“Cosmo’s factory” de CCR a fêté son demi-siècle

Sorti en juillet 1970, ce 5ème album reste le plus gros carton de Creedence Clearwater Revival.

En 1970, Creedence Clearwater Revival est déjà au firmament de sa popularité, mais ce cinquième album Cosmo’s Factory va enfoncer le clou.

Du rock bien carré

Le disque démarre sur un riff rock imparable : Ramble Tamble. La guitare mordante et la voix puissante de John Fogerty plantent immédiatement le décor : le quatuor de San Francisco s’impose comme un des grands groupes rock du moment. Et le long pont prouve qu’il s’inscrit aussi dans la mouvance psyché de l’époque.

Les rocks carrés et efficaces remplissent l’album : que ce soit les reprises hommages des pionniers du rockabilly (Ooby Dooby, My Baby Left Me) ou les compositions originales Travelin’ band et Up around the bend (reprise en français par Johnny Hallyday)

Du blues moite

Le groupe californien a toujours entretenu sa supposée origine de Louisiane à travers des shuffles lancinants évoquant le Bayou. Outre la reprise du classique Before you accuse me d’un certain Ellas McDaniel (plus connu sous le nom de Bo Diddley), deux titres transpirent le blues avec une atmosphère moite, mi laid-back mi swamp-rock :

Run through the jungle avec son riff répétitif et son harmonica poisseux :

I heard it through the grapevine, popularisé par Marvin Gaye et Gladys Knight deux ans auparavant, en 1968. John Fogerty transforme le morceau en jam soul-bluesy qui dépasse les 11 minutes. C’est véritablement le moment de bravoure de l’album :

Du country-folk engagé

Enfin, trois ballades viennent compléter la tracklist : l’onirique Lookin’ Out My Back Door (imaginé par certains comme référence à la drogue, alors que John Fogerty a expliqué qu’il l’avait écrite pour son fils de 3 ans, Josh), le crépusculaire Long As I Can See The Light avec son saxo mélancolique (joué par Fogerty), et enfin le très beau Who’ll Stop The Rain, métaphore sur l’intervention des Etats-Unis au Vietnam, la pluie symbolisant le conflit armé : « Qui arrêtera la guerre ? »

Le titre et la pochette

La photo de la pochette est prise dans le studio de répétition du groupe, par Bob Fogerty, le frère de John et Tom. Le leader du groupe menait la vie dure aux trois autres et leur imposait des répétitions quotidiennes acharnées. Aussi, le batteur Doug “Cosmo” Clifford avait baptisé ce lieu « The factory » (« l’usine »). D’où le titre : « Cosmo’s factory »

John Fogerty savait que le groupe allait être attendu au tournant avec cet album, et il voulait que la pression soit détournée de lui. C’est pourquoi il a dit à Clifford :

« L’album sera sous ton nom, tu te débrouilleras avec ! »

John Fogerty au batteur Doug “Cosmo” Clifford

« C’était notre plus gros album de tous les temps, et je dis aux gens qu’ils l’ont titré sous mon nom, donc ça devait être un succès [rires]. C’est une blague ! »

Doug “Cosmo” Clifford
CCR-Cosmos-Factory

L’inscription manuscrite «3RD GENERATION» apposée sur le poteau de support à gauche de la photo fait référence à une note sur le premier album du groupe par le critique de musique rock Ralph Gleason : « Creedence Clearwater Revival est un excellent exemple de la troisième génération de groupes de San Francisco », a écrit Gleason, ce qui signifiait qu’ils n’étaient pas aussi bons que le Grateful Dead ou Quicksilver Messenger Service. (Wikipedia)

Aujourd’hui avec le recul d’un demi-siècle, Creedence Clearwater Revival apparaît comme ayant laissé une trace bien plus marquante dans l’histoire du rock que les deux autres groupes pré-cités, ou bien d’autres de la scène de San Francisco de l’époque. La recette ? Une musique simple et efficace, mais pas simpliste, et non dénuée de subtilité. Un quatuor d’américains en chemises à carreaux, mais qui savaient faire passer des messages entre les lignes. Un cocktail qui fait toujours son effet, encore 50 ans après.

© Jean-François Convert – Juillet 2020

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