Le 2 juillet 2005, à l’occasion du Live 8, Pink Floyd donnait son dernier concert avec les 4 membres de la grande époque.
Sommaire
Des concerts pour le sommet du G8
En juillet 2005 a lieu le sommet des pays du G8, à l’hôtel Gleneagles, dans le Perthshire, au Royaume-Uni. A cette occasion, la campagne britannique « Make Poverty History » (en français : « Faisons de la pauvreté de l’histoire ancienne ») cherche à sensibiliser les dirigeants des Etats les plus riches, afin qu’ils prennent des mesures politiques et économiques significatives en faveur des pays les plus pauvres, particulièrement ceux d’Afrique, notamment en effaçant leur dette publique, en améliorant l’aide humanitaire, et en établissant des règles commerciales plus justes.
Pour accompagner cette campagne, Bob Geldof (aidé par Midge Ure) réitère ce qu’il avait fait 20 ans auparavant avec le Live Aid, en organisant le Live 8.
Les concerts se tiennent le 2 juillet à Londres, Berlin, Rome, Tokyo, Johannesburg, Moscou, Philadelphie, Barrie, Versailles, et quelques jours plus tard à Édimbourg. Lors du concert londonien est invitée Birhan Woldu, l’une des enfants devenue un symbole de la Famine de 1984-1985 en Éthiopie.
Comme très souvent pour ce genre d’événement, la liste des artistes fait figure de Who’s who du moment : Paul McCartney, U2, Robbie Williams, Coldplay, Elton John, Dido, R.E.M., Keane, Travis, Annie Lennox, UB40, Madonna, Bob Geldof, Sting, Who… avec également des interventions de Kofi Annan, Bill Gates, Brad Pitt, Will Smith, David Beckham… et en fin de soirée, un Pink Floyd reformé comme au bon vieux temps.
Pink Floyd avec Roger Waters, 24 ans après
Depuis 1981, dernière tournée du groupe pour The Wall, Roger Waters n’avait jamais rejoué avec les 3 autres. Après de multiples guerres intestines, des attaques en justice pour la propriété du nom Pink Floyd, et deux albums sortis par le trio en 1987 et 1994, le quatuor de l’apogée du groupe (de 1968 à 1981) se reforme pour cet ultime concert.
Le line-up de légende est complété par des habitués des dernières tournées de Pink Floyd ou Gilmour en solo, et même de Waters :
- le fidèle Tim Renwick à la guitare (ayant joué avec entre autres Bowie et Clapton)
- l’historique Dick Parry au saxophone (présent sur les albums Dark side of the moon et Wish you were here)
- le multi-instrumentiste Jon Carin aux claviers (sideman de Gilmour et Waters)
- la chanteuse Carol Kenyon aux chœurs (ayant aussi accompagné Waters et Gilmour sur leurs tournées solos)
4 morceaux emblématiques
Le passage sur scène de Pink Floyd clôt presque la journée (Paul McCartney revient après eux pour le final). Le groupe joue un peu plus de 20 minutes pour une setlist condensée :
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Speak to Me / Breathe (parts 1 & 2)
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Money
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Wish You Were Here
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Comfortably Numb
4 titres issus de 3 albums, qui résument l’essence Floydienne des seventies. Des hits universels instantanément reconnaissables.
C’est la seule et unique fois où les deux parties de Breathe sont jouées enchaînées (la deuxième étant normalement jouée après Time). Gilmour joue l’intro sur lapsteel, avant d’être relayé par Carin à la slide, afin qu’il puisse embrayer sur le premier couplet.
Le fameux riff iconique de Money, en 7/4, est asséné avec fierté par son auteur et compositeur.
Wish you were here est dédié à Syd Barrett (qui décédera un an plus tard, quasiment jour pour jour, le 7 juillet 2006), et Roger Waters chante le deuxième couplet.
Enfin, Comfortably Numb offre la balance parfaite entre les voix de Waters et Gilmour, un côté sombre, et un autre lumineux. Et le solo de guitare déchirant, culmine sur ce morceau, qui représente l’apogée de la collaboration musicale entre les deux frères ennemis.
Un message de réconciliation
L’accolade de fin fait chaud au cœur, et les voir tous les 4 réunis après toutes ces années de conflit redonne foi en l’humain. Un message qui allait dans le sens de l’événement Live 8, avec le slogan « no more excuses »: que les grands dirigeants de ce monde fassent table rase de leurs querelles, et se mettent autour de la table pour éradiquer la misère des pays du tiers-monde. Vœux pieux mais honorable.
Cette réunion a priori inespérée a été instiguée par Bob Geldof, qui avait notamment joué le rôle principal dans l’adaptation cinématographique de The Wall par Allan Parker. Il s’est exprimé à plusieurs reprises sur le sujet, comme par exemple dans cette vidéo :
Un groupe constitué de fortes personnalités, mais qui ont su mettre de côté leurs différents, le temps d’un concert unique, pour une noble cause. Comme souvent dans les collectifs musicaux, c’est l’alchimie des sensibilités diverses qui a produit le meilleur, et Pink Floyd n’échappe pas à la règle.
Un commentaire sur YouTube résume ainsi les différentes personnalités des musiciens du groupe :
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Syd – The soul (« l’âme »)
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David – The heart (« le cœur »)
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Roger – The brain (« le cerveau »)
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Nick – The bones (« le squelette »)
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Rick – The blood (« le sang »)
Avec le décès de Syd Barrett en 2006, puis celui de Richard Wright en 2008, ce concert restera pour toujours l’ultime reformation de Pink Floyd.
Les coulisses du show
En complément, un petit détail qui n’a sans doute pas échappé aux aficionados de six-cordes : Sur les images prises pendant les répétitions, on peut voir David Gilmour avec sa Stratocaster rouge, sa guitare principale des années 80 et 90. Pourtant ce n’est pas celle-ci qu’on verra pendant le concert.
C’est son technicien Phil Taylor qui lui suggère de ressortir son instrument iconique des seventies : la fameuse « black strat ». La guitare utilisée sur tous les grands albums du Floyd, et remisée depuis 1981, fait ainsi son grand retour sur scène pour ce concert du Live 8. Gilmour va se la réapproprier et en fera à nouveau son instrument fétiche sur ses albums et tournées suivantes.
Cette vidéo a été filmée en amateur pendant la balance (« soundcheck ») :
Le retour d’une guitare emblématique, la réunion des 4 membres historiques, le tout pour un concert-événement, 20 ans après le Live Aid… Oui, ce 2 juillet 2005 reste une date-clé dans l’histoire de Pink Floyd : Son point d’orgue final. C’était il y a tout juste 15 ans aujourd’hui.
© Jean-François Convert – Juillet 2020
il faut protéger la terre, c’est la seule planète ou l’on peut écouter Pink-Floyd