Lou Reed est mort il y a 10 ans

Le 27 octobre 2013, le poète rock new-yorkais partait rejoindre ses pairs, aussi bien littéraires que musicaux.

Lou Reed sur la scène du Hop Farm Music Festival, le 2 Juillet 2011 (source)

J’ai découvert Lou Reed en 1989. Avec le titre Walk on the wild side. Jusque là rien d’extraordinaire, sans doute que de nombreux auditeurs l’ont également découvert avec cette chanson devenue iconique. Sauf que ce n’est pas la version originale que j’ai entendue en premier, car c’était au sein d’une émission présentée par Antoine de Caunes sur Canal+ au sujet des 100 plus grands 45 tours des années 50 à nos jours (jusqu’à la fin des années 80 donc). Et la version proposée pour le morceau de Lou Reed était une version live de 1982 à l’émission de télévision allemande Rockpalast :

Du coup, ma première approche avec Lou Reed correspondait à l’écoute d’un rock carré et basique. Une ballade presque country-rock à mon goût. Et comme je ne comprenais rien aux paroles, j’étais loin de me douter du côté sulfureux de la chanson, et à des lieues d’imaginer Lou Reed comme le poète rock new-yorkais qu’il était. D’ailleurs, cet aspect rock primal « deux-guitares-basse-batterie », il l’a lui même loué dans les notes de pochette de l’album New York.

Ce n’est que quelques années plus tard, en écoutant Transformer, Berlin, Rock’N’Roll Animal, Magic and Loss et bien sûr les albums du Velvet Underground que j’ai réalisé la dimension littéraire et torturée de l’artiste. Des textes qui racontent à la première personne des blessures intérieures, une dépendance à la drogue, ou une sexualité mal acceptée en son temps, et qui lui avait d’ailleurs valu d’être soumis à des thérapies de conversion…

Celui qui est souvent cité comme l’auteur du pire album de l’histoire du rock (l’expérimental Metal Machine Music où il s’amuse à triturer des effets sonores en studio) a signé parmi les plus belles œuvres musicales du vingtième siècle. Il n’est pas donné à tout le monde de voir l’un de ses albums qualifié de « Sgt. Pepper des seventies » par des critiques rock, rarement indulgents. Berlin n’avait pourtant pas été encensé à sa sorite, et son relatif échec avait beaucoup affecté Lou Reed, notamment dans son rapport aux journalistes. Il pouvait parfois être perçu comme quelqu’un d’hautain et méprisant, cultivant un peu son image de poète maudit.

Mais de Femme fatale à Pale Blue eyes, de Candy Says à Sunday Morning ou Jesus, en passant par Perfect Day, Sad song, le diptyque Caroline Says, Last Great American Whale, Satellite of love ou encore Goodnight Ladies, impossible de ne pas tomber en admiration devant une chanson de Lou Reed.

Un de mes grands regrets est de ne l’avoir jamais vu sur scène. Déjà une décennie que le poète rock m’a définitivement enlevé cet espoir. Lou Reed est allé rejoindre Verlaine, Rimbaud et Baudelaire en même temps que Coltrane ou Coleman dont il était un fervent admirateur. C’était un 27 octobre, c’était il y a 10 ans.

© Jean-François Convert – Octobre 2023

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