Ange et Deep Purple au Printemps de Pérouges

Deux légendes des seventies étaient mardi soir sur la scène du Printemps de Pérouges : Deep Purple et Ange. Mais grosse déception pour Gaëlle Buswel qui n’a pas pu jouer suite à des retards d’organisation du festival.

Des soucis d’organisation

Ce 28 juin, c’était une très belle affiche annoncée sur la scène du Printemps de Pérouges, un festival qui comme beaucoup d’autres voyait enfin le bout du tunnel après deux années noires, et fêtait sa 25ème édition. Je me faisais une joie de voir Gaëlle Buswel, Ange, et Deep Purple : une artiste que je suis depuis maintenant 5 ans et que j’ai eu le plaisir d’interviewer et rencontrer à deux reprises, le chef de file du rock progressif français dont j’ai eu également la chance d’interviewer le leader Christian Décamps, et enfin une légende du rock anglo-saxon des années 70, considéré comme un des trois piliers de la sainte-trinité hard-rock, avec Led Zeppelin et Black Sabbath.

Arrivé vers 16h30-17h, je pensais pouvoir aller saluer au moins Gaëlle et Christian Décamps, mais cela n’a pas été possible. J’ai compris ensuite que la situation backstage était compliquée.

En effet, de gros retards ont été pris dans l’installation de la scène et de la régie technique, ce qui a malheureusement obligé la direction du festival à réduire la programmation aux deux têtes d’affiche. Gaëlle n’est finalement pas montée sur scène, et je partage son immense déception, alors qu’elle avait annoncé le concert encore quelques heures avant.

Ange

C’est donc Ange qui a ouvert le bal avec un set raccourci d’un morceau par rapport à leur setlist prévue. Visiblement il fallait vraiment rattraper le retard…

Après une très belle introduction instrumentale, notamment par le jeu du guitariste Hassan Hajdi, au son planant et arérien, Christian Décamps est arrivé avec sa silhouette caractéristique qu’on pourrait situer à mi-chemin entre Dr. John et Hagrid. D’autres personnes dans le public ont perçu une connexion avec Harry Potter lorsque le chanteur a entonné L’apprenti sorcier… accompagné d’une chouette !

Pour Capitaine cœur de miel, Décamps a joué le vieux loup de mer, affublé d’une casquette à la Capitaine Haddock et mimant de vider sa bouteille d’alcool.

La setlist mêlait se concentrait plutôt sur des titres classiques des années 70. Seul Le rêve est à rêver était issu dans la « deuxième vie » du groupe (à partir de 1997).

De son côté, Tristan Décamps, fils de Christian Décamps et aux claviers dans le groupe depuis 1997 (tout comme le guitariste et le bassiste), a généré des sons singuliers que n’aurait pas renié Tony Banks de Genesis. Parfois même des bruitages, pour offir une ambiance cinématographique. Les 4 musiciens ont assuré les arrangements complexes propres aux compositions du groupe, typique du rock progressif.

Le set de 50 minutes s’est clôturé sur le célébrissime Ces gens-là. Ange avait repris cette chanson de Brel sur l’album Le Cimetière des Arlequins, paru en 1973.

Deep Purple

Puis derrière vient le mastodonte tant attendu du public. Pour ma part je n’ai pas vraiment d’attentes particulières. Ce que je connais du groupe concerne essentiellement la période dite « Mark II » (de 1969 à 1973), et j’avoue ne pas avoir suivi les multiples formations-reformations des décennies qui ont suivi. Et depuis le décès de Jon Lord en 2012, il ne reste plus que 3 membres historiques du groupe : Ian Gillan au chant, Roger Glover à la basse, et Ian Paice à la batterie. Ce dernier est d’ailleurs le seul de la bande présent depuis la formation de Deep Purple en 1968. Un peu comme Nick Mason qui est le seul membre à avoir été présent durant toute la carrière de Pink Floyd. Comme quoi le rôle de batteur peut parfois largement dépasser les baguettes et les fûts.

Le concert morceau par morceau

Ouverture avec Highway star. Certes on n’est plus en 1972 au Japon… Le gros son est bien là, mais la voix de Ian Gillan peine à sortir du mix. Le guitariste Simon McBride (qui remplace Steve Morse actuellement au chevet de sa femme souffrante) reproduit le solo original de façon propre mais sans folie :

On enchaine sans temps mort avec Pictures of home et son solo de basse de Glover que j’attendais au tournant :

Suivent deux morceau du dernier album Whoosh sorti en 2020 : No Need to Shout et Nothing at All.

Après Uncommon Man, instrumental dédié à Jon Lord, retour à l’album Machine head avec un de ses morceaux de bravoure : Lazy. Gillan sort l’harmonica.

Machine head se taille la part du lion avec même la face B When a Blind Man Cries. Un blues crépusculaire que Gillan dédie en introduction à « ceux qui souffrent vraiment, contrairement aux personnes qui se plaignent sans raison valable ». L’annonce du morceau déclenche le cri hystérique d’un fan dans le public.

Un morceau de 2017, Time for Bedlam, puis on a droit à l’inévitable solo de clavier par Don Airey qui nous démontre qu’il sait jouer la Marche turque de Mozart, du Bach ou encore La Marseillaise… vient ensuite le détour par le tube des eighties Perfect Strangers avant de retourner une fois encore à Machine head avec Space Truckin’ où Glover fait le show en intro

Vient enfin LE tube de Deep Purple, Smoke on the Water. Je m’attendais à une intro spécifique, des clins d’œil, un suspense qui fasse monter la sauce avant le fameux riff. Mais non, ça démarre direct, sans sommation :

Le groupe s’éclipse pour la forme avant de revenir en rappel avec un medley étonnant : des instrumentaux de morceaux… mais pas de Deep Purple ! Les musiciens enchainent plusieurs citations musicales de entre autres : Going down classique du blues repris notamment par Jeff Beck, Green Onions de Booker T & the MG’s, Hot Lanta des Allman Brothers, Dazed and Confused de Led Zeppelin… même si j’ai déjà entendu des artistes glisser des clins d’œil musicaux dans leurs concerts, c’est la première fois que j’assistais à des reprises autant appuyées de la part d’un groupe aussi célèbre.

Le tout s’enchaine sur Hush avec Don Airey qui parvient même à insérer le thème de Woody Woodpecker dans le solo ! Enfin, Glover improvise un solo de basse, qui sert d’intro à Black Night, repris en chœur par le public :

Un groupe venu faire le job

Au final, un concert réglé comme du papier à musique. Glover fait le show et semble s’amuser, Simon McBride ne manque pas d’en rajouter des tonnes pour nous montrer combien il joue vite et fort, tout comme Don Airey qui étale sa culture musicale à tout va. Gillan n’a plus la voix de la grande époque, et pour preuve, le groupe ne se risque plus à tenter Child in time. Quant à Paice il reste plutôt discret.

On peut remarquer qu’étonnamment, les musiciens ayant droit à leur « moment » sont les deux « nouveaux » : Même si Glover s’est fendu d’un solo de basse à la fin, ce sont surtout Don Airey et Simon McBride qui ont eu l’opportunité de faire durer leurs interventions en ne manquant pas à chaque fois de lancer des regards appuyés vers la foule, demandant la clameur. J’ai eu droit à un de ses mediators jetés dans la fosse… j’aurais préféré un de Roger Glover !

Je ne peux pas dire que c’était un mauvais concert, non bien sûr, mais on était loin des tripes de Patti Smith jeudi dernier. Autre ambiance autre ressenti. Et puis l’annulation de Gaëlle en début de soirée ne m’avait pas mis en bonne condition pour apprécier le spectacle, aussi pro soit-il. Oui c’est cela, un spectacle « pro ». Un peu trop peut-être. On aurait aimé ressentir un peu plus de sueur, de souffre et d’esprit rock’n’roll. Tiens je vais aller me réécouter Made in Japan

Setlist

  1. Highway Star
  2. Pictures of Home
  3. No Need to Shout
  4. Nothing at All
  5. Uncommon Man
  6. Lazy
  7. When a Blind Man Cries
  8. Time for Bedlam
  9. Keyboard Solo
  10. Perfect Strangers
  11. Space Truckin’
  12. Smoke on the Water

Rappel

  1. Caught in the Act
  2. Hush
  3. Bass Solo
  4. Black Night

© Jean-François Convert – Juin 2022

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