Little Bob et Ganafoul… comme au bon vieux temps

Ce 22 septembre 2023, le Ninkasi de Lyon-Gerland offrait une affiche digne des seventies : Little Bob avec Ganafoul en première partie !

Une affiche mythique

Au milieu des années 70, un certain Little Bob a commencé à faire parler de lui. Petit par la taille, mais grand par la présence. Une énergie sur scène telle qu’il se raconte que les Damned auraient refusé de jouer à la première édition du festival punk de Mont de Marsan (1976) en disant : « s’il y a le groupe Little Bob Story, on ne vient pas, parce qu’on ne pourra jamais passer après eux ! ». Le rockeur originaire du Havre devient vite un phénomène des deux côtés de la Manche, et pour ses dates françaises embarque avec lui les lyonnais de Ganafoul. Le groupe givordin revendique un « sider-rock » (rock issu du milieu ouvrier travaillant dans la sidérurgie) et colle parfaitement à l’univers tout aussi populaire de Little Bob.

Cette affiche qui date de plus de 45 ans et s’est renouvelée à de rares occasions, le Ninkasi de Gerland l’a ressuscitée vendredi dernier pour un concert unique qu’il ne fallait pas rater.

Et le public a répondu présent en remplissant la salle ce vendredi soir. En montant sur scène, Jack Bon ironise « y’a du monde ! d’habitude on joue devant 5 personnes… » On sait bien évidemment que ce n’est pas vrai comme en ont témoigné les récents concerts de Ganafoul en avril 2022 et mai 2023.

Première partie pure lyonnaise

Ganafoul le groupe du coin vient chauffer la salle pour Little Bob « qui ne passe pas souvent à Lyon ». Jack Bon harangue le public à chaque solo sur sa Strat Sunburst qui a bien vécu, Edouard Gonzales tricote de concert sur sa Strato rouge, Yves Rotacher tient la boutique question métronome, tout en assurant les chœurs avec Luc Blackstone qui malgré sa béquille pour son problème au genou termine le set bien débout. Le quatuor aligne les chansons connues du public. Free Tomorrow, Let Me Burn, Full Spead Ahead, Nothing More, Far from Town, Bad Street Boy, Low Down Inside… J’entends quelqu’un à côté de moi euphorique : « ils les jouent toutes ! »

Et puis bien sûr pour finir l’incontournable Saturday Night, où Jack Bon saisit sa guitare Ampeg Dan Armstrong, un modèle popularisé par un certain Keith Richards :

Et Jack n’oublie pas de remercier Little Bob : « sans lui, pas de Ganafoul, c’est notre parrain ». Luc a posté sur son profil Facebook cette photo sans doute prise juste avant que Bob ne monte sur scène :

Le rockeur havrais en star de la soirée

Little Bob est assurément une légende du rock et pas uniquement hexagonale. Bientôt 50 ans de carrière et toujours ce plaisir de jouer. Bien sûr il affiche une peu de fatigue comme tout un chacun, mais même si la douleur à l’épaule due à sa récente chute se fait encore ressentir, notamment pour enlever son blouson, il montre toujours une énergie et surtout une envie non feinte. Little Bob fait encore de la scène tout simplement parce qu’il aime ça et ça se voit. Surtout, il ne cherche pas à faire le jeune, il assume fièrement ses 78 ans et reconnait devoir être obligé de « lire un petit bout de texte de temps en temps sinon je suis dans la merde ».

Héraut du rock’n’roll certes, mais bientôt aussi une institution. Il nous l’explique, non sans une certaine ironie : après 23 albums studio et 5 live, il va prochainement être promu Officier des Arts et Lettres… même son guitariste le taquine sur le sujet ! Un guitariste au son très vintage avec un echo type « slap back ». S’ensuit Italian Nights, un morceau de 1978 :

Little Bob, de son vrai nom Roberto Piazza, est fils d’un ouvrier et petit fils d’un anarchiste du nord de l’Italie en pleine époque mussolinienne. Ces origines il les a gardées dans ses tripes, et c’est donc tout naturellement qu’il reprend le chant antifasciste Bella Ciao, réarrangé à la sauce rock :

Le rockeur était aussi un mari, qui a perdu sa femme le 29 mars 2019. Myriam Piazza, dite Mimie était très impliquée dans de nombreux aspects du travail de Little Bob. Ce dernier avait écrit de plusieurs chansons pour elle, notamment The Bull and the Rose sur l’album Lost Territories de 1991, et surtout l’hommage après sa disparition I Know You Can’t Come Back sur l’album We Need Hope de 2021, qu’il a interprété ce vendredi. Vive émotion dans la salle du Ninkasi :

« L’album s’appelle We need hope parce qu’on a tous besoin d’espoir ». Little Bob ne s’apitoie pas sur son sort, et après ce vibrant hommage à sa bien-aimée, il repart sur des rock endiablés, invitant l’audience à le rejoindre dans cette énergie communicative :

Le groupe qui l’accompagne est également à l’aise sur les blues. Normal quand on s’appelle les Blues Bastards ! Le contrebassiste n’hésite pas à parfois enclencher la distorsion sur son instrument. Un procédé pas courant qui l’oblige à avoir deux micros : un piezo pour le son acoustique normal, et un magnétique pour le son saturé (car le piezo ramènerait trop de larsen m’a-t-il expliqué après le concert). Le guitariste, le claviériste et le batteur apportent chacun leur touche et prennent tour à tour la lumière selon les morceaux.

Un final comme au bon vieux temps

Pour clore le concert, Little Bob raconte sa rencontre avec Ganafoul dans les seventies, comment ils ont fait sa première partie et signé sur le même label, puis il invite Jack Bon à venir le rejoindre pour la reprise de deux grand standards : Heartbreak hotel du King et Lucille de Little Richard, un autre Little lui aussi !

Une super soirée qui s’est terminée par des échanges chaleureux en toute simplicité avec Little Bob et ses musiciens, ainsi que les amis de Ganafoul. Chapeau bas à ces légendes du rock qui ont décidé de vivre leur passion jusqu’au bout.

© Jean-François Convert – Septembre 2023

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1 commentaire sur “Little Bob et Ganafoul… comme au bon vieux temps

  1. Ça fait plaisir de lire un article sur ces musiciens qui m ont tant emballé à la fin des 70’s…le retour de Jack Bon et de Ganafoul est un vrai bonheur, vu 2 fois dans les hauts de France récemment…

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