Joe Bonamassa chaud bouillant à Jazz à Vienne

Lundi soir le mercure était déjà pas loin d’exploser dans le théâtre antique de Vienne. Mais ça n’a pas empêché Joe Bonamassa de faire encore monter la température.

Première partie sans surprise

Joe Louis Walker nous a donné une prestation sans surprise : du blues de facture classique par ce quasi-vétéran de la génération de bluesmen de la fin des eighties, avec notamment Robert Cray. Du 12 mesures à foison et le traditionnel final avec présentation des musiciens où chacun a droit à son solo. On note tout de même un morceau avec une longue impro où se sont glissées des citations de entre autres Day tripper et You really got me.

Ouverture surprenante

Changement de plateau, les lumières s’éteignent, la musique de la sono diminue, le public s’embrase, et on attend tous impatiemment l’arrivée de Joe Bonamassa… mais bizarrement, alors que les musiciens entrent en scène, la musique reprend, plus forte… le guitar-hero attend d’abord en coulisses, puis vient s’installer dans le noir, tandis que la musique continue… on entend les instruments, vraiment très bizarre ! Puis le concert commence enfin. Un début très rock, qui glisse plus tard vers des couleurs soul-blues tendance vintage avant de revenir à nouveau à un son plus moderne.

Du gros son

Dès le début ça envoie du lourd. Pas étonnant à en juger par le nombre impressionnant d’amplis… positionnés derrière des plaques de plexiglas, tellement ils sont forts ! Bonamassa l’a dit lui-même : « si n’importe quel musicien jouait à mon volume, il serait immédiatement viré de scène… moi je peux le faire parce que je suis Joe Bonamassa ! » Tout est dit. On est la plupart du temps dans la démesure : du son très fort, des solos très longs, un jeu très rapide… bref, le show Bonamassa est là pour en mettre plein la vue et plein les oreilles.

Et même si le personnage semble discret et abordable en coulisses comme j’ai pu le vérifier avant le concert, il se mue sur scène en un guitar-hero virtuose sur scène. Caché derrière ses lunettes noires, Big Joe étale sa technique à toutes les mesures avec une recette bien huilée : chaque morceau transite forcément par un passage calme où le guitariste use de tous les gimmicks possibles (picking, effet violon au potard de volume…) puis invariablement on passe en mode énervé avec disto enclenchée et cascades de notes vertigineuses, même sur un blues lent :

Une collection hallucinante de guitares

Question manches, il va en parcourir un paquet, puisque chaque chanson du set voit venir une guitare différente ! On a bien sûr tous déjà vu des guitaristes changer d’instrument à chaque morceau, mais la plupart du temps, ils en changent puis reviennent à des précédents déjà utilisés au cours du concert. Joe Bonamassa lui a autant de guitares que de chansons !

Même si certaines se ressemblent, j’ai pu distinguer les modèles suivants dans l’ordre du set (je ne suis pas du tout expert de son matos) :

  1. Les Paul unburst avec mécaniques type 60’s (chromées) mais potards type 50’s
  2. ES-335 cherry avec barre de vibrato
  3. Stratocaster sunburst type série L début 60’s (manche palissandre)
  4. Les Paul unburst avec mécaniques type 50’s (« tulipes »)
  5. Stratocaster sunburst de 1955 (manche érable une pièce)
  6. ES-335 cherry sans barre de vibrato
  7. Les Paul avec une tâche rouge et mécaniques type 50’s (« tulipes ») et sans les cache-micros
  8. Telecaster avec Humbucker en position manche
  9. Flying V finition naturelle avec plaque noire

Je savais que Bonamassa était un grand collectionneur de guitares prestigieuses, mais je ne m’attendais à ce qu’il en emporte autant en tournées ! L’autre détail surprenant est ce micro posé par terre devant son pedalboard. Un secours du micro chant ? dans ce cas, pourquoi n’est-il pas déjà fixé au pied ?

Un show chaud

Quelques interactions avec le public, notamment lorsque le guitariste américain se souvient de sa dernière venue à Vienne il y a 15 ans, mais que ce soir est particulièrement « fuckin’ hot ! ». Lors de la présentation des musicien-nes, il introduit le claviériste Reese Wynans comme une « légende vivante », en rappelant que la dernière fois qu’il à joué à Vienne, c’était en 1988 avec.. Stevie Ray Vaughan ! Joe demande au public de lui faire une standing ovation.

Et pour rester dans le cercle privilégié des artistes mythiques, il glisse dans l’avant dernier morceau une citation de Cause we’ve ended as lovers en hommage à Jeff Beck (en plus avec le modèle de guitare approprié), puis dans le final deux références à Led Zeppelin avec un solo au Thérémine et le thème de Dazed and Confused.

Le concert se termine de façon aussi bizarre qu’il a commencé : alors qu’il aurait sans doute bien aimé poursuivre, le guitariste est plus ou moins sommé de s’arrêter là à cause de l’organisation du festival. Joe s’excuse presque de ne pas pouvoir faire de rappel !

Une fin un peu précipitée, mais un set d’un peu plus d’1h30 qui a visiblement ravi le public, heureux d’avoir pris une grosse claque. Si vous aimez les jeux de guitaristes qui en font des tonnes, un peu dans la veine de Gary Moore, foncez voir un concert de Joe Bonamassa, vous ne serez pas déçu-es. Même si ce n’est pas exactement la démarche musicale que je préfère, j’avoue avoir été impressionné à plusieurs reprises et avoir passé un bon moment.

© Jean-François Convert – Juillet 2023

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4 commentaires sur “Joe Bonamassa chaud bouillant à Jazz à Vienne

  1. Un ami fan de lui est allé le voir en concert intégralement acoustique au zénith de Toulouse, or dans l’après-midi, cet ami amateur de belles guitares de collection, est allé faire un tour dans un minuscule magasin de grattes (connu de tous les toulousains amateurs de la six-cordes, un vrai temple sacré !)….pendant qu’il scrute des beautés accrochées au mur, il entend un gars jouer comme un dieu, de la guitare électrique….il va voir…il aperçoit un gars avec une casquette, avec le visage juvénile…c’était Joe Bonamassa. Inutile de préciser dans quel état était mon ami…..il ne s’en est jamais remis….il a pu discuter longuement avec lui, et prendre quelques clichés. Un souvenir impérissable.

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    1. merci pour ce témoignage

  2. Encore un concert auquel j’ai assisté et dont le compte-rendu reflète parfaitement mon retour personnel: effectivement en 1ère partie du blues classique ( bien efficace) de JL Walker déjà vu à Vienne en 1ere partie de L.Peterson il y a quelques années.
    Set un peu court de J.Bonamassa à mon goût mais jouissif dans une chaleur étouffante avec du gros son et des solos décoiffants, le tout avec des guitares différentes !
    J’aurais aimé le voir jouer avec une guitare acoustique, d’autant que JB a été inspiré lors de blues avec un tempo lent montrant qu’il avait un excellent toucher de guitare au-delà d’une technique digne des plus grands guitaristes de blues.
    J’ai trouvé que le clavier était vraiment excellent (ainsi qu’une choriste) et j’ai été très ému d’apprendre que c’était le clavier de SRV pour lequel j’éprouve une grande admiration (et que je n’ai pas malheureusement vu en concert).
    En conclusion, un concert qui m’a laissé un peu sur la faim mais pour lequel je garde un excellent souvenir d’une prestation très haut de gamme de JB.

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    1. merci pour ce témoignage

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