Le musicien Carlo Poddighe interprète seul ses morceaux en jouant de plusieurs instruments en même temps. Bluffant !
Le concept de One Man Band n’est pas nouveau. De nombreux artistes l’ont éprouvé, à différentes époques, dans différents styles. C’est surtout avec l’apparition des loopers que les musiciens ont démocratisé le principe de jouer en solo. J’ai eu l’occasion de chroniquer certains d’entres eux, comme Jekyll Wood, Eldad Zitrin, Pietro Quintana ou encore Lori Pearlson. Moi-même j’ai effectué des enregistrements grâce à mon Digitech TRIO+. Mais dans tous ces exemples, on est aidé par des machines qui assurent les boucles et/ou la rythmique. Même si les parties sont créées en live, il y a quand même une part de playback qui s’instaure au fil de la performance.
Avec Carlo Poddighe, j’ai découvert un véritable One Man Band qui produit réellement en direct tous les sons que l’on entend.
Je suis tombé sur son profil Facebook tout à fait par hasard, et j’ai immédiatement été subjugué par sa maitrise. Ici, pas de looper, pas de boite à rythmes, le musicien chante, joue de la guitare, parfois du clavier, et de la batterie en même temps ! Regardez et écoutez, c’est bluffant…
L’approche est différente de celle des artistes précités. Dans ce cas présent, on pense plutôt aux anciens bluesmen ou songwriters folk qui conjuguaient guitare, harmonica et percussions aux pieds. On se souvient aussi des hommes-orchestres tels Rémy Bricka, de Peter Gabriel qui sur scène jouait de la grosse caisse en même temps qu’il chantait, ou des bass pedals utilisées par Mike Rutherford, Sting ou Rush, entre autres. Plus récemment, le chanteur-guitariste de One Rusty Band combine guitare et grosse caisse. Autre exemple, le français BenjaminTehoval qui a enregistré en 1995 le disque One Man Band: The Southend Sessions et a posté plus tard une vidéo du classique 44 Blues (de Roosevelt Sykes) en l’interprétant avec guitare, harmonica, percussions et bass pedals :
Carlo Poddighe fait à mon sens encore plus fort en assurant la caisse claire, parfois du clavier et même la partie basse. D’une part il joue très souvent uniquement en Hammer On pour avoir la main droite de libre (et donc avec un micro supplémentaire qu’on aperçoit, et que j’imagine très sensible), d’autre part je pense qu’il a un octaver qui n’agit que sur les cordes graves, et il arrive à combiner un jeu au pouce et autres doigts pour parvenir à reproduire simultanément basses et solo.
De plus, les exemples de blues ou folk sont des chansons relativement simples rythmiquement et harmoniquement. Là où Carlo Poddighe est encore plus impressionnant, c’est qu’il arrive à reprendre des morceaux bien plus complexes comme par exemple I am the Walrus ou Echoes ! Certes ce n’est pas du note pour note et on comprend bien pourquoi, mais c’est une véritable gageure que d’interpréter de telles œuvres entièrement seul, tout en restant parfaitement fidèle à l’esprit de l’originale.
En parcourant sa chaine YouTube, on constate que Carlo Poddighe joue aussi en formule classique avec d’autres musiciens, notamment en power trio. On trouve à son répertoire des reprises des Doors, de Jimi Hendrix, de Santana, de Lou Reed, de Neil Young, de Pink Floyd…
Son site web indique qu’il mène de front plusieurs projets en solo ou en groupe, et qu’il compose également et enregistre et produit sa propre musique. Un artiste plus que complet qui mérite d’être découvert si vous ne le connaissez pas encore.