Il y a 50 ans sortait le 1er album de Manassas emmené par Stephen Stills et Chris Hillman

Le 12 avril 1972 arrivait dans les bacs ce disque éponyme du groupe Manassas fondé par Stephen Stills et Chris Hillman.

Un groupe éphémère

Après deux albums solo et encore en congés du trio-quatuor CSN&Y, Stephen Stills monte un groupe mais qui ne durera pas. Dès le deuxième album Down the road sorti en 1973, Manassas se séparera. Un projet de courte durée, un peu semblable au Derek and the Dominos d’Eric Clapton. D’ailleurs difficile de dire si c’est le disque du groupe Manassas, ou un album de Stills s’appelant Manassas. La pochette porte à confusion en titrant Stephen Stills au-dessus de Manassas, puis en le ré-indiquant dans la liste des musiciens en dessous :

Le nom de Manassas vient de la gare où a été prise la photo. Il s’agit d’une ville de Virginie célèbre pour la première victoire majeure des Confédérés durant la guerre de Sécession, sujet qui passionne Stills. Le vinyle d’origine était accompagné d’un message exhortant les gens à «utiliser le pouvoir, s’inscrire et voter».

© Denys Legros

L’intérieur du disque faisait en revanche bien apparaitre la notion de groupe. Chris Hillman, ex-Byrds et Flying Burrito Brothers co-signe plusieurs morceaux et chante même parfois le lead. L’album est produit par Stills, Hillman et Dallas Taylor, le batteur ayant joué avec le trio CSN dès leur premier opus. On note même que le morceau The love gangster est coécrit par Stills et… Bill Wyman. Le, bassiste des Rolling Stones aurait d’ailleurs laissé sous-entendre à l’époque qu’il comptait quitter le plus grand groupe de rock’n’roll pour rejoindre Manasssas…

Les autres musiciens sont des pointures dans la country (Al Perkins à la Pedal steel), le blues (Calvin « Fuzzy » Samuels à la basse), la soul-americana (Paul Harris aux claviers) ou la musique sud-américaine (Joe Lala aux percussions). Viennent compléter les invités sur quelques titres : Byron Berline au violon, Sydney George à l’harmonica, Roger Bush à la contrebasse, et donc Bill Wyman à la basse sur le morceau qu’il a co-signé.

Un double album, 4 faces bien identifiées

Chacune des faces du double vinyle a son propre titre :

  • The Raven est constitué de morceaux mêlant rock, blues et musique latine, et s’enchainant sans temps mort. Cette suite était jouée en concert telle que sur le disque.
  • The Wilderness, entièrement écrit et composé par Stills, sonne très bluegrass, western-swing, hormis Colorado et So begin the task plutôt country-rock.
  • Consider est essentiellement folk-rock mais avec quand même une incursion légèrement expérimentale par l’utilisation du synthétiseur Moog sur Move around. La chanson Johnny’s Garden serait a priori sur le gardien du manoir anglais que Stills a acheté à Ringo Starr.
  • Enfin Rock & Roll is here to stay, également écrit et composé intégralement par Stills, clôt l’album sur 3 titres très rock, et un final en blues acoustique guitare-voix, typique de Stills. Blues man est indiqué « en hommage à Jimi HendrixAl WilsonDuane Allman« . Le morceau The treasure est spécifié « Take one » (« première prise ») et offre à Stills l’occasion de briller à la guitare wah-wah et slide. What To Do et Right Now traitent de la la séparation de CSN&Y, et la relation de Stills avec Graham Nash.

Quelques prestations en live

Malgré sa courte existence, le groupe a laissé à la postérité quelques prestations live enregistrées et même filmées. On peut notamment trouver sur YouTube la playlist complète de leur passage à l’émission Beat Workshop, filmé en mars 72, et diffusé en juin de la même année.

Cliquez sur l’image pour lancer la playlist sur YouTube

On trouve également l’enregistrement audio de ce qui est indiqué comme le tout premier concert de Manassas, le 22 mars 1972 à Amsterdam, donc avant la sortie du disque :

Et également un concert de l’année suivante au Winterland de San Francisco, en sons et images (noir et blanc) :

Après cette parenthèse, Stills re-sortira à nouveau des albums sous son seul nom (Stills en 1975, Illegal Stills en 1976) avant de retrouver ses comparses en 1977 pour le retour du trio légendaire CSN. Tout comme Layla dans la discographie d’Eric Clapton, je considère ce Manassas comme le meilleur disque de Stephen Stills, en dehors de CSN&Y. À croire que c’est lorsqu’ils se trouvent au sein d’un collectif que les musiciens sortent le meilleur d’eux-mêmes.

Dans ce double-opus, Stills démontre sa maitrise de plusieurs styles musicaux, aussi bien dans la composition que l’interprétation. Et son chant n’a d’égal que son jeu de guitare, souvent sous-estimé. Manassas n’aura été le groupe que de deux albums, et principalement d’un, ce premier sorti il y a tout juste 50 ans aujourd’hui.

© Jean-François Convert – Avril 2022

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