Ce samedi 10 juin se tenait la 9e édition de la Blues Party, un festival organisé par l’équipe du Blues Café Live à L’Isle d’Abeau en Isère. Quatre groupes se sont succédés pour une soirée pleinement réussie.

Cadre agréable et convivial

On a craint les orages, mais non finalement le soleil était de la « party ». Les organisateurs Cédric Vernet et Francis Rateau ne cachent pas leur plaisir. 10 ans que ce festival existe à L’Isle d’Abeau en Isère. Deux éditions n’ont pas pu avoir lieu à cause de la pandémie, mais l’une d’elles avaient quand même été quasiment bouclée, ce qui fait qu’elle « compte un peu quand même », alors ce 10 juin 2023, c’était la 9^ème édition de la Blues Party.

Le parc du Millenium offre un cadre très agréable avec son écrin de verdure caché au milieu de la ville. Ambiance familiale pour une jauge tout de même conséquente de 600 personnes. Avant, pendant et entre les concerts, le public peut profiter des stands présents sur place : le luthier lyonnais Cédric Bon (qui n’est autre que le neveu de Jack Bon), le fabriquant de cigar-box savoyard Martial Reeb (BobGuitar 73), et le fournisseur d’instruments « exotiques » Artisanal Spirit (guimbardes et Tongue drums). Des discussions sympathiques autour de la musique et de la guitare bien sûr : Cédric Bon m’a révélé qu’en 28 ans de lutherie il allait fabriquer sa toute première guitare pour gaucher, et il m’a également appris que la célèbre Strat de Rory Gallagher avait cette apparence très détériorée en partie pour avoir pris l’eau. Des essais de jeu sur une cigar-box (le manche carré quand on n’est pas habitué ça fait bizarre), et sur les Tongue Drums, même famille que les Steel drums mais ici avec des sorties d’ouïes et lamelles.

The Little Sadie Band

Premier groupe de la soirée emmené par Mathis Haug. Un artiste que je suis depuis plusieurs années et que j’avais eu l’occasion d’interviewer pour la sortie de son EP Kiss my grits en 2021. Cette fois j’ai pu le croiser en vrai, même si c’était rapide. Sur scène il est plein d’humour, se présente comme l’apéro-amuse-bouche » de la soirée et rappelle que « c’est ce soir qu’il faut penser aux cadeaux de noël ! » pour inviter le public à se procurer ses disques.

La musique est un mélange de de country, blues, folk et bluegrass. Mathis met rapidement le public dans sa poche, en compagnie de son fidèle complice Benoît Nogaret à la guitare (et parfois à la basse), le batteur Simon Boyer, et ce jour-là un invité de marque en la personne de Barefoot Iano (multi-instrumentiste, et co-fondateur entre autres du duo Mountain Men) qui rejoint le trio à partir du deuxième morceau, après l’ouverture avec le classique Hey hey, mixé à un autre titre.

Travellin Brothers

La scène accueille ensuite ce groupe basque de Bilbao. Formule chant-saxo-guitare-clavier-basse-batterie pour une énergie qui donne des fourmis aux jambes. Plusieurs personnes dans le public ne tardent pas à danser au son de ce Rhythm and blues entrainant.

On retiendra aussi une superbe reprise de Sweet Little Angel de B.B. King qui démarre en mode roots guitare-voix, avant que le duo ne soit rejoint par le groupe entier et que l’ensemble délivre une dynamique jouissive entre sursauts puissants et réponses feutrées tout en retenue. Un des très bons moments du concert pour moi :

Dede Priest & Johnny Clark’s Outlaws

Une fois la nuit tombée, c’est un tout autre style qui s’est invité à la party. Un son beaucoup plus rock avec la guitare saturée et souvent en slide de Johnny Clark, et surtout une artiste étonnante en la personne de Dede Priest qui conjugue voix captivante, jeu écorché sur sa SG souvent avec wah-wah, et mélodies aériennes au violon. Comme l’a précisé Francis, le violon est un instrument qu’on croise rarement dans le blues. Ici, il s’envole au dessus de la rythmique très heavy et donne un côté incantatoire voire shamanique à la musique du groupe. Le blues prend alors ses couleurs vaudou de la Louisiane et rappelle par moments l’atmosphère ressentie dans le dernier album de Moonlight Benjamin.

The Supersoul Brothers

Enfin, après l’apéro et les deux entrées, le plat de résistance avec ce groupe originaire du Béarn, que j’avais déjà eu l’occasion de voir en concert à Paris. Une énergie indéfectible, un son chaud et rythmé, et là encore le public enthousiaste pour ce final de la blues party haut en couleurs.

Une blues Party qui avait connu en début d’année quelques inquiétudes quant à sa perennité et qui a démontré samedi dernier une fois de plus son succès et l’attrait qu’elle génère auprès du public, au cas où certain-es en douteraient. Une belle affiche pour une soirée pleinement réussie.

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© Jean-François Convert – Juin 2023