Le power trio blues-rock toujours d’actualité

Trois albums de blues-rock qui sortent actuellement : ‘Andalousie blues’ de Lorenzo Sanchez, ‘Tale of a Lone Lil’ Boy’ de Quentin Winter, et ‘Milady’ de Zacharie Defaut.

C’est sans doute la formation qu’on associe le plus souvent au blues-rock : le power-trio a jeté les bases du style et reste encore aujourd’hui la référence. Quoi de mieux qu’une guitare, une basse et une batterie ? Toutefois, les groupes qui optent pour cette formule cèdent souvent aux overdubs en studio et rajoutent ainsi au moins une deuxième guitare pour la rythmique.

Lorenzo Sanchez Band

C’est par exemple le cas de Lorenzo Sanchez qui vient de sortir le 15 mars Blue Avenida, un album présenté comme enregistré live en studio, mais où l’on entend pourtant souvent une deuxième guitare (et même une troisième sur le titre d’ouverture I should be glad). Cela n’empêche pas le côté « One shot » revendiqué sur les solos, dont l’hommage à Jeff Beck qui clôt l’album.

De nombreux superbes solos de slide, par exemple celui sur Humos avec ses chœurs incantatoires aux accents amérindiens, du groove carré sur I need your love ou Taj, du shuffle pesant et de la disto baveuse sur plusieurs morceaux dont Mundo Oscuro, i Huye ! ou Naciste, de la wah-wah funky sur I should be glad … Les neuf titres transpirent les influences de Lorenzo Sanchez qui vont de de Jimi Hendrix à JJ Cale en passant par Ry Cooder et Derek Trucks.

Les textes alternent entre anglais, espagnol et spanglish (qu’avait vulgarisé le bluesman Randy Garibay entre autres) et explorent des thématiques qui sont chères à son auteur : l’écologie, l’oppression des peuples, les relations humaines. Le tout accompagné par du gros son, bien gras et rugueux.

LORENZO SANCHEZ BAND – BLUE AVENIDA – SORTI LE 15 MARS 2024 (Rock & Hall)

Winter Blues Band

De son côté, Quentin Winter va encore plus loin dans son premier album Tale of a Lone Lil’ Boy en rajoutant parfois du clavier et même du saxophone et du violon. La participation d’invités (dont l’excellent Michaal Benjelloun que je connais bien) ouvre sur d’autres couleurs musicales qui vont du boogie (Tumblin’ Down, au swamp blues (All The Way, Love Is…) en passant par le shuffle bien en arrière du temps (The Weight Of Things, le morceau-titre Lil’ Boy), le hard-rock (Furiosa, Small Week End) ou le country-rock (I Remember, dont une vidéo en version acoustique le montre avec une guitare National Style O).

Et à plusieurs reprises, on remarque des inclinaisons européennes (l’obsédant Lazy Blue Line), des incursions qui sonnent chamaniques (Leave My Dreams) voire des arabesques orientales qui s’immiscent ça et là, comme par exemple dans le single See The Life On The Bright Side (clin d’œil aux Monty Python ?) dont le clip réalisé par Lucas Bruneteau navigue entre rêve et cauchemar :

Malgré ces multiples influences on reste quand même dans un esprit très blues rock avec des grosses guitares, slide ou non, et un groupe qui à la base est un power trio. Et sur le dernier titre Lulu, Quentin Winter se retrouve carrément seul avec sa guitare dans un style très deep south delta.

WINTER BLUES BAND – TALE OF A LONELY LIL’ BOY – SORTI LE 1ER AVRIL (AUTOPRODUIT)

Zacharie Defaut Trio

Ici, le power trio est respecté tel quel, même en studio. Sur ce nouvel album de Zacharie Defaut Milady annoncé pour le 3 mai, on pense dès le titre d’ouverture inévitablement à Stevie Ray Vaughan : le son, l’attaque typique de la main droite, le blues funky… Pourtant, le premier solo que Zacharie Defaut cite comme lui ayant donné le virus de la guitare est celui de Al Anderson sur la version live de No Woman No Cry de Bob Marley. Il avait 12 ans et maitrisait déjà le violoncelle et le piano après un apprentissage au Conservatoire de Gardignan et un atelier jazz. Autant dire que la musique, il est quasiment né avec.

Un premier album Little boy en 2020, un deuxième Waiting for a sign en 2023 avec un clavier venu compléter le trio, un prix du jury décerné par les membres de France Blues la même année, des premières parties de Keziah Jones, Trust ou Joe Louis Walker… un parcours sans faute qui amène Zacharie Defaut à enregistrer ce troisième opus Milady, en revenant aux sources du power trio.

Les trois musiciens se sont enfermés dans un chalet en montagne avec un studio portatif. Les titres ont été enregistrés en live, sans artifices ni overdubs. Les morceaux font la part belle à la strato de Zacharie, mais aussi aux harmonies vocales, conférant à la musique du groupe un léger côté pop, notamment sur les chansons My Time et Queen of the night.

Après les groove très soul-funky des deux premiers morceaux, Electric Lady nous emporte dans l’ambiance d’une ballade hendrixienne, pas étonnant avec un tel titre… On se retrouve quelque part entre Little wing, Axis Bold as love et Electric Ladyland, en y mêlant une reverb ultra-planante que n’aurait pas renié John Mayer. Une influence évidente qui ressurgit à diverses reprises dans les rythmiques caractéristiques en « double-stop ».

Le syncopé See you at the club rivalise avec les shuffle puissants I’ve got the blues et House of fun, tandis que l’instrumental Santa Monica clôt l’album en beauté. Plus de six minutes dans le style de Lenny de Stevie Ray Vaughan, mais avec des passages nettement plus agressifs. Un final jouissif qui confirme que Zacharie Defaut fait partie des guitaristes avec qui il va falloir compter.

ZACHARIE DEFAUT TRIO – MILADY – SORTIE LE 3 MAI (HOOK SOUND RECORDS)

Même s’il est parfois embelli en studio, le power trio reste encore aujourd’hui la formule qui transcende le mieux le blues-rock à mon goût. Ces trois artistes ne manqueront pas de nous le prouver sur scène, suivez les sur les réseaux sociaux pour ne pas rater leurs prochaines dates de concerts près de chez vous.

© Jean-François Convert – Avril 2024

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1 commentaire sur “Le power trio blues-rock toujours d’actualité

  1. Super article ! et Zacharie Defaut promet d’aller loin ! un troisième album qui sonne bien et qu’on adore …

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