Le 13 juin 1969 arrivait dans les bacs le troisième album de Pink Floyd, qui est la musique du film ‘More’ de Barbet Schroeder.
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Un premier film, une première B.O.
En 1969, Pink Floyd est encore un « jeune » groupe avec seulement deux albums à son actif. Pour ce troisième opus, la quatuor est contacté par le réalisateur Barbet Schroeder (assistant d’Éric Rohmer aux Cahiers du cinéma et sur ses tournages.) qui demande aux musiciens de composer la bande originale de son premier long-métrage More. Bien qu’il affirme que « ce n’est pas un film sur la drogue », on ne peut nier que le sujet est au centre de l’histoire. Stefan, un jeune étudiant allemand rencontre Estelle, une jeune Américaine qui va lui faire découvrir les plaisirs sexuels et de la drogue notamment à Ibiza. Il y vivra une descente aux enfers à cause de sa dépendance aux stupéfiants.
La musique accompagne ces atmosphères parfois euphoriques, tantôt cauchemardesques. Pink Floyd est encore dans sa période psychédélique de la fin des sixties, et propose des morceaux en parfaite adéquation avec les images. Des ballades folk avec le vaporeux Cirrus Minor ou le bucolique Green Is the Colour, des rock déjantés avec The Nile Song ou Ibiza bar où David Gilmour prouve qu’il peut aussi avoir une voix puissante façon hard, des expérimentations sonores essentiellement par Rick Wright (Quicksilver, Up the Khyber), et des instrumentaux planants typiquement floydiens avec les inquiétants Main Theme et Dramatic Theme, ou le surprenant More Blues qui offre à David Gilmour la possibilité de jouer du blues (son souhait à ses débuts), mais en décalage avec les références du genre. Du pur blues psychédélique. Pour leur première B.O., les Floyd ont su se fondre dans l’ambiance du film et lui apporter un climat à la fois envoûtant et vertigineux.
Les particularités de Cymbaline
La chanson Cymbaline est singulière à plus d’un titre. D’abord, son texte fait preuve d’une mise en abîme savoureuse puisque le premier couplet se demande si le dernier va rimer ou non, et en effet les deux dernières phrases ne riment pas. Ensuite, les paroles évoquent le personnage de Comics Dr Strange, qui figurait déjà sur la pochette de l’album précédent A saucerful of secrets. Enfin, la version qu’on entend dans le film est légèrement différente de celle figurant sur le disque, notamment au niveau des paroles :
Le morceau a été joué en live à plusieurs reprises et faisait partie du concept The Man and the Journey en tant que Nightmare, tout comme La chanson Green is the colour (rebaptisée The Beginning), et l’instrumental Quicksilver (devenu Sleeping). Ce sont a priori les trois seuls titres de l’album qui ont été joués en concert :
Avec More, Pink Floyd proposait un véritable album qui s’écoute de façon indépendante et n’a pas forcément besoin des images du film pour exister. Un disque sorti il y a 55 ans aujourd’hui.
© Jean-François Convert – Juin 2024