Il y a 60 ans sortait le film ‘Help!’ des Beatles

Le 30 juillet 1965, le second film des Beatles ‘Help!’ arrivait dans les salles de cinéma au Royaume-Uni.

Le deuxième film des Beatles

A la différence de A hard day’s night (4 Garçons dans le vent en V.F.) qui faisait quasiment office de documentaire sur la Beatlmania, Help! réalisé par le même Richard Lester fait appel à un scénario entièrement fictionnel : une secte orientale cherche à récupérer une bague sacrée détenue par Ringo. Le batteur des Beatles, de son vrai nom Richard Starkey, avait en effet obtenu son surnom en raison de son goût prononcé pour les anneaux (« rings ») portés aux doigts. Il n’en fallait pas moins aux scénaristes pour échafauder cette histoire fantaisiste et rocambolesque, prétexte à mettre les Fab Four en scène.

Il en résulte un décorum très pop futuriste bien dans l’air du temps, avec une mise en scène inventive pour l’époque : les cadrages sont souvent audacieux et offrent des points de vue déformés (come par exemple le reflet dans un enjoliveur, ou la basse de Paul filmée en grand angle, bien avant les plans type GoPro chers à Taratata) et Ringo s’octroie même un regard caméra (à 1:06:22) dans le plus pur style nouvelle vague.

Mais ce qui caractérise le plus Help! c’est son humour absurde so british, dans l’esprit des Monty Python avant l’heure : un interlude qui n’a ni queue ni tête entre les « parties » 2 et 3 toutes aussi imaginaires, George qui croque des cymbales à la neige, les sémaphores qui jouent au ping-pong avec leurs panneaux, un escalier de descente plus haut que le petit avion qu’il est censé équiper, les domestiques qui ne sont que 4 et font croire qu’ils sont pléthore, ou encore une lampe dans les yeux pour faire parler… mais en plein jour ! La liste est non exhaustive et peut se rallonger à chaque visionnage.

Toujours dans ce même esprit, le film est dédié à la mémoire de Elias Howe, pionnier de la machine à coudre en 1846, dont on ne discerne pas trop le lien avec l’histoire. On peut également noter que lorsque les Beatles sont « enfermés » à Buckingham Palace, Paul joue avec un gant et une balle de baseball, sans aucun doute un clin d’œil à Steve McQueen dans La grande évasion.

on remarque dans la bande-annonce des scènes coupées dans le montage final : George sous une bulle de verre incassable portant un masque aux traits de Ringo ou les membres du groupe coursant dans des voitures sport 

Et le summum du loufoque étant le fusible qui saute à la Battersea Power Station ! Dire que ce bâtiment emblématique de Londres deviendra célèbre surtout grâce au disque Animals de Pink Floyd. La séquence finale referme le film dans un grand délire mi-surréaliste mi-potache, avant un générique psychédélique à souhait, comme s’il annonçait déjà l’album suivant Rubber soul.

Le cinquième album des Beatles

Car Help!, c’est aussi un album qui sort dans les bacs juste une semaine après le film, le 6 août 1965. Il contient 14 titres, mais seuls les 7 de la face A figurent dans le long-métrage, où chaque chanson est filmée dans un décor diffèrent :

  • Help! fait office de générique début et revient pendant la séquence finale
  • You’re Going to Lose That Girl nous montre les coulisses d’un studio (fictif) où on aperçoit les overdubs de Paul à l’orgue et Ringo aux percussions
  • You’ve Got to Hide Your Love Away reste dans un univers très londonien
  • Ticket to Ride nous emmène au Tyrol autrichien
  • I Need You de George Harrison verse dans le bucolique
  • The Night Before joue la carte performance pop-rock sur un champ de bataille
  • Sur Another Girl, les Fab Four s’amusent à intervertir les instruments : sur plusieurs plans on voit George à la basse, Ringo à la guitare, et John à la batterie, tandis que Paul mime de jouer sur une fille

On entend également 4 autres morceaux issus d’albums précédents :

  • She’s a Woman (jouée en arrière-plan au cours de la séquence sous les plaines de Salisbury)
  • A Hard Day’s Night (jouée par un groupe de musiciens indiens)
  • I’m Happy Just to Dance with You (jouée par un groupe pendant la scène de la bicyclette)
  • You Can’t Do That (jouée pendant la séquence dans les Alpes autrichiennes)

L’album est totalement indépendant du film et n’est pas du tout une bande originale du long-métrage. D’ailleurs les morceaux n’ont aucun rapport avec l’histoire, comme l’explique Richard Lester : « Je crois que toutes les chansons du film étaient déjà terminées lorsque le scénario fut achevé. On m’a donné une bande avec les maquettes de neuf chansons, et j’en ai choisi six d’une façon totalement arbitraire, quand je pensais que je pouvais en faire quelque chose. C’était aussi simple que ça, je les ai intégrées dans le film là où c’était possible, là où on pouvait en faire quelque chose. »

Le morceau-titre du film et de l’album est encore aujourd’hui un des plus connus des Beatles. Derrière l’intro iconique, une mélodie enlevée, les superbes contrechants de George et Paul, et les magnifiques arpèges en fin de chaque refrain, ce sont surtout les paroles d’un écorché -vif qui transparaissent dans ce texte de John qui appelle à l’aide, celle qu’il n’a pas reçue dans son enfance et adolescence. La chanson a eu droit à un clip :

L’album regorge d’autres titres emblématiques des Fab Four : la valse folk dylanienne You’ve Got to Hide Your Love Away (qui selon certains ferait référence à l’homosexualité de Brian Epstein), la reprise du standard country Act Naturally avec Ringo au chant (Help! est le dernier album des Beatles où figurent des reprises, la deuxième étant Dizzy Miss Lizzy) ou encore Ticket to ride et son riff particulier qui semble trébucher à chaque fois. Ringo a d’ailleurs expliqué comment jouer ce rythme pas commun. La chanson a elle aussi bénéficié d’un clip, tourné manifestement le même jour que celui de Help!

Mais l’album contient surtout LE morceau le plus célèbre des Beatles, et peut-être même de toute la musique populaire du XXème siècle : Yesterday.

Il s’agit d’après le Livre Guinness des records, de la chanson la plus reprise de tous les temps. BMI (Broadcast Music Incorporated) a chiffré le nombre de reprises à trois mille seulement au XXe siècle. Elle fait aussi partie des titres les plus joués par les radios du monde entier avec 7 000 000 de diffusions à l’antenne. En 2012, BMI indique neuf millions de diffusions ! (Wikipedia)

Des chiffres qui donnent le vertige pour cette composition de Paul McCartney, et que George Martin a suggéré d’accompagner par un quatuor à cordes. Ils ont écrit l’arrangement à deux. Paul explique à propos de Martin :  « Il prit les accords que je lui montrais et les a augmentés sur le piano, mettant le violoncelle sur l’octave du bas, le premier violon sur l’octave du haut, et m’a donné ma première leçon sur la façon d’arranger les cordes pour un quatuor. »

Un film, un album, et la chanson la plus reprise de tous les temps. Help! marquait une fois de plus l’empreinte des Beatles sur la culture populaire. Le long-métrage sortait il y a tout juste 60 ans aujourd’hui.

© Jean-François Convert – Juillet 2025

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