Pink Floyd vu à travers l’opposition entre Gilmour et Waters

Le 28 juin paraitra ‘Pink Floyd, Gilmour Vs Waters’ par Alexandre Higounet aux éditions Le Mot et le Reste. Un livre qui explore les origines et mécanismes de la relation conflictuelle entre Roger Waters et David Gilmour.

Un groupe de rock est souvent le théâtre de querelles intestines. Celle au sein de Pink Floyd est allée très loin avec procès dans les années 80 au sujet de l’utilisation du nom du groupe. Le quatuor fondé au milieu des sixties par Syd Barett, Roger Waters, Rick Wright et Nick Mason a rapidement changé de leadership avec la main mise de Waters sur toute la période des années 70. Puis Gilmour a pris le contrôle sur les deux dernières décennies 80 et 90.

Gilmour et Waters en 1972 aux studios Abbey Road

Entre eux deux, ça n’a pas toujours été un long fleuve tranquille, loin de là. Déjà quand ils étaient ensemble, les deux frères ennemis s’opposaient régulièrement sur les choix artistiques. Mais cette rivalité était créatrice et a permis l’éclosion de chefs-d’œuvres. J’ai toujours pensé que les meilleurs morceaux des Floyd figuraient parmi ceux composés à (au moins) quatre mains : Shine on you crazy diamond, Dogs, Echoes, Time, Comfortably numb, Wish you were here… Et même ceux signés exclusivement par Waters ont toujours été sublimés par les arrangements de Gilmour : Money, Mother, Pigs (3 different ones), Sheep, les trois parties de Another brick in the wall

Gilmour et Waters en 1972 au Château d’Hérouville de Michel Magne, sessions de Obscured by Clouds © Ronald Vela Vargas

Waters sans Gilmour, c’est peut-être profond mais il manque le son et l’orchestration. Gilmour sans Waters, ça sonne joli mais un peu creux, on a l’enveloppe sonore mais ça manque de corps à l’intérieur.

Les deux ensemble, c’est la fusion créatrice. Un processus moteur où les deux forces en puissance se complètent et s’additionnent plutôt que de se tirailler.

Waters, Mason et Gilmour en 1972 © GETTY

En dehors de la musique, les deux acolytes se sont plus que tiraillés. Procédures judiciaires en tous genres au sujet du nom du groupe, désaccords sur les rééditions remixées, communication sélective sur le site officiel de Pink Floyd, échanges de critiques cyniques par interviews interposées… et dernièrement schisme irréversible avec l’accusation d’antisémitisme à l’encontre de Waters de la part de Gilmour, fortement encouragé par sa femme Polly Samson

Pourtant, il y avait bien une première réconciliation en 2005 à l’occasion du Live 8, l’ultime reformation de Pink Floyd avant les décès de Syd Barrett et Rick Wright. Ils s’étaient également croisés en 2006 en marge des concerts de Gilmour au Royal ALbert Hall. Et enfin quelques années plus tard en 2011, des fans chanceux avaient pu assister à la participation de Gilmour à des concerts de Waters. Le guitariste était venu à quelques occasions sur scène interpréter Comfortably numb et Outside the wall, dans le cadre de la tournée de son ancien complice. Mais cela n’a pas survécu aux dernières animosités échangées l’an passé.

Cette relation conflictuelle entre Waters et Gimour a souvent été mise en avant par les media, mais n’a paradoxalement jamais été l’objet d’une réelle attention, au point d’y consacrer un livre. Cette lacune est désormais comblée avec l’ouvrage d’Alexandre Higounet qui sort le 28 juin aux éditions Le Mot et le Reste : Pink Floyd, Gilmour Vs Waters. L’auteur s’intéresse aux origines de cette lutte, à ses mécanismes et à son influence déterminante sur la trajectoire et l’œuvre de Pink Floyd.

Alexandre Higounet avait déjà consacré deux écrits au géant du rock progressif anglais : Which One’s Pink ? qui décryptait les logiques ayant agi au cœur de l’évolution musicale du groupe, et Pink Floyd et Syd Barrett, La croisée des destins qui mesurait l’influence primordiale de son sentiment de culpabilité vis-à-vis de son premier leader.

Avec ce troisième ouvrage consacré au groupe, Alexandre Higounet ouvre une nouvelle porte sur l’univers de Pink Floyd. Un livre qui permet de mesurer la lutte de pouvoir entre Waters et Gilmour, deux hommes ayant arpenté depuis l’adolescence des chemins artistiques radicalement différents. Une synthèse aussi riche qu’inédite.

Alexandre Higounet est journaliste. Après avoir notamment travaillé pour RMC Sport, il exerce actuellement au sein du média Le 10sport. Aux éditions Le mot et le reste, il est l’auteur de Pink Floyd, Which One’s Pink ? et de Pink Floyd et Syd Barrett, La croisée des destins.

PINK FLOYD, GILMOUR VS WATERS – sortie : 28 juin 2024 – 210 pages – broché – 21 € – 148 x 210

© Jean-François Convert – Avril 2024

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