Le 25 novembre 1977 arrivait dans les bacs le premier album éponyme du groupe téléphone, parfois appela ‘Anna’, du nom du premier morceau.
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Des débuts très prometteurs
Quand sort ce premier album (parfois appelé Anna, du nom de la première chanson) le 25 novembre 1977, cela fait un an que le groupe Téléphone existe. Formé à la hâte pour un concert le 12 novembre 1976 au Centre américain de Paris, le quatuor s’est déjà fait un nom au gré de nombreux concerts à succès dont un à l’Olympia le 7 juin 77 en première partie de Television, et surtout un gratuit dans le métro le 26 mars de la même année. La station République accueille groupe à l’initiative de la RATP et le concert entraine un énorme embouteillage et le blocage de la ligne 11 du métro de Paris. Avec, entre autres, cet évènement, la renommée de Téléphone est en marche, avant même la sortie de son premier disque. Celui-ci arbore justement une photo du groupe euphorique dans une rame de métro, à l’image d’un des titres-phares de l’album.
Des influences clairement anglo-saxonnes
Dès ce premier opus, Téléphone affiche la couleur : paroles françaises certes, mais musique on ne peut plus inspirée du rock outre-Manche voire outre-Atlantique. L’album est d’ailleurs enregistré à Londres et le label demande au groupe de chanter en anglais, mais le producteur Mike Thorne confirme que les chansons sont meilleures en restant interprétées en français. Musicalement, on entend des influences évidentes des Rolling Stones, Who, AC/DC ou Led Zeppelin.
Premier titre en shuffle ternaire, puis les morceaux enchainent de riffs bien carrés, avec systématiquement rythmiques doublées pour épaissir le son, et quelques solos, parfois en slide (Sur la route). Et référence ultime, l’intro à la Chuck Berry sur Hygiaphone :
L’influence se fait aussi sentir dans les textes avec par exemple Le vaudou (est toujours debout) qui pourrait très bien faire référence à Voodoo Chile, Jimi Hendrix étant une idole revendiquée de Jean-Louis Aubert et Louis Bertignac. Les thèmes abordés dans la plupart des morceaux empruntent aux classiques du rock : l’errance (Sur la route), la liberté et la vie au présent (Dans ton lit), la rupture (Telephomme), la position anti-establishment (Prends ce que tu veux)…
Et le disque se clôt sur une vision assez noire de l’existence. Flipper décrit la vie en trois phases, ou plutôt trois balles, qui nous malmènent entre chaque bumper, avant de nous envoyer « dans le dernier trou ». C’est un de mes titres préférés de Téléphone, signé Bertignac, que j’ai eu la chance d’entendre au concert des Insu en juillet 2017, et de jouer en jam à La Vache Rouge le mois dernier.
Ce premier album marquait déjà bien le style de Téléphone, celui qu’on allait entendre sur les quatre disques suivants et qui allait les introniser comme LE fer de lance du rock français. Aujourd’hui encore, le groupe reste la référence hexagonale en matière de rock, même 45 ans après la sortie de leur premier opus.
© Jean-François Convert – Novembre 2022