Le petit frère de Mark Knopfler est né le 28 décembre 1952.
Avec un un frère aussi célèbre, difficile de sortir de l’ombre. Malgré sa carrière solo, David restera toujours le « frère de… », Et pourtant c’est quand même un peu lui à l’origine de la formation de Dire Straits. C’est lui qui s’établit en colocation avec un certain John Illsley en 1976, et invite son frère ainé Mark à les rejoindre en vue de créer un groupe… C’est la première formule de Dire Straits qui joue pendant trois ans, entre 1977 et 1980, et sort deux albums, le premier éponyme et Communiqué. Le quatuor offre un son compact et resserré, dynamique et énergique, comme on peut l’entendre sur la sortie récente du Live at the Rainbow 1979 figurant dans le coffret Live 1979-1992. Juste deux guitares, une basse, et une batterie. Le rock dans son essence la plus basique, mais souvent la plus efficace.
Parmi ses interventions, on peut noter son utilisation du Phaser (intégré à son ampli Peavey Deuce VT) sur Down to the waterline ou Once upon a time in the west, ses rythmiques bien assurées en live sur des morceaux où Mark les jouait en studio, notamment Setting me up, Wild west end ou encore Single handed sailor, et enfin sa capacité à prendre occasionnellement le piano, par exemple sur Portobello Belle (Live au Barbarella’s). Mes amateurs de détails auront d’ailleurs remarqué que sur la réédition du Live at the BBC figurant sur le coffret Live 1979-1992, on entend l’animateur radio présenter David à la guitare et au clavier (à 5:42 sur la vidéo ci-dessous)… sans doute parce que Portobello Belle a été joué à ce concert (mais n’apparait pas sur le disque).
Pendant ces premières années, David a bien essayé de proposer quelques unes de ses compostions (Sacred loving, Bernadette…), mais celles-ci ont rapidement été écartées du répertoire, et ce, dès les premiers enregistrements, notamment la toute première demo du groupe en juillet 1977, avec le morceau Sacred loving :
A ce jour, un seul morceau « officiel » du groupe affiche son nom au crédit des auteurs : Whats’ the matter baby, co-signé avec Mark, et qu’on trouve sur le Live at the BBC, enregistré en juillet 1978 et sorti en 1995.
Comme souvent dans bien des groupes, la fratrie n’a pas résisté à la pression du succès. On peut citer les exemples des Fogerty dans Creedence Clearwater Revival, les Davies dans les Kinks, les Gallagher dans Oasis… mais il existe aussi des contre-exemples comme les Allman Brothers, encore que dans ce dernier cas, on ne sait pas ce qu’il serait advenu si Duane avait vécu plus longtemps. On pense également à des groupes composés de fratries dont la longévité a tenu malgré les remous du showbizz : Les Corrs, les Cowboy Junkies, les Black Crowes…
Au cours de l’enregistrement de l’album de Making Movies en juillet 1980 a lieu une dispute entre Mark et David, dont les tenants et aboutissants restent encore aujourd’hui obscurs… suprématie de Mark dans le groupe ? incompétence musicale de David ? relents de rancœurs de l’enfance ?… sans doute un peu de tout mélangé.
Ils semblent s’être réconciliés peu de temps après, Mark apparaissant sur l’album Release de David en 1983, et même jouant avec lui le morceau Madonna’s Daughter sur un plateau de la télévision italienne en 1984 :
Mais en 1998, lors de la sortie du Best-of Sultans of swing, des problèmes de droits et de reversements de royalties sont réapparus et ont a nouveau brouillé les deux frères. L’intronisation de Dire Straits en 2018 au Rock’N’Roll Hall of Fame pouvait laisser espérer une reformation du lien-up originel, même éphémère, le temps d’un show, mais elle n’a pas eu lieu. David avait annoncé être partant pour participer, mais le taciturne et bougon Mark n’a pas daigné s’y déplacer…
Il semblerait qu’aujourd’hui Mark et David se reparlent en privé un peu plus qu’avant… Espérons-le, ne serait-ce que pour eux deux. La réconciliation, même tardive, est toujours préférable quand elle est possible. Bon anniversaire David !
© Jean-François Convert – Décembre 2023
Merci Jef pour ce « rendre à César, ce qui appartient à César ». Je me demande pourquoi dénigrer ce bonhomme (enlever sa contribution de Making Movies, comme un ingrat), lui qui avait pourtant jeter la base du groupe, aider MK à surmonter sa déprime, et même l’introduire au magasin de guitares Rudy. Ironiquement, c’est David qui ne voulait pas de tournées lassantes, avant d’être suivi après par Pick et … MK lui-même ! On dit que David avait marre du comportement dominateur « bossy » de MK, depuis le retour ce dernier d’une session d’enregistrement avec le « Boss » Springsteen. Son départ n’avait fait que confirmer les doutes d’Ed Bicknell quant à la suite du groupe.