Il y a 40 ans, les Stones sortaient ‘Undercover’

Le 7 novembre 1983 arrivait dans les bacs ce dix-septième album studio des Rolling Stones. Un disque souvent considéré comme l’un des plus faibles du groupe.

Ce n’est je pense une surprise pour personne, les albums des Rolling Stones sortis durant les eighties ne m’intéressent guère. J’ai toujours clamé qua ma période favorite du groupe est celle avec Mick Taylor. Les décennies qui ont suivi son départ en 1974 ne m’ont jamais apporté le frisson ressenti en écoutant des chefs d’œuvre comme Let it bleed, Get Yer Ya-Ya’s out ! ou Sticky Fingers, même s’il y a eu quelques bonnes surprises (Stripped en 1995, Blue and Lonesome en 2016, ou plus récemment un morceau comme Sweet Sounds Of Heaven).

Alors, que dire de ce Undercover, sorti en novembre 83 ? Pas grand chose. On y ressent le début de la guéguerre entre Jagger et Richards, le premier souhaitant embrasser les modes du moment, tandis que le second préfère rester ancré dans le blues.

Après le morceau-titre Undercover of the night qui ouvre l’album et sort en premier single, évoquant la politique en l’Amérique centrale, on trouve un bizarre patchwork de chansons qui naviguent entre heavy-rock (She Was HotToo ToughAll The Way Down et It Must Be Hell), l’inévitable titre chanté par Richards (Wanna Hold You), et des ambiances aux sonorités très années 80, notamment sur Feel On Baby, Tie You Up (The Pain Of Love), Pretty Beat Up (en grande partie une composition de Ronnie Wood que Jagger et Richards auraient tous deux hésité à inclure dans l’album) et le single Too much blood, peut-être le morceau le moins stonien de tout le disque :

En fait, le seul titre qui m’avait marqué avant même que je connaisse l’album est She was hot, lui aussi sorti en single. Un rock’n’roll dans la lignée musicale de Star Star. Une des particularités de ce morceau est qu’il contient deux pianistes : le nouveau-venu Chuck Leavell et surtout le vétéran Ian Stewart. Mais c’est principalement le son des guitares qui m’avait accroché à la première écoute. Une fuzz grasse et baveuse mais so eighties. Et question guitares, on peut voir dans la vidéo Ron Wood avec une Stratocaster gonflable, un peu dans le même esprit que dans le clip Ça (c’est vraiment toi) de Téléphone, sorti plus d’un an avant. Est-ce que pour une fois, les frenchies auraient influencé leurs mentors anglais ?

Sinon, voir chaque membre du groupe séduit par l’actrice Anita Morris est assez rigolo, et en guise de final, l’insertion d’un passage de Off the hook (single de 1964, et figurant sur l’album The Rolling Stones No. 2 en 1965) laisse entrevoir que les Stones n’ont pas totalement oublié leur gloire passée des sixties.

Pour les amateurs de détails, deux singularités à noter :

  • La version de la chanson utilisée dans la vidéo comprend un couplet supplémentaire de trois lignes à la 32e seconde qui n’a jamais été inclus dans aucune version commerciale de la chanson.
  • L’audio est sensiblement accéléré dans la vidéo d’environ huit pour cent, causant une augmentation de hauteur de 1,3 demi-ton.

Alors, est-ce qu’Undercover est le « pire album studio » du groupe » comme l’a qualifié à sa sortie le critique musical américain Robert Christgau ? Honnêtement je m’en fiche un peu, et n’oublions pas que Exile on main St. avait lui aussi été descendu au moment de sa parution. Toute proportion gardée bien sûr, entre les deux extrémités qualitatives de la discographie du plus grand groupe de rock’n’roll du monde. Et également à la différence près que Jagger lui-même considère Undercover comme l’un des plus faibles albums des Rolling Stones. Un album sorti il y a 40 ans aujourd’hui.

© Jean-François Convert – Novembre 2023

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