Le pianiste Paul Lay revisite et transforme complètement des œuvres du répertoire de Beethoven.
Vous avez reconnu La lettre à Elise de Beethoven ? Pas évident à la première écoute. C’est parce que Paul Lay a choisi d’adapter très librement ce morceau très célèbre du répertoire classique, et même de la musique en général. Un rythme différent, des accords modifiés, une harmonie malmenée… seule la mélodie connue de tous surgit de temps à autre. Une approche délibérément déconcertante pour l’auditeur novice.
Mais un plaisir aussi de tourner autour du thème du morceau sans avoir l’air d’y toucher. Comme pour essayer de la aire apparaitre en surimpression au sein d’une palette de couleurs nouvelles. D’ailleurs Paul Lay essaie de jouer du piano dans le même esprit que Picasso peignait ses toiles, comme il nous l’explique dans cette interview :
Cet album Full solo sorti hier 25 juin chez Gazebo, mêle adaptations de Beethoven et compositions de Paul Lay, inspirées par la musique du Maître et la visite des lieux où il a vécu. Le compositeur allemand est à l’honneur dès l’ouverture de l’album avec Thème et variations. Une approche très jazzy dans la façon d’improviser et de détricoter dans la mélodie, pour ensuite la refaçonner, la remodeler, presque à en refaire quasiment une œuvre originale :
Le pianiste Laurent de Wilde qui a rédigé le livret du disque, explique :
‘Sonate au clair de lune’ ou ‘La lettre à Élise‘, en passant par ‘l’Hymne à la joie‘ ou la ‘Symphonie n°7‘… Des thèmes que Paul Lay enfile comme un gant avec l’aisance d’un jazzman qui joue les grands standards, et fait apparaître dans l’oeuvre de Beethoven le mélodiste éblouissant qui ne demande qu’à être repris, dérivé, réinventé avec le temps qui passe sans rien lui retirer de sa modernité.
C’est donc un véritable saut de l’ange que cet enregistrement donne à entendre, celui d’un Marvel du piano habité par une musique à laquelle il donne tout.
En full solo.
Paul Lay s’est prêté au jeu de l’interview courte en répondant à plusieurs questions :
Effectivement, vous allez découvrir ces morceaux comme vous ne les avez jamais entendus. Avec d’autres influences que Beethoven. On croit entendre parfois du Chopin, on a l’impression par moments de croiser Liszt, et même au détour de quelques notes, on jurait presque avoir reconnu des bribes de Pierre et le loup de Prokofiev.
Une interprétation qui témoigne d’une grande érudition musicale, et en même temps d’une fraicheur qui du bien d’ans l’univers du répertoire classique.
© Jean-François Convert – Juin 2021
Merci pour ce partage assez Incroyable. Sa manière de s’approprier le morceau et de le tordre jusqu’à pouvoir l’habiter complètement est stupéfiante. Il y a comme du Jarret chez ce garçon