En août 75 paraissait le meilleur album live d’Eric Clapton : E.C. was here.
Sommaire
Un Clapton au sommet
E.C was here représente selon moi Clapton à son sommet, au niveau de son jeu de guitare, de sa sonorité, de son binôme avec George Terry, de ses performances en live. Ce n’est pas forcément le disque qui est considéré comme son meilleur, ni le plus souvent cité dans sa foisonnante discographie, mais je trouve qu’il retranscrit parfaitement la quintessence du blues par un britannique, et en l’occurrence un de ses plus fidèles ambassadeurs.
Même si sa voix trahit par moments sa dépendance à l’alcool et un état sans doute pas entièrement sobre, il n’en demeure pas moins habité par sa musique et semble vivre littéralement le blues. Il ne se contente pas de le jouer, d’en reproduire la structure musicale, il l’embrasse complètement, sans retenue, et se jette à corps perdu dans cet art de vivre, au même titre qu’un afro-américain.
Un album purement blues
Alors qu’il a déjà sorti 3 albums solo (Eric Clapton en 1970, 461 Ocean Boulevard en 1974 et There’s one in every crowd en 1975), aucun titre de ces disques ne figure sur ce live. Sur les 6 morceaux, 4 reprises de standards du blues, et 2 compositions originales de l’époque Blind Faith : une de lui (Presence of the lord), et une de Winwood (Can’t find my way home).
La pochette, recto et verso, a pu être jugée sexiste à l’époque.
Les enregistrements sont issus de 4 concerts :
- Les 19 et 20 juillet 1974 à la Long Beach Arena (Californie)
- Le 4 décembre 1974 au Hammersmith Odeon (Londres)
- le 25 juin 1975 au Providence Civic Center (Rhode Island)
Le disque, chanson par chanson
1. Have you Ever Loved a Woman
L’album démarre sur un blues lent avec un son de guitare râpeux et plus saturé qu’à l’accoutumée pour Eric Clapton. Pas sûr qu’il joue sur Blackie, pourtant sa guitare fétiche à cette époque. Etant donné la sonorité grasse, il pourrait s’agir plutôt de sa Gibson Explorer (qu’on aperçoit au dos de la pochette de There’s one in every crowd) ou d’une Les Paul ou de l’ES-335 datant de la période Cream.
Les paroles collent tellement à l’histoire de Clapton :
« As-tu déjà aimé une femme
Tellement tu trembles de douleur?Tu aimes juste cette femme
Tellement c’est une honte et un péché
Oui, tu sais, oui tu sais
Elle appartient à ton meilleur ami »
Même s’il ne les a pas écrites, on jurerait qu’elles se rapportent à sa passion pour Pattie Boyd, qui lui a inspiré son chef d’oeuvre Layla
► chronique détaillée de la chanson
Le solo offre un beau duel de guitare entre Clapton et George Terry, qu’il présente d’ailleurs à 6:04.
Joué avec les Dominos, ce blues restera un morceau constant dans les concerts de Clapton, on le retrouve par exemple dans le live Just one night (► chronique de l’album)
2. Presence of the Lord
Le morceau composé par Clapton pour l’album de Blind Faith prend ici une teinte gospel avec le tempo ralenti, et la voix de la chanteuse Yvonne Elliman. Choriste d’Eric Clapton de 1974 à 1978, elle s’était fait connaitre dans la comédie musicale Jesus-Christ Superstar
A la différence de la version studio, le riff est joué sans la wah-wah
3. Driftin’ Blues
Ce driftin blues donne encore l’occasion à George Terry d’interventions toutes en finesse, en réponse à Clapton qui commence à l’acoustique puis poursuit à la slide. Le chanteur insère Ramblin’ on my mind au milieu du morceau
4. Can’t Find My way Home
Une autre chanson de Blind Faith, signée Winwood cette fois. Le duo Clapton-Elliman fait une nouvelle fois des merveilles dans les harmonies vocales.
Et George Terry embellit à l’électrique, tandis que Clapton joue à l’acoustique
5. Ramblin’ On My Mind
Un blues au son à nouveau rugueux, comme le premier titre. Le solo passe par différentes tonalités, que Clapton annonce à chaque fin de cycle : FA dièse (« F sharp »), LA (« A »), RÉ (« D »), puis retour au MI (« E ») de départ.
Le jeu est fluide, à la fois mélodique et nerveux. Un style et un son qui rappellent les grandes heures de Clapton au sein des Bluesbreakers de John Mayall, quand il avait atteint son statut de « Dieu ».
6. Further On Up the Road
Encore la guitare saturée pour ce dernier titre, et des solos inspirés. A la fin, la guitare s’emballe et semble ne plus vouloir s’arrêter.
On aimerait d’ailleurs que ça ne s’arrête pas non plus, et que cet album continue encore et encore. 45 ans après, il reste toujours à mes yeux et mes oreilles comme le plus beau témoignage live de la carrière d’Eric Clapton.
© Jean-François Convert – Août 2020
Bonjour
100 % d’accord avec vous ! J’ai découvert Clapton avec ce disque et quelle deception ensuite d’ecouter E.C dans une espèce de variété teintée de blues…
Have you ever loved a woman, avec sa voix érayée est un monument de la guitare blues !
C’est aujourd’hui l’unique quasiment Clapton que je peux écouter…
Peut etre suis je un puriste du Blues ?! ( Ayant joué avec P.Verbeke, Luther Allison…)
Pour moi l’album Layla est son chef-d’œuvre studio et celui-ci est son chef-d’œuvre live