Le 10 novembre 1986 arrivait dans les bacs ce coffret 5 vinyles ou 3 CD qui proposait une sélection d’enregistrements live du Boss sur une période de 10 ans.
J’étais au lycée, en terminale, et après avoir écouté en boucle l’album Born in the USA depuis la seconde, j’ai découvert le showman extraordinaire qu’était Bruce Springsteen à travers plusieurs morceaux issus de ce Live/1975-85, qu’un camarade de classe m’avait copiés sur cassette.
Le Boss avait choisi de sortir ce coffret pour lutter contre les nombreux bootlegs de ses concerts, souvent de mauvaise qualité. Très attendu, cet album live a démarré avec plus de 1,5 million d’exemplaires en commande, un record pour l’époque.
Et effectivement ces enregistrements en public valent vraiment le détour. C’est en tout cas par ceux-là que j’ai fait connaissance avec plusieurs titres incontournables du Boss, notamment Born to run (bien avant que je ne connaisse l’album). Cette version live de 1984, durant la tournée Born in the USA reste pour moi une des meilleures :
Idem pour The river. Ce n’est qu’un ou deux ans plus tard que j’ai écouté ce double-album magnifique. En attendant je tombais subjugué devant ce morceau en live, avec son intro tellement poignante où Bruce raconte comment il n’a pas été retenu au recensement militaire pour partir au Vietnam (pour raisons de santé), et que son père a accueilli la nouvelle avec grand soulagement. Pour plus de détails sur le morceau et cette version, lire ma chronique publiée l’année dernière pour les 40 ans de l’album
Les chansons en public sont très souvent réarrangées. Soit en rajoutant des intros comme dans The River ou Cover me, en embellissant les orchestrations comme dans Nebraska dont l’épure acoustique en studio prend ici une dimension plus emphatique et quasi-cinématographique. Soit à l’inverse en réduisant à l’essentiel : le très rock et dynamique No surrender sur l’album Born in the USA retourne à sa plus simple expression avec juste une guitare et un harmonica pour accompagner la voix du Boss.
Et puis ce live est également l’occasion d’entendre des reprises, qui forcement ne figurent pas sur les albums studios : entre autres, This land is your land de Woody Guthrie, Raise your hand d’Eddie Floyd, War d’Edwin Starr ou Jersey Girl de Tom Waits.
Pour ce dernier titre, je l’avais déjà entendu dès la seconde grâce à mon correspondant allemand (merci Jörg) qui me l’avait enregistré avec Cover me (sorti en single avec justement Jersey girl en face B), en même temps qu’il m’avait offert le 33 Tours de Born in the USA. Beaucoup de morceaux du Live/1975-85 sont en effet tirés de la tournée 1984-85 qui avait suivi la sortie de l’album best-seller.
Un coffret destiné aussi bien aux fans qu’à ceux qui voudraient découvrir le versant live de Springsteen. Ceci quand on n’a pas eu la chance de le voir réellement sur scène, ce qui fut mon cas en 1993. Ce Live/1975-85 est sans aucun doute le meilleur témoignage sur disque des concerts du Boss. Un coffret sorti il y a tout juste 35 ans aujourd’hui.
© Jean-François Convert – Novembre 2021