Le 2 novembre 1978 arrivait dans les bacs ‘Outlandos d’Amour’, le premier disque d’un groupe baptisé The Police.

En novembre 1978, cet album fait figure d’OVNI : pas vraiment du rock même si le disque s’ouvre sur un Next to you endiablé au couleurs punk, et y revient avec des titres comme Truth hits everybody ou Born in the fifties, pas complément reggae ni ska malgré les rythmiques caractéristiques de So Lonely (dont Sting reconnait qu’il a été influencé par No Woman, No Cry de Bob Marley), I can’t stand losing you et Masoko Tanga, pas vraiment New Wave comme la mode de l’époque, d’ailleurs Copeland qualifie le solo slide de Summers sur Next to you de « old wave », un peu pop avec Roxanne, et parfois carrément free jazz sur Peanuts, ou expérimental déjanté sur Be my girl – Sally… Un mélange de styles qui forge dés le début l’identité de The Police.

Le tube Roxanne bien sûr va rapidement devenir un classique du groupe, et un incontournable des playlists radio. Sting a écrit cette chanson à Paris en octobre 1977, inspiré par les prostituées qu’il voyait près de l’hôtel minable du groupe qui jouait à l’époque au Nashville club. Le titre de la chanson vient du nom de l’héroïne de la pièce Cyrano de Bergerac, lu sur une vieille affiche accrochée dans le foyer de l’hôtel. Les paroles « Roxanne, you don’t have to put on the red light (Roxanne, tu n’es pas obligée d’allumer la lumière rouge) » font référence à la lanterne rouge allumée des établissements de prostitution pour signaler qu’ils étaient ouverts au Moyen Âge et à l’époque moderne. (Wikipedia)

Sur l’enregistrement studio, on peut entendre au début Sting s’asseoir malencontreusement sur un piano (pour cause de fatigue suite à une nuit blanche), provoquant ainsi un « accord » non désiré, mais qui a tout de même été conservé au mixage final, tout comme son rire en réaction à cet « accident ». Le morceau figure parmi les plus connus du groupe et fut le prétexte au retour de The Police en 2007 pour fêter le trentième anniversaire de sa création. En concert, il a toujours suscité un grand enthousiasme du public, et dès les débuts de Police, les versions live ont différé de l’original, en laissant la part belle à l’improvisation :

Après le premier single Roxanne, c’est Can’t stand losing you qui truste le haut des charts d’abord en août 78 avec sa pochette controversée montrant une homme pendu, les paroles de la chanson traitant du sujet du suicide, puis en 79 avec une réédition où cette fois ce sont les trois membres du groupe qui apparaissent sur le 45 tours. Deuxième place dans les charts anglais, la musique entrainante fait oublier le texte dépressif, et le morceau s’installe comme un classique du groupe.

Enfin, le troisième single de l’album est lui aussi un autre gros tube : So lonely qui alterne nonchalance reggae sur les couplets et énergie pur rock sur les refrains. Stewart Copeland y démontre sa dextérité à exceller aussi bien dans la finesse syncopée que dans la vitesse effrénée. Par ailleurs, étonnant d’entendre quelques notes d’harmonica (joué par Sting) à la fin du solo de guitare, un passage qui m’a toujours paru bizarre (pourquoi seulement quelques mesures avec cet instrument ?) et qui a d’ailleurs été coupé sur le single et le clip vidéo :

Dans le même acabit, on entend un son étrange sur le morceau Peanuts : Un solo dont on ne saurait dire s’il s’agit de kazoo (joué par Copeland ?) ou de saxophone à la vitesse d’enregistrement/lecture altérée (joué par Sting ?).

Un autre exemple de la diversité de cet album qui marque d’emblée le son Police, et la capacité de ses trois musiciens à synthétiser de nombreuses influences avec une déconcertante facilité. Avec ce disque, le trio The Police allait s’attaquer à conquérir le monde. Un disque sorti il y a 45 ans aujourd’hui.

© Jean-François Convert – Novembre 2023