Très bon concert de la chanteuse et guitariste serbe Ana Popovic hier soir aux festival ‘Les Grosses Guitares’ à Vaugneray, près de Lyon. Et une chouette découverte avec Aurélien Morro.
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Vivent les festivals
Après l’édition de l‘année dernière avec Laura Cox et Jack Bon, j’ai rempilé pour Les Grosses Guitares, festival éminemment sympathique qui perdure comme beaucoup grâce à la motivation sans faille de ses organisateurs et des bénévoles. Et il ne faut pas oublier que rien n’est jamais acquis et que chaque concert est toujours plus ou moins un pari quant à sa rentabilité.
L’exemple d’hier est éloquent : la chanteuse et guitariste Ana Popovic possède une certaine notoriété avec une carrière internationale depuis plus de 20 ans ; et le public ayant répondu à l’appel ce samedi 17 septembre était composé de 560 personnes, quand Laura Cox en attirait 700 l’année dernière. La preuve que rien n’est jamais joué d’avance et que chaque édition ne ressemble pas forcément à la précédente. Un grand coup de chapeau aux organisateurs de festivals en général qui, loin de se reposer sur leurs lauriers, prennent des risques chaque année pour à la fois faire venir des artistes reconnus et nous offrir de belles découvertes, comme c’était le cas hier.
Blue Tomorrow
Les Grosses Guitares organise chaque année un tremplin où un jury sélectionne un groupe/artiste qui joue en ouverture des concerts, avant la première partie. Hier soir c’était Blue Tomorrow, trio s’affichant comme Punk-rock californien. Je dois l’avouer honnêtement : ce n’est pas vraiment mon univers musical. Mais le public dans la fosse a visiblement apprécié l’énergie brute du groupe stéphanois qui sort actuellement son premier album Take a look at yourself (release party le 15 octobre au Disorder Club)
Du gros son qui tâche et même si je n’écouterais pas leur musique tous les jours, des musicien-nes qui semblent for sympathiques… non je ne dis pas ça parce que je viens aussi de Saint-Etienne 😁
J’ai précisé « le public dans la fosse », car celui présent sur les gradins semblait tourner autour d’une moyenne d’âge dépassant largement la cinquantaine voire la soixantaine… et on peut supposer a priori qu’ils ont plus apprécié les deux sets suivants.
Aurélien Morro
Super découverte pour moi. Je ne connaissais pas Aurélien Morro et son quartet m’a emballé, tant au niveau du son, du jeu, du groove, de la cohésion entre les quatre musiciens. Après une reprise bluesy du classique For What It’s Worth de Buffalo Springfield en ouverture, la setlist a enchainé des compositions originales du groupe qui manifestement fonctionne de façon collective. Outre ses titres personnels, notamment My Son dédié à son fils, Aurélien Morro a présenté plusieurs morceaux composés par le claviériste Frederic Canifet (par exemple le très beau Sad life), et certains écrits par le parolier William Jex.
La Telecaster qui ne semblait plus toute jeune sonnait d’enfer à travers l’ampli Fender et juste quelques effets (overdrive, wah-wah). Le jeu d’Aurélien tout en finesse, subtilité et dynamique. Mention spéciale au solo sur la reprise du morceau funk dont j’ai oublié le titre.
La fin du set s’est un peu précipitée, le staff d’Ana Popovic s’impatientant comme j’ai pu l’apercevoir à l’arrière de la scène. Mais l’après-concert a été l’occasion d’une rencontre informelle avec Aurélien et le batteur Miguel Pereira. Un échange convivial où les musiciens, tous auto-entrepreneurs et professeurs d’instruments en cours particuliers ont vanté les avantages de cette formule qui leur laisse la plus grande liberté et ne leur impose pas un nombre de cachets comme c’est le cas avec le statut d’intermittent. Pouvoir vivre de sa musique et uniquement de la musique qu’on aime, n’est-ce pas le plus beau des rêves?
Ana Popovic
Elle aussi a réalisé son rêve en s’imposant dans un milieu au départ plutôt masculin. Ana Popovic est aujourd’hui une guitariste blues-rock reconnue, après ses débuts à l’âge de 19 ans en 1995 avec son groupe Hush, en Serbie où elle est née. Depuis, elle a fait du chemin, sorti plus d’une dizaine d’albums, le dernier opus studio en date étant Like it on top en 2018, dont elle a interprété le morceau-titre sur scène :
Pendant les 1h30 de concert hier soir, la guitariste a montré tout son talent à la six cordes. Certains lui trouvent un jeu parfois un peu brouillon, ce qui n’est pas faux mais qui personnellement ne me dérange pas. Et ça ne l’empêche pas de glisser ça et là quelques phrasés en sweeping, de passer momentanément en fingerpicking, ou de terminer sur un final aérien en slide.
La chanteuse-guitariste est accompagnée par des musiciens tous au top et qui prennent plaisir à jouer. Les deux cuivres échangent des regards complices et amusés avec le reste du groupe, le batteur affiche un large sourire tout le long du set, et le claviériste au contraire plus stoïque délivre des sons d’orgue vintage comme on les aime. Quant au bassiste, en plus d’assurer du slap sur 5 cordes et les chœurs, il se charge d’accorder les guitares avant le concert et est auprès d’Ana au stand merchandising en fin de soirée.
La chanteuse a en effet pris le temps d’une séance de dédicaces auprès de ses fans après le concert. Un concert qui s’est terminé sur un rappel avec une reprise du standard Going down, couplé à Crosstown Traffic de Jimi Hendrix.
Côté matos : un ampli Mesa Boogie et quelques effets dont une Wah-Wah, un delay enclenché très rarement (sur le final) et ce qui ressemble à deux Tube Screamers en cascade. Côté guitares : deux Stratocasters. Une fiesta red touche érable qu’elle n’utilise que sur un morceau ou deux, et surtout une sunburst touche palissandre passablement usée, à mi-chemin entre celles de Popa Chubby, Rory Gallagher et Stevie Ray Vaughan.
Et la référence au guitariste texan ne s’arrête pas là. Nombre de postures et attitudes de la dame rappellent le bluesman des eighties. Sans compter le chapeau qui évoque lui aussi inévitablement le guitar-hero parti prématurément.
Un guitar-hero que certains on eu la chance de voir sur scène, comme ce monsieur qui avait imprimé 4 photos de son concert de Stevie Ray Vaughan en 1982 au Rose bonbon (une boite de nuit salle de concert située en dessous Olympia). Lui aussi avait trouvé une ressemblance entre le Texan et la Serbe, et a tenu à lui offrir ces photos hier soir, pour ce qui était son 150ème groupe/artiste vu en live. Il m’a également raconté une anecdote à propos du concert de Vaughan en 82 : le premier soir, le batteur lui a donné une baguette et lui a dit « the other one for tommorrow » (la deuxième pour demain). Et effectivement le lendemain, Chris Layton a bien reconnu le spectateur dans le public et lui a offert la deuxième baguette !
Le genre d’anecdote dont je raffole, surtout quand elle est racontée par un passionné comme moi. La musique c’est la vie, et encore plus dans des lieux comme cette salle de L’Intervalle à Vaugneray où on peut s’accouder à la scène, et faire passer des photos à l’artiste !
Les gros concerts c’est bien pour voir les stars inaccessibles, mais encore une fois, merci aux festivals locaux et aux salles de taille moyenne qui permettent ce genre de rencontres et d’échanges autour de la musique. Keep on rockin’ 🤘🤘
© Jean-François Convert – Septembre 2022
Belle rewiev de la soirée.
Aurélien Morro est un type bien , ses acolytes aussi ! Ils meritent d’etre suivi de près .
Superbe soirée avec ce festival je ne suis jamais déçu