Il y a 55 ans, les Stones sortaient “Out of Our Heads”

Le 24 septembre 1965 arrivait dans les bacs britanniques cet album qui marque un premier tournant dans la carrière des Rolling Stones.

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les Rolling Stones en 1965 © Bridgeman Images

L’album de “Satisfaction” ? oui et non

Au milieu des années soixante, l’industrie phonographique ne raisonne pas encore en terme « d’albums », mais plutôt de recueils de chansons. Le single est roi, est c’est d’abord ce format qui est mis en avant commercialement. Le disque 33 tours, ou LP (« Long Playing » en anglais), n’arrive qu’en second, et les maisons de disques les éditent un peu comme elles veulent, sans demander leur avis aux artistes.

Et surtout, les versions diffèrent d’un pays à l’autre. Ainsi, ce Out of our heads qui sort le 24 septembre 1965 au Royaume-Uni, est déjà paru le 30 juillet aux Etats-Unis et Canada, mais avec d’autres titres et une pochette différente.

édition anglaise

  1. She Said Yeah
  2. Mercy, Mercy
  3. Hitch Hike
  4. That’s How Strong My Love Is
  5. Good Times
  6. Gotta Get Away
  7. Talkin’ ‘Bout You
  8. Cry to Me
  9. Oh, Baby (We Got a Good Thing Going)
  10. Heart of Stone
  11. The Under Assistant West Coast Promotion Man
  12. I’m Free

édition américaine

  1. Mercy, Mercy
  2. Hitch Hike
  3. The Last Time
  4. That’s How Strong My Love Is
  5. Good Times
  6. I’m Alright (live)
  7. (I Can’t Get No) Satisfaction
  8. Cry to Me
  9. The Under Assistant West Coast Promotion Man
  10. Play with Fire
  11. The Spider and the Fly
  12. One More Try

La réédition CD regroupe tous les morceaux des deux éditions vinyles.

LE single de l’histoire du rock

Satisfaction a été enregistré en mai 1965 à Chicago et Los Angeles. C’est donc tout naturellement qu’il sort d’abord en single aux Etats-Unis le 6 juin, puis au Royaume-Uni le 20 août.

Morceau qui symbolise à lui seule toute la jeunesse des années soixante, toute l’impertinence du rock des sixties, et la rébellion culturelle d’une génération : celle des baby-boomers. Dire que son riff est célèbre est un doux euphémisme. Sept ans avant Smoke on the water, il reste le triptyque de notes le plus repris et le plus emblématique de toute l’histoire du rock. Keith Richards dit l’avoir entendu en rêve.

Après l’avoir enregistré sur guitare acoustique au milieu de la nuit, le guitariste utilise en studio, une des premières pédales Fuzz : la Maestro FZ-1 Fuzztone. Et ce qui au départ ne devait être qu’une indication pour une section de cuivres, devient le son emblématique du morceau. On peut le voir l’utiliser lors de cette version au Ed Sullivan show :

Mais si la chanson figure sur la version américaine de l’album, elle est absente de la version anglaise.

Quelques reprises

Fidèle à ses racines rhythm & blues, le groupe reprend des standards du genre : Hitch Hike, That’s How Strong My Love Is, Good Times, Talkin’ ‘Bout You ou encore Mercy, Mercy

Mais alors que les disques précédents étaient quasiment intégralement constitués de reprises avec de très rares compositions originales, la tendance va s’inverser.

Plus de compositions originales

Même si le duo Jagger/Richards avait déjà composé et écrit quelques morceaux auparavant, c’est vraiment sur cet album qu’il commence à prendre de l’assurance et imposer ses titres. C’est la première fois qu’un disque des Rolling Stones présente autant de compositions originales que de reprises.

Sur Heart of Stone (qui ne figure que sur l’édition britannique), Jagger affiche son côté misogyne, tandis que Richards joue sur sa Les Paul “burst” de 1959, qu’il revendra en 1968, et qui sera rachetée par un certain…Mick Taylor !

Le duo, qui sera plus tard surnommé les Glimmer Twins, est en train de prendre l’ascendant sur Brian Jones qui perd peu à peu le leadership du groupe. Néanmoins, l’ange blond contribue quand même à plusieurs compositions collectives, créditées du pseudo « Nanker Phelge ».

C’est par exemple le cas de Play with fire, présente uniquement sur l’édition américaine de l’album, et également en face B du single The last time. Les paroles évoquent la relation du chanteur avec une fille de la haute société, dénigrant ce style de vie de la même manière que la chanson 19th Nervous Breakdown. Le titre fait référence à l’adage « Qui joue avec le feu fini par se brûler ».

Play with fire vu par © Denys Legros

D’autres titres comme I’m free, Gotta Get Away, ou The Under Assistant West Coast Promotion Man confirment que les pierres qui roulent sont en passe de devenir des auteurs à part entière, et entendent bien disputer la première place de plus grand groupe de rock du monde avec les Fab Four.

Il faudra attendre encore quelques années, mais ça ne tardera pas à arriver. Ce qui est sûr, c’est que ce disque marquait le premier tournant dans la carrière des Rolling Stones, avant bien d’autres. C’était il y a 55 ans.

© Jean-François Convert – Septembre 2020

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