‘Priscilla’, la face cachée du King of rock’n’roll

Dimanche dernier je suis allé voir le film ‘Priscilla’ de Sofia Coppola, basé sur le livre de la femme d’Elvis Presley. Une autre vision du King.

S’il y a une figure légendaire du rock’n’roll, c’est bien Elvis Presley, désigné comme le « Roi » de ce genre musical. Son biopic réalisé par Baz Luhrmann en 2022 avait renforcé ce statut de mythe à travers une mise en scène grandiloquente, gorgée de faste et de démesure, à son image. Et même s’il n’occultait pas quelques aspects moins reluisants de sa vie privée, il restait dans une vision plutôt admirative du personnage, rien d’étonnant si on considère l’aura planétaire d’Elvis.

C’est une toute autre perception qu’offre le film Priscilla réalisé par Sofia Coppola, et sorti récemment. Il est tiré du livre Elvis and Me, paru en 1985 et qui raconte les mémoires de Priscilla Presley, épouse du King de 1966 à 1972, mais l’ayant rencontré en 1959 et ayant vécu chez lui à partir de 1963.

J’avoue très personnellement ne m’être jamais vraiment intéressé à la vie privée des Presley, me concentrant principalement sur sur la musique d’Elvis et son impact considérable et indéniable sur toute la culture populaire de la seconde moitié du 20e siècle. Je me doutais bien qu’il avait quelques travers et était loin d’être un ange, je connaissais son attrait pour les armes, mais ça s’arrêtait là.

Le livre de Priscilla Presley, et donc le film de Sofia Coppola, donne à voir un Elvis encore plus antipathique qu’on ne pourrait l’imaginer. En décrivant la relation intime quelque peu chaotique, voire toxique, entre les deux personnes, le récit démystifie l’icône du King of rock’n’roll pour rappeler qu’il était avant tout un homme avec ses défauts. Et on perçoit bien le désarroi de la jeune Priscilla, son enfermement dans une prison dorée, et sa solitude psychologique.

Malgré tout, la mayonnaise n’a pas vraiment pris en ce qui me concerne. Est-ce le jeu des acteurs et actrices ? La trop faible ressemblance entre Jacob Elordi et Elvis (alors qu’Austin Butler l’incarnait parfaitement) ? Le manque cruel de musique du King ? En effet, Sofia Coppola a décidé de ne mettre aucun morceau d’Elvis dans sa bande son… Un choix délibéré qui correspond à la méthode adoptée par la réalisatrice pour nombre de ses films : opter pour un angle inédit et inattendu, et s’affranchir des règles classiques du cinéma, comme elle l’a déjà fiat notamment sur Marie-Antoinette en 2006.

En revanche, on entend quelques classiques dont Sleepwalk version Santo & Johnny, bien dans l’esprit fifties, ou le plus surprenant Oye Como Va version Santana, qu’on n’associe pas de prime abord à la musique de Presley ! Idem pour le morceau du générique de fin : la version originale de I Will Always Love You par Dolly Parton traduit bien le ressenti émotionnel de Priscilla, mais peut sembler déconnecté de l’univers musical du King.

Bref, bien que son propos soit louable, légitime, et sans aucun doute véridique, ce film ne me laissera pas un souvenir impérissable. Plutôt que les affres de sa vie privée, je garderai en mémoire la carrière d’un artiste qui a révolutionné la musique moderne, et même la musique tout court.

© Jean-François Convert – Janvier 2024

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