Se serait-elle assagie ? Ana Popovic nous livre un album beaucoup moins agressif que les précédents, tout en charmes et en douceurs. La guitare est bien présente, mais plus caressante qu’à l’accoutumée. Venez découvrir quelques titres.
Sommaire
Un son plus lisse
Quand on pense à Ana Popovic, on a un peu l’image d’un croisement entre Stevie Ray Vaughan et Joe Bonamassa au féminin : du blues rock hargneux qui fait saigner la guitare. Ses précédents albums laissaient peu de répit aux oreilles et nous emportaient dans un tourbillon électrique à fort volume sonore, en témoignent de nombreuses vidéos sur YouTube.
Sur son dernier opus Like it on top (ArtisteXclusive records), elle se fait moins anguleuse. Les notes glissent et le son coule, subtil et sensuel, comme sur ce très beau Slow dance :
On n’est même pas loin de la ballade mainstream avec le très plaisant Virtual ground. Et le morceau titre, quant à lui, fait la part belle aux cuivres, pour un groove irrésistible.
Mais ça n’empêche pas la chanteuse-guitariste charmeuse de nous mettre des fourmis dans les jambes avec des rythmiques funky (le bien nommé Funkin attitude), des riffs imparables (Sexy tonight), du blues bien carré (Brand new man) ou de l’acoustique au dobro (A matter of time).
Des femmes et des hommes
Des invités prestigieux sont venus prêter main forte à la dame du blues : le grand guitariste plus qu’expérimenté Robben Ford, le plus jeune mais non moins brillant Kenny Wayne Shepperd, et le bluesman afro-américain Keb Mo, qui a également produit l’album. Des pointures qui donnent la réplique à la maîtresse de cérémonie.
Car c’est bien un album au féminin dont il s’agit. Les textes rendent hommage à la fois aux femmes indépendantes, volontaires et déterminées, tout en louant les hommes qui ont compris cette importance d’avoir aussi des femmes au sommet de la société, comme le raconte le premier single Lasting kind of love, avec Keb Mo:
Ana Popovic explique :
“La plupart des femmes ont besoin de travailler deux fois plus pour s’accomplir, pour réussir au bureau, à la maison.
Elles subissent une pression constante et n’ont souvent pas droit à l’erreur. je souhaite que cet album leur donne un petit souffle d’énergie supplémentaire et soutienne les hommes dans leur éveil.”
Le dernier morceau, Honey I’m home, qui surfe sur une Soul langoureuse à la Marvin Gaye, parle des hommes qui mettent de côté leur carrière, pour passer plus de temps au foyer, et ainsi permettre à leur compagne de s’épanouir autrement.
Un album qui prouve que même si la musique se fait plus douce, elle peut faire passer des messages forts. Et Ana Popovic n’est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Même moins agressive, sa guitare sait nous rappeler qu’elle a sa place dans le blues-rock buriné, à égalité avec les hommes, à l’instar des femmes dans la société.
© Jean-François Convert – Septembre 2018