaisir de voir des vétérans du blues comme BB King, Albert Collins, Bo Diddley… et surtout la « réunion » symbolique de Led Zeppelin avec Phil Collins prenant les baguettes pour remplacer le défunt Bonham.
Et ce même Phil Collins réussit la performance de jouer aux deux endroits : à Londres et Philadelphie ! Ceci grâce au décalage et horaire et… au Concorde. Comme quoi, la technologie de pointe française a aussi à sa manière contribué à cet événement !
Un événement qui a fait date dans l’histoire du rock, mais aussi dans la médiatisation de la souffrance du tiers-monde. On peut déplorer que cela n’ait pas suffi à changer durablement les rapports nord-sud, mais on doit reconnaitre au milieu de la musique d’avoir souvent tenté d’apporter sa contribution à la construction d’un monde plus juste. le Live Aid en était un de ses moments forts. C’était il y a tout juste 40 ans aujourd’hui.

© Jean-François Convert – Juillet 2025