Le dernier album des Rolling Stones avec Mick Taylor a 50 ans

Le 18 octobre 1974 arrivait dans les bacs ‘It’s only Rock ‘n Roll’, le dernier disque des Rolling Stones enregistré avec Mick Taylor avant son départ du groupe la même année.

Mick Taylor termine en beauté…

Je l’ai déjà dit à plusieurs reprises : ma période préférée des Rolling Stones est celle avec Mick Taylor. Je pense que c’est le cas de nombreux fans du groupe. Le guitariste a apporté une nouvelle dimension à la musique des Stones. Son phrasé mélodique, tantôt bluesy, tantôt aérien a largement contribué à la musicalité des morceaux composés par Jagger et Richards. et Taylor a lui-même participé à la composition de plusieurs chansons… sans être crédité bien sûr, mis à part sur Ventilator Blues.

Alors forcément ça l’a sans doute poussé à partir, bien que ce n’était peut-être pas la seule raison. En 1974, Mick Taylor prend la lourde décision de quitter le plus grand groupe de rock’n’roll du monde.

Le dernier disque où il collabore avec eux est d’excellente facture et met en valeur son jeu incandescent. It’s only Rock ‘n Roll est le dernier album des Stones où il apparait à part entière. Plus tard, quelques titres enregistrés avec lui ressurgiront sur Metamorphosis (1975) ou Tattoo You (1980).

Il brille particulièrement dans les morceaux suivants : l’ouverture If you can’t rock me où on reconnait dès les premières notes sa signature en réponse au riff carré de Keith, les soli hargneux de Dance little sister, celui très mélodique de If you really want to be my friend, et bien sûr Time waits for no one qui représente un peu l’acmé de l’album et de la contribution de Taylor à la musique des Stones. Il reprendra d’ailleurs le début du solo pour conclure son premier album solo en 1979 :

Non seulement le musicien excelle à la six-cordes, mais il est aussi crédité aux congas et synthétiseurs, et surtout il s’offre même le luxe de jouer les toutes dernières notes de l’album… à la basse ! Sa partie sur Fingerprint file est tout simplement ce qui donne le groove du morceau, en parfait contrepoint de la rythmique syncopée de Jagger et de la wah-wah désarticulée de Richards. Car le maitre du riff s’illustre aussi en soliste sur cet album.

…Keith Richards est toujours bien présent…

Bien qu’en interview Keith a souvent regretté que sa collaboration avec Mick Taylor était selons ses termes « dichotomique, lui au solo, moi à la rythmique », le guitariste à 5 cordes a régulièrement pris le lead, que ce soir en live (Get Yer Ya-Ya’s out !) mais aussi en studio (Bitch, Wild Horses, Tumbling Dice, Star Star…). Cet album ne déroge pas à la règle, et Mister riff joue le solo sur plusieurs morceaux :

  • d’après Wikipedia, Taylor n’est pas crédité sur Luxury (alors que j’avais toujours cru que c’était lui), donc ce serait bien Keith à la manœuvre
  • idem sur Fingerprint file, je croyais que la wah était jouée par Taylor, mais il semble bien que ce soit Keith, toujours d’après Wikipedia
  • la slide sur la ballade Till the Next Goodbye est aussi assurée par Keith
  • le morceau-titre de l’album offre l’occasion à Keith de jouer dans son style favori à la Chuck Berry
  • La reprise des Temptations Ain’t too proud to beg met également Keith en position de soliste, comme on peut le voir sur le clip promo :

Même si Mick Taylor signe les magnifiques solos de If you can’t rock me, If you really want to be my friend et Time waits for no one, il s’efface peu à peu du groupe, en ne figurant pas sur toutes les chansons. Il ne joue pas sur Luxury, Ain’t too proud to beg, ni-même le morceau-titre… un morceau à l’initiative d’un autre guitariste…

…Ron Wood commence à s’incruster…

Avant de devenir le nouveau second guitariste officiel en 1975 avec Black and blue, Ron Wood faisait déjà une peu partie de l’univers des Stones. C’est un ami de Keith, son home studio en 1973 pour la jam avec Jimmy Page durant les sessions de Goats head soup, et pour cet album It’s only Rock ‘n Roll, il donne tout simplement l’inspiration du morceau-titre ! C’est en tout cas ce qui est indiqué sur les notes de pochette :

Est-ce que Mick Taylor a senti qu’il était un peu poussé vers la sortie par cette incursion déguisée ?… On ne saura jamais exactement tous les tenants et aboutissants. Mais quoiqu’il en soit, le morceau It’s only Rock ‘n Roll deviendra un des titres phares des Stones, souvent joués en concert, avec un credo qui résume bien la philosophie du groupe : « ce n’est que du rock’n’ roll, mais j’aime ça ! » Et c’est la seule composition originale de l’album à sortir en single (l’autre étant la reprise Ain’t too proud to beg). Sur le clip promo, Mick Taylor est toujours présent, preuve que son départ n’était pas encore acté, du moins officiellement :

La fin d’une époque, et pas seulement à cause du départ de Taylor.

…Et les « jumeaux étincelants » prennent de l’assurance

It’s only Rock ‘n Roll a la particularité d’être le premier album des Stones produit par Jagger et Richards, sous le pseudonyme des Glimmer Twins (« jumeaux étincelants »), qui était déjà utilisé pour signer leurs compositions. Pour la première fois depuis l’album Beggars Banquet paru en 1968, le groupe ne travaille plus avec le producteur Jimmy Miller. Les deux frères ennemis avaient déjà pris l’ascendance musicale sur Brian Jones dans la deuxième partie des sixties, ils enfoncent ici le clou en s’accaparant aussi les rênes de la production.

Andy Jons et Keith Hartwood sont aux mannettes pour l’enregistrement et le mixage, tandis que les fidèles Ian Stewart, Nicky Hopkins et Billy Preston assurent des parties de claviers savamment peaufinées. En étant couplé à une wah-wah, le clavinet de Preston sonne quasiment comme une guitare sur Ain’t too proud to beg et Fingerprint file.

Enfin, parmi les raretés, on peut noter que le single It’s only Rock ‘n Roll sort avec une face B qui ne figure pas sur l’album : la ballade Through the Lonely Nights où on reconnait bien la guitare typique de Mick Taylor. Et apparemment, il chante également les chœurs sur ce morceau, chose pas courante durant sa présence dans le groupe, entre 1969 et 1974.

Cet album marque pour moi la fin d’un cycle. C’est la meilleure période des Rolling Stones à mon goût qui se referme avec ce disque. Moi aussi je peux affirmer que même quand ce n’est « que » du rock’n’roll, j’adore ! Et les Stones le chantent depuis un demi-siècle sur cet album, sorti il y a tout juste 50 ans aujourd’hui.

© Jean-François Convert – Octobre 2024

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