Le 2 juin 1978 arrivait dans les bacs Darkness on the Edge of Town, l’album le plus sombre de la première période de Bruce Springsteen.
Qu’on ne s’y trompe pas, même si l’album Darkness on the Edge of Town s’ouvre sur les notes enjouées du piano de Roy Bittan sur Badlands, le disque s’annonce plutôt sombre comparé aux autres opus de cette même période dans la discographie de Bruce Springsteen. On n’est plus dans la ferveur encore presque adolescente de Born to run, et on n’a pas atteint la sérénité de The river, ni l’épure de Nebraska. Cette tendance plus grave s’observe tout au long de l’album. Même si le tempo du premier morceau est plutôt enlevé, celui-ci se nomme « badlands » et nous alerte sur les « mauvais endroits » qu’il faut « endurer jusqu’à ce qu’ils nous traitent bien. » Des paroles qui restent somme toute positives en vantant la détermination à réussir face à l’oppression.
La plupart des morceaux mettent l’accent sur des personnages malheureux qui se battent contre des obstacles écrasants, et Springsteen dédie cet album à certains de ses proches souffrants. Il évoque les rapports père-fils dans Adam Raised a Cain aux citations biblique et Factory qui dépeint le quotidien d’un père ouvrier, comme celui du chanteur.
Musicalement, la production abandonne l’emphase de Born to run et se recentre sur un son plus dur. Moins de saxophone (3 titres seulement sur les 10) et beaucoup de guitare. Le Boss assure tous les solos, tandis qu’à la guitare rythmique Steven Van Zandt rejoint définitivement le E-Street Band. Les ambiances varient, du très stonien Adam Raised a Cain (rythmique et chœurs) aux mélancoliques mais déterminés Racing in the Street et Factory, en passant par les entrainants The Promised Land et Prove It All Night, ou au contraire le poignant Something in the Night et sa voix déchirante. Une voix que Springsteen module plus que sur ses disques précédents. Il la pousse dans ses retranchements notamment sur Streets of fire, et à l’opposé nous chuchote à l’oreille au début de Candy’s room.
Et puis bien sûr, le morceau-titre qui clôt l’album. Un riff impérial, surtout dans les versions live puisqu’en studio il n’est quasiment joué qu’au piano, il faut attendre le solo pour l’entendre doublé à la guitare. Cette chanson représente une unification des thèmes de l’album, à savoir l’amour perdu, les épreuves et la trahison. Le narrateur est seul, il a subi des malheurs et a tout perdu, mais il refuse d’abandonner et reste debout. Une posture qui passe là encore à travers la voix.
La première fois que j’ai entendu Darkness on the Edge of Town c’est sur le Live/1975-85 et cette version de décembre 80 reste une de mes préférées. Mais j’ai eu la chance de l’entendre deux fois « en direct » : lors du concert de 1993 à Lyon, et surtout récemment quand le Boss est passé à Paris. La setlist de ce concert du 15 mai a d’ailleurs fait la part belle à ce disque : 4 morceaux, autant que de Born to run, loin devant The river par exemple qui n’a eu droit qu’à une seule chanson. Seul le best-seller Born in the U.SA. les a dépassés avec 5 titres.
Preuve que le Boss reste attaché à cet album, sorti il y a tout juste 45 ans aujourd’hui.
© Jean-François Convert – Juin 2023
Les arrangements sont percutants et la sonorité seventies est un pur régal . L’ambiance qui se dégage de ces dix chansons est très introspective voire même spirituelle . Ce disque n’aura pas il est vrai le même retentissement que « Born to run » de 1975 ou son successeur « the River » en 1980 mais il apparaît comme incontournable dans la démarche et la compréhension de l’artiste .
Pour moi, Springsteen est le plus grand performer de tous les temps et un songwriter intemporel et prolifique.
A titre personnel je l’ai vu 31 fois sur scène
je vous envie !
Très juste et comme disait mon mentor Bernard L « à défaut de ne pouvoir être le King il sera à jamais le Boss » Fan depuis 40 ans….60 concerts seulement mais tous les jours toutes les songs on my mind 3iz
Pour le Boss en concert ce sera le 13 juin à Zurich ! J’en ai déjà l’eau à la bouche
Super concert magnifique