L’album de Liam Gallagher et John Squire est sorti le 1er mars. La réunion de la britpop et d’un rock aux couleurs plus américaines.
Quand la voix d’Oasis encontre la guitare des Stone Roses…. on obtient un cocktail détonnant qui mêle intonations pop et sonorités bluesy. Dès le morceau d’ouverture, le single Raise Your Hands, on a ce groove en ternaire sur lequel vient se poser cette voix familière au ton nasillard, et les « na na na » so british. Mais les interventions guitaristiques nous téléportent instantanément dans des territoires outre-Atlantique.
Même le piano donne un côté honkytonk… Liam Gallagher virerait-il blues ? En tout cas, le deuxième titre Mars To Liverpool (clin d’œil à Bowie et aux Fab Four ?) poursuit dans cette voie avec un riff qui sonne southern rock. Mais le refrain nous ramène sur les terres anglaises, tandis que la guitare de John Squire continue de lorgner du côté du Texas ou du Mississippi…
One Day At A Time marie là-aussi parfaitement le riff rock carré et la mélodie ciselée, avec un solo que n’auraient pas renié des guitaristes de rock sudiste. I’m A Wheel débute carrément sur un thème carrément blues…. avant un refrain on ne peut plus pop ! Comme si ZZ Top accompagnait les Kinks… Le morceau suivant en revanche choisit clairement son camp : L’épique Just Another Rainbow sonne des plus anglais, avec une ambiance qui fait par moments penser à Rain des Beatles… jusqu’à ce que la guitare déchire tout et nous transporte à nouveau au pays du blues.
Le riff de Love You Forever pourrait aussi bien venir d’un disque d’Aerosmith, mais la voix de Gallagher nous rappelle les La’s… Encore un mix savamment dosé, qui se termine sur un motif hendrixien ! Quant à la ballade Make It Up As You Go Along, elle sonne autant américaine qu’anglaise, comme si le duo n’arrivait pas à choisir entre les deux rives de l’Atlantique, bien que John Squire soit lui aussi britannique.
Et même sur You’re Not The Only One à la progression harmonique ultra-classique 1-4-5 avec son piano boogie, et sa guitare à faire pâlir Popa Chubby ou Joe Bonamassa, l’ex-chanteur d’Oasis nous fait bien sentir, avec son timbre unique, qu’on est toujours en Angleterre…
Que ce soit avec son frère ou en solo, Liam Gallagher n’a jamais caché son adoration des Beatles et leur influence sur sa musique. Sans doute que John Squire les a beaucoup écoutés aussi. Le riff de I’m So Bored évoque inévitablement celui de Paperback Writer, mais avec un son bien plus sauvage qui le rattache à la modernité de 2024. Et le solo dissipe tout ambigüité de simple emprunt d’idée musicale.
Et pour finir dans les références aux Fab Four, le titre du dernier morceau ne peut pas être autre chose qu’un clin d’œil à une chanson de Paul sur le double blanc : seulement une lettre de plus à Mother’s Nature Son pour donner Mother’s Nature Song ! Un bon mot de Gallagher, souligné par la guitare slide de Squire qui s’envole sur ce final.
Une voix reconnaissable entre mille, très pop, et so british, des guitares hargneuses et tranchantes, limite deep south. Angleterre et Amérique… Chaque chanson est constamment dans cet aller-retour entre ancien et nouveau monde. L’album de Liam Gallagher et John Squire, c’est finalement un peu la synthèse de l’histoire du rock’n’roll.
Le duo sera en concert le 2 avril à la salle Pleyel. Inutile de préciser que c’est déjà complet !
© Jean-François Convert – Mars 2024