Yves Montand en 15 films cultes

Centenaire de la naissance de Montand, et bientôt 30 ans de sa disparition : Après 10 chansons retraçant sa carrière de chanteur, place à l’acteur avec une sélection forcément subjective de 15 films restés dans les (mes) mémoires.

© Denys Legros

Il y a quelques semaines j’ai écrit pour franceinfo culture une chronique résumant la discographie d’Yves Montand en 10 chansons. Exercice difficile, surtout quand on aime la totalité de ce qu’a enregistré l’artiste. Je vais tenter de faire de même avec sa filmographie (avec 15 exemples cette fois), ce qui n’est pas plus aisé, loin s’en faut. Mais après avoir fêté les 40 ans de ses concerts à L’Olympia, puis les 100 ans de sa naissance, je ne pouvais pas ne pas évoquer l’immense acteur à travers les films qui m’ont marqué.

1944 Etoile sans lumière

Parce que c’est la toute première apparition à l’écran d’Yves Montand. Le film ne restera pas dans les annales cinématographiques, mais il marque les débuts du chanteur devant la caméra, quasiment en même temps que ses premiers succès sur scène. Tout juste débarqué à Paris, le jeune marseillais est repéré par Edith Piaf qui le prend sous son aile, et même un peu plus que ça. Leur brève idylle est en quelque sorte transposée à l’écran dans ce « long » métrage (à peine 1h20) qui parait bien désuet aujourd’hui.

1953 Le salaire de la peur

Le premier grand rôle de Montand, même si l’intéressé avoue ne pas être complètement satisfait de sa prestation. Le film est l’un des seuls de l’histoire du cinéma à avoir remporté la même année la Palme d’or du Festival de Cannes et l’Ours d’or au Festival de Berlin.

Maitrise au cordeau de la mise en scène par Clouzot, suspense distillé au compte-goutte de nitroglycérine, photographie noir et blanc superbe, et interprétation parfaite : Charles Vanel rafle le prix d’interprétation masculine à Cannes pour son personnage de faux dur à cuire se révélant couard, face à Montand dont le personnage fait le cheminement inverse. Le timide Mario devient le héros de l’histoire, le seul des quatre à parvenir à mener le convoi à bon port. Malheureusement, son retour trop enthousiaste se terminera dans l’absurdité existentielle de son destin qui n’était décidemment pas né sous une bonne étoile.

Un final tragique que j’avais cité dans ma chronique sur Johann Strauss en début d’année pour franceinfo culture

1960 Le milliardaire

Montand à Hollywood. Montand in English. Montand et Marilyn. La légende est en route. Crooner, chanteur, danseur, acteur… et la blonde mythique à craqué pour le frenchy. On la comprend. On le comprend aussi. Comme a déclaré Simone Signoret aux media lors du retour de son mari en France :

« vous en connaissez beaucoup des hommes qui n’auraient pas succombé dans les bras de Marilyn ? »

Dans l’histoire du couple Montand-Signoret, il y a un avant et un après Marilyn. Finalement, une aventure qui aujourd’hui encore reste plus célèbre que le film en lui-même. Comédie musicale sans prétention, réalisée tout de même par le vétéran Cukor, où se dévoile le Montand séducteur. Un rôle qu’il cultivera parfois jusqu’à l’auto-dérision comme par exemple dans César et Rosalie.

1965 Compartiment tueurs

C’est uniquement à partir de ce film de Costa-Gavras qu’Yves Montand a accepté de se considérer lui-même comme un acteur à part entière. Soit dix ans après ses débuts à l’écran. Il y interprète un inspecteur un brin désabusé et aux originales méridionales. Un rôle pour lequel il a dû recultiver son accent marseillais qu’il s’était échiné à perdre en arrivant à Paris. Simone Signoret joue à ses côtés, comme elle l’avait déjà fait dans Les sorcières de Salem en 1957 et comme elle le fera à nouveau dans Police Python 357 en 1976.

1968 Un soir un train

Sûrement pas un film très connu, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais un film qui m’a marqué par son atmosphère étrange et surréaliste. Bien avant la vague des films du type Sixième sens, Les autres ou Les passagers, ce long-métrage d’il y a plus de 50 ans explorait le même thème.

A l’époque où je l’ai vu, j’étais jeune et n’ai pas saisi toutes les subtilités du discours sur l’incommunicabilité, sur fond de conflit linguistique belge (source Wikipedia). Mais j’ai été captivé par cette vision fantasmagorique où l’on ne sait plus très bien si les personnages sont morts ou vivants. Un choc cinématographique, mais pour un film somme toute quasi-inconnu, que je n’aurai sans doute pas regardé s’il n’y avait pas eu Yves Montand.

Le nom de la vidéo YouTube est inversé. Le vrai titre du film est bien « Un soir un train »

1970 L’aveu

Un autre choc. Ces images de Montand amaigri, blafard, le regard livide, faisant les cent pas dans sa cellule. Glaçant. On le sait, le tournage de ce film de Costa-Gavras, adapté d’Arthur London a été vécu par Montand comme une forme d’expiation. Lui qui pendant des années avait été compagnon de route du Parti Communiste, avait découvert la face cachée de l’URSS, notamment lors de son voyage à Moscou en 1956, où il s’était longuement entretenu avec Khrouchtchev au sujet de l’invasion de Budapest (le 23 octobre).

Par la suite, Montand prendra ses distances avec le Communisme, au point de presque virer de l’autre côté dans les années 80 (son émission Vive la crise !). En 1968, lorsqu’il tourne L’aveu, racontant le clavaire d’un opposant au régime soviétique, l’acteur s’inflige une discipline spartiate. Beaucoup y ont vu une manière pour l’artiste engagé de reconnaitre ses erreurs passées dans un aveuglement militant, que beaucoup avaient suivi.

1970 Le cercle rouge

Décidemment, les films avec Montand comportent souvent des séquences plus que marquantes, limite traumatisantes. Comment oublier cette scène du Delirium Tremens, surtout quand on est collégien ? Ancien policier tireur d’élite mis à la retraite car alcoolique, le personnage de Jansen est introduit dans le film par cette séquence cauchemardesque où il est en proie à des visions de locataires imaginaires, « les animaux du placard ».

Montand a raconté que tous les animaux qu’on voit à l’écran sont tous vrais, exceptée l’araignée. Et paradoxalement, c’est de celle-ci qu’il avait le plus peur lors du tournage.

Une autre scène culte du film est celle du casse, où Jansen décide au dernier moment de ne pas utiliser le trépied et tire à l’épaule, en faisant mouche bien sûr. Il explique plus tard à Corey (le personnage joué par Delon) avoir pris sa revanche sur « les animaux du placard ». Et dans le même temps, il lui expose sa science sur la fabrication des balles, une science qu’on retrouvera dans le personnage de Ferrot, l’inspecteur solitaire de Police Python 357.

Le cercle rouge tire son titre d’une citation de Râmakrishna, mystique bengali hindou :

« Quand les hommes, même s’ils s’ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d’entre eux, et ils peuvent suivre des chemins divergents ; au jour dit, inexorablement, ils seront réunis dans le cercle rouge. »

Melville a réalisé un film très noir qui n’accorde que peu d’espoir en l’espèce humaine. « Il n’y a pas d’innocents, les hommes sont coupables. Ils viennent au monde innocents, mais ça ne dure pas ».

Le cercle rouge est également connu pour être l’avant-dernier film de Bourvil, alors déjà très malade, son dernier étant Le mur de l’Atlantique, tourné deux mois après. A noter que le véritable dernier film dans lequel Bourvil fait une brève apparition est Clodo de Georges Clair, tourné en 1970 mais qui ne sort qu’en 1975 (source wikipedia).

Mais c’est surtout son unique rôle non comique. Au générique, il est crédité André Bourvil (son vrai nom étant André Raimbourg), à sa demande, comme pour se différencier du reste de sa filmographie. Il porte également une perruque. Un autre homme. Mais l’interprète du Corniaud avait su garder son humour, comme le montre cette blague qu’il a tenu à faire en tournant le dernier plan du film :

1971 La folie des grandeurs

Et justement, voilà un rôle qui devait être joué à l’origine par Bourvil, Gérard Oury voulant réunir son duo avec De Funès une troisième fois après La grande vadrouille et Le corniaud (les deux acteurs ont certes joué également ensemble dans La traversée de Paris, mais il ne s’agissait pas encore de leur binôme mythique). Après son décès, c’est Yves Montand qui hérite du personnage de Blaze, sur suggestion de Simone Signoret. Montand venait de côtoyer Bourvil dans Le cercle rouge, et c’est en quelque sorte un peu une passation entre les deux acteurs.

Mais Montand n’était pas spécialement réputé pour être un acteur comique à l’époque, bien que ses tours de chant incluaient dès ses débuts souvent des scénettes dans ses chansons, sans parler de même un sketch avec Le télégramme. Aussi, la reprise du rôle écrit pour Bourvil lui a demandé une grande adaptation. Une nouvelle facette de l’acteur, jusqu’alors plutôt dévoué à des personnages sérieux.

La folie des grandeurs regorge de scènes et répliques cultes. Mais ce qui m’a le plus frappé en le revoyant récemment, est la musique composée par Michel Polnareff aux accents très seventies. La séquence du générique début quant à elle, baigne dans des couleurs très morriconiennes :

Et rareté dans la filmographie/discographie d’Yves Montand, ce dernier interprète un des morceaux de la Bande Originale : il s’agit bien évidemment de la scène du flamenco. Et le titre apparait bien sur le disque de la musique du film, intitulé Flamenco Blaze, et spécifié « interprété par Yves Montand »

1974 Vincent, François, Paul et les autres

Un tout autre univers avec les films de Claude Sautet. On cite très souvent César et Rosalie, le rôle du personnage principal étant très certainement on ne peut plus proche de la personnalité de l’acteur : beau parleur, séducteur, ayant l’air sûr de lui, et malgré tout tellement vulnérable.

Mais personnellement, je préfère Vincent, François, Paul et les autres. Montand y est moins hâbleur et je le trouve plus touchant, plus humain, là où César est légèrement caricatural à mon goût.

Un film qui fait l’éloge de l’amitié, des bandes de potes, des thèmes chers à Sautet. On se souvient entre autres d’une partie de foot mémorable à la campagne, mais aussi des discussions enflammées à table qui peuvent parfois déraper, comme avec cette embardée culte de Michel Piccoli, et où les mimiques de Montand sont parfaites de naturel :

1975 Le sauvage

Les années 70 sont sans aucun doute les meilleures de la filmographie de Montand, en tout cas mes préférées. Ayant décidé de consacrer son temps entièrement au cinéma, il ne reviendra à la chanson qu’au début des années 80. Il profite donc des seventies pour tourner inlassablement et enchaine les rôles tous plus savoureux les uns que les autres.

Encore une autre madeleine avec Le sauvage de Jean-Paul Rappeneau, ses paysages paradisiaques, son personnage de robinson bourru, et Catherine Deneuve qui n’a jamais été aussi belle que dans ce film.

La barbe poivre et sel, le corps athlétique, le regard malicieux, Montand développe encore un peu plus son jeu de comédien. Il est à l’époque parmi les acteurs les plus « bankable » du cinéma français, dans la même cour que Delon ou Belmondo.

1976 Police Python 357

LE film. Ou plutôt MON film. Difficile d’expliquer pourquoi, mais Police Python 357 reste mon film préféré de tous les temps, à égalité avec Il était une fois dans l’Ouest. D’abord, trois séquences imprégnées dans ma mémoire : le générique début et sa musique quasi-mystique de Delerue, la séance d’entrainement au stand de tir (Montand s’y est réellement entrainé pendant plusieurs mois), et la fusillade finale sur le parking du supermarché. Trois séquences regroupées dans cette vidéo :

Sauf que Police Python 357 est bien plus qu’un polar à l’américaine et ne saurait se résumer à ces scènes qui lorgnent du côté de L’inspecteur Harry. Le film amorce plusieurs réflexions autour de la société et les notions de héros et bravoure, comme l’explique Alain Corneau dans une interview à l’époque :

Et surtout, Police Python 357 baigne dans une atmosphère très particulière. L’étude fine du microcosme de la bourgeoisie provinciale côtoie les moments de suspense pur, de romance parfois, et enfin de détresse psychologique, principalement à travers la quête si particulière d’un flic qui « mène une enquête contre lui-même ». Selon Alain Corneau, cette phrase a été le point de départ du scénario (repris dans Sens unique avec Kevin Costner et Gene Hackman). Un scénario écrit avec Daniel Boulanger, qui signe des dialogues improbables dans un film policier comme « est-ce que Dieu est immobile ? », réplique dite par Simone Signoret dans son fauteuil roulant.

C’est en effet le troisième et dernier film que Montand et Signoret tournent ensemble. Ils ont principalement une seule scène en commun (si on occulte la brève rencontre au début à la campagne), mais quelle scène ! En plus des trois citées précédemment, il me vient deux autres scènes à l’esprit lorsque je pense à Police Python 357 : celle où Montand/Ferrot se défigure volontairement au vitriol afin de ne pas être reconnu lors de la confrontation avec les témoins, et celle où Simone Signoret/Thérèse Ganay demande à Montand/Ferrot de l’aider à se suicider. Mise en abyme vertigineuse où un couple à la ville se retrouve à tourner une telle scène, forcément psychologiquement éprouvante. Il semble d’ailleurs que tout ne se soit pas déroulé comme prévu :

Pour son scenario, pour son ambiance si particulière, pour sa musique, pour son jeu d’acteurs, pour la fascination qu’exerce cette arme légendaire, Police Python 357 reste le film qui m’a le plus marqué, et que je garde comme un pêché mignon dans mon panthéon personnel de la filmographie de Montand et du cinéma en général.

1979 I comme Icare

En 1984, je découvre la bande dessinée XIII dans le journal de Spirou. J’en tombe immédiatement raide dingue et je continue encore aujourd’hui à en suivre chaque nouvelle sortie. Belle longévité pour une série que j’ai commencée quand j’étais en quatrième ! Le synopsis de XIII est bien évidemment inspiré de l’assassinat de Kennedy. Aussi, quand je tombe sur I comme Icare lors d’une rediffusion à la télévision au milieu des années 80, je ne peux qu’être séduit par le scénario tiré de la même inspiration.

En dehors de son analogie avec le meurtre de JFK, et les différentes théories de complot qui font inévitablement surface, I comme Icare est aussi célèbre pour sa fameuse séquence exposant l’expérience de Milgram. Ce scientifique avait mis en lumière la surprenante et inquiétante docilité humaine face à l’autorité. Plus récemment, France 2 avait tenté (de façon moins heureuse à mon goût) une démonstration similaire avec son émission Le jeu de la mort.

Une problématique au cœur du sujet de I comme Icare, tout autant que l’enquête policière, comme l’expliquent Henri Verneuil et Yves Montand à la sortie du film :

1982 Tout feu tout flamme

Celui-ci à une saveur personnelle particulière, car il s’agit du premier film avec Montand que j’ai vu après être tombé amoureux de sa musique. Je crois me souvenir avoir vu d’autres films avec lui avant cette date, notamment La folie des grandeurs, mais cette comédie signée une nouvelle fois Jean-Paul Rappeneau est en quelque sorte mon premier film vu « en tant que fan ».

Montand cabotine pas mal dans ce rôle du père absent et fantasque. Il chante, parle en japonais, grimace, court après sa fille jouée par Adjani, lui apprend à faire du vélo (pas mal pour le chanteur de La bicyclette…) et incarne à la fois l’insouciance, la joie de vivre, et aussi un petit peu la tendance à magouiller.

Mais l’acteur sait aussi se faire dur et intransigeant, comme la réminiscence de ses rôles passés :



Le mini-documentaire ci-dessous consacré à Isabelle Adjani nous montre les coulisses du tournage. On peut y apercevoir un Montand bienveillant, affable, et chaleureux. Un Montand tel qu’on se l’imaginait, tel que je me l’imaginais alors… ce n’est que plus tard que j’ai perçu d’autres aspects plus sombres de sa personnalité.

1986 Jean de Florette / Manon des sources

Avec ce dytique adapté de Pagnol, j’ai enfin pu aller voir mon idole en salles. Je ne me m’intéressais à Montand que depuis 3-4 ans, et entretemps n’était sorti que le film Garçon ! de Sautet, que j’ai vu plus tard à la télévision. Mais là, en 1985-86, Montand revenait sur le devant de la scène, et faisait la couverture des magazines. Je me souviens de la Une de Première avec les images exclusives de l’acteur grimé en papet. Et des interviews où il expliquait avoir dû à nouveau retrouver l’accent provençal qu’on lui avait intimement demandé de perdre à son arrivée à la capitale dans les années 40.

Le film est beau, triste, à la fois ensoleillé et pluvieux, lumineux par l’amour des uns, et sombre par la cupidité des autres. Le chant des cigales côtoie la noirceur humaine, et la beauté de la garrigue contrebalance avec la laideur de certains sentiments. Tous les acteurs jouent merveilleusement bien, Emmanuelle Béart possède encore toute la fraicheur de sa beauté naturelle, et Daniel Auteuil a obtenu le césar du meilleur acteur pour sa performance à incarner Ugolin. Et la musique de Jean-Claude Petit emprunte à La force du destin de Verdi.

Quant à Yves Montand, il joue le patriarche provençal avec délectation. Truculent ou impassible, fier et solide, imposant ou sévère, il apparait comme un roc qu’on ne saurait ébranler. Mais dans sa dernière scène, quand il apprend la terrible vérité, c’est toute la fragilité du Papet qui transparait, et l’acteur n’est jamais autant meilleur que dans ce jeu tout en retenue, en regards hagards et balbutiements tremblants. La marque d’un grand comédien.

1992 IP5 – l’île aux pachydermes

Pour son dernier film, l’acteur va encore plus jouer à l’économie. Plutôt que les exubérances de César ou du Grand escogriffe, le personnage de Léon Marcel offre à Montand un rôle tout en tendresse, malice, simplicité, et aussi un brin de folie. Ce sera son dernier rôle.

Le cinéma de Beiniex est singulier, il a souvent été critiqué pour sa suffisance ou sa mégalomanie affichée (IP5 s’appelle ainsi pour « Ile aux Pachydermes » et parce que c’est son cinquième film), mais cet opus est moins boursouflé que le formalisme esthétique de Diva, le jeunisme branché de 37°2 le matin, ou le surréalisme pompeux de La lune dans le caniveau. On est ici dans un univers bien plus poétique à mon goût, et Montand y apporte sa candeur juvénile, bien qu’ayant soufflé ses 70 bougies. Sa façon de crier « he he he he ho » me rappelle instantanément Dans ma maison sur l’enregistrement à L’Olympia en 1981. Une chanson de Prévert… oui la poésie est bien présente dans ce film

Et cette poésie se traduit entre autres par ce rapport à la nature, aux arbres, à nos chimères, à l’essence de la vie. Un film prémonitoire pour un artiste qui allait terminer sa route ici, quelque part dans la forêt, loin du tumulte dont il avait été témoin durant la majeure partie de son existence. Un chanteur ayant foulé les planches de New York à Tokyo en passant par Paris ou Moscou, un acteur ayant joué à Hollywood, une personnalité publique presqu’un temps pressentie pour se présenter aux élections présidentielles, une célébrité allait finalement passer de l’autre côté à cause d’une forêt trop humide, une eau trop froide, un tournage un peu trop risqué ?….

On a beaucoup reproché à Beineix d’avoir fait tourner Montand dans des conditions trop extrêmes pour un septuagénaire. Mais le cinéaste a rappelé que c’est Montand lui-même qui avait insisté pour aller dans l’eau sans doublure, alors que le réalisateur lui avait proposé de faire autrement. En outre, l’acteur était équipé d’une combinaison thermique pour la partie non visible.

Léon Marcel meurt d’une crise cardiaque dans le film. Montand est lui aussi frappé d’un infarctus du myocarde avant la fin du tournage. Dans l’ambulance qui l’emmène à l’hôpital, il dit aux pompiers :

« Avec tout ce que j’ai vécu, j’ai eu une vie tellement formidable que je ne regretterai pas de partir »

Le film sort quelques mois plus tard sur les écrans. je me souviens l’avoir vu non sans émotion, mais avec le sourire. Un testament sans tambour ni trompettes, un film simple, drôle, touchant, humain.

Il y aurait tant d’autres œuvres que j’aurais souhaité faire figurer dans cette liste, mais il faut savoir choisir et le but n’était pas de dresser sa filmographie complète. Dans les autres réalisations de Costa-Gavras, Z m’a aussi beaucoup marqué, et concernant Corneau, La menace et Le choix des armes complètent Police Python 357 pour une trilogie incontournable à mes yeux. Les portes de la nuit font bien évidemment partie de l’histoire de Montand avec Les feuilles mortes mais je l’avais évoqué dans ma sélection de 10 chansons.

Enfin, Trois places pour le 26 fait justement le lien entre les deux carrières d’Yves Montand : le cinéma et la musique. Ce n’est pas un hasard si je l’ai inclus dans ma chronique pour son 100ème anniversaire. Un artiste disparu il y aura 30 ans ce 9 novembre.

© Jean-François Convert – Novembre 2021

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