Tales and Remedies se dédouble avec ‘Soak my soul into the sea’

Le double album ‘Soak my soul into the sea’ de Tales and Remedies est sorti fin mai. Une symphonie pop en deux parties.

En 2023 à l’heure du streaming roi et de la consommation musicale très souvent à la chanson individuelle, il est déjà courageux de sortir un simple album, alors en sortir deux simultanément relève d’une démarche artistique singulière qui inspire le respect. De toute façon Tales and Remedies n’est pas un groupe comme les autres. Porté par l’auteur-compositeur-producteur Guillaume Cousin, le projet se présente animé par un esprit de « collectif artistique». Et après deux premiers albums et un titre nommé aux London Music Awards 2016, ce nouvel opus propose une formule originale : 2 parties… 2 chanteurs… 2 ambiances… mais 1 album.

Soak my soul into the sea est ainsi divisé en deux disques distincts mais qui se répondent l’un l’autre.

Soak my soul into the sea, Pt.1 est portée par la chanteuse Joanna Kirk, franco-britanique, membre historique du projet Tales & Remedies. Cette première partie est globalement plutôt dominée par des tempos enlevés et une pop teintée d’electro (Home, , You alone and I, Look for Something more), mais nous emporte aussi dans un somptueux lyrisme où les harmonies vocales rivalisent de majestuosité avec l’orchestre classique et les synthétiseurs (Why 1, The Secret). Quant à Quelle journée (seul texte français de tout l’album, parties 1 et 2) et Time to wake up! les deux chansons nous alertent sur l’urgence du changement climatique (« il est temps de se réveiller »). Enfin on perçoit dans The Ghosts un leitmotiv qui ressemble étrangement au riff d’Echoes de Pink Floyd, serait-ce un clin d’œil ? Pas impossible étant donné le style très orienté progressif de Tales & Remedies.

Joanna Kirk et Guillaume Cousin © Christophe Apatie

Soak my soul into the sea, Pt.2 est portée par le chanteur Rue Horne. Il est anglais, il vit à Brighton, et est lui aussi auteur-compositeur-chanteur. Cette deuxième partie 2 sonne tout de suite plus mélancolique que la première. Un quatuor à cordes, un orchestre, mais toujours quelques touches électro. L’onirisme méditatif des textes est soutenu par de très belles mélodies, notamment Rhythms of Sadness, God, are you with me? ou encore le morceau de fin Hold on me. Les arrangements sont moins synthétiques et moins rythmés que dans la première partie, une orchestration plus « classique » qui confère à ce deuxième acte une aura encore plus mystique.

Guillaume Cousin et Rue Horne © Page Facebook de Tales & Remedies

D’une manière générale, les thèmes abordés sur l’œuvre complète dans les deux parties nous interrogent sur la notion du temps et un éveil à la nature (Time is just a lure, The Awakening, Feel forever, After All, The secret), les guerres et l’exil (Why 1, Why 2, Home) la planète en souffrance (Rhythms of sadness, Quelle journée, Time to wake up). Des thématiques représentées sur les très beaux visuels réalisés par Corinne Mirmand qui reflètent eux aussi cette approche symétrique de l’album.

Ces 2 parties ne cessent d’échanger et de se renvoyer des échos (re-clin d’œil ?)

Ainsi, Rue Horne chante tous les chœurs de la partie 1 et Joanna Kirk les chœurs de la partie 2. On y croise plusieurs duos. Why 1 et Why 2 se répondent, et les thématiques fortes du projet sont transversales.

Rue Horne, Guillaume Cousin et Joanna Kirk © Page Facebook de Tales & Remedies

Un projet ambitieux et parfaitement réalisé : une symphonie pop en deux actes qui mixe habilement modernité et classicisme avec de superbes interprétations et arrangements servant une écriture aiguisée sur notre monde et son devenir. A écouter, mais aussi à méditer.

© Jean-François Convert – Août 2023

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