Le 10 novembre 1975 arrivait dans les bacs cet album qui relançait le Loner dans une période positive.
Sommaire
Un nouveau départ
Après le triptyque très sombre constitué de Time Fades Away, Tonight’s the Night, et On the Beach, Neil Young sort enfin de de sa torpeur avec cet album publié à la fin de l’année 1975. Il remonte son groupe Crazy Horse en embauchant Frank « Poncho » Sampedro à la guitare, pour remplacer le défunt Danny Whitten.
Guitares électriques un poil rageuses mais pas trop. Ambiance « on the road » et grands espaces sous le soleil californien. Le titre de l’album provient d’ailleurs Zuma Beach, une plage de Malibu près de Los Angeles à proximité de laquelle se sont déroulées les répétitions.
Dès le premier titre Don’t Cry No Tears (« ne pleure pas, aucune larme »), Neil affiche un positivisme affirmé. La période noire est derrière, il faut avancer
« Don’t Cry No Tears est une de mes trente ou quarante premières chansons. J’ai joué pendant longtemps des chansons très anciennes, des trucs de mes débuts. En vérité, j’aime vraiment bien ces chansons. Elles ne m’embarrassent pas, j’étais si jeune »
Neil Young – Inrockuptibles 12/1992. Interview de Nick Kent
Cela n’empêche pas pour autant les ballades mélancoliques Danger Bird, Pardon My Heart, le cynique Stupid Girl ou l’écorché Drive Back (et son solo avec harmoniques sifflantes qui rappellerait presque Billy Gibbons). Mais l’entrain reprend le dessus avec l’enjoué Lookin’ for a Love ou l’énergique Barstool Blues, parfait pour la scène :
Un morceau phare
Mais si Zuma est célèbre, c’est surtout en raison du titre Cortez the killer. Un morceau de plus de 7 minutes avec son introduction reconnue comme l’un des plus beaux solos de guitare de tous les temps. Point de démonstration technique ni de palabre inutile, le Loner préfère laisser sa guitare pleurer. Un phrasé plaintif en lien avec le thème de la chanson.
Le texte évoque sans complaisance l’arrivée des conquistadors au Nouveau Monde, et dénonce la violence de la colonisation du continent américain. En raison de sa critique dirigée contre l’espagnol Hernán Cortés et sa conquête de l’empire aztèque, le disque a été interdit en Espagne durant la période franquiste.
« Le texte de Cortez the Killer est un point de vue très personnel sur le destin du grand explorateur. Il est tiré de mon imagination, ainsi que de mes souvenirs de classe. Pour moi, Cortez, c’est l’explorateur à deux facettes. Il y a l’homme charitable et il y a le salaud. J’ai toujours eu pour principe de remettre en cause la légitimité des soi-disant icônes. »
Neil Young – Inrockuptibles 12/1992. Interview de Nick Kent
Cortez the killer est devenu une chanson-phare du répertoire de Neil Young et l’un des moments forts de ses concerts. J’ai eu la chance de l’entendre en juin 2016 à Lyon.
Les versions live ont souvent donné lieu à de très longs solos, poussant parfois le morceau jusqu’à 13 minutes comme ici à Rio en 2001 :
Le morceau a été repris par de nombreux artistes :
Enfin l’album se termine sur le très beau Through My Sails qui est en fait une chanson du groupe Crosby, Stills, Nash and Young, reste d’un projet d’album avorté en 1974.
Une façon de refermer le livre sereinement. Plutôt que clore l’album sur le sombre brûlot à l’encontre du conquistador espagnol, Neil Young choisit cette ballade acoustique à quatre voix, comme pour apaiser la douleur du passé et tirer un rideau sur les années noires. Après Zuma, la deuxième partie des seventies remettra le Loner sur des rails un peu plus lumineux. Et quand on voit et entend sa verve et son dynamisme encore d’actualité, récemment pendant la campagne des élections américaines, on se dit que ce nouveau départ pris il y a tout juste 45 ans, a définitivement porté ses fruits.
© Jean-François Convert – Novembre 2020
Merci pour cet article
On peut aussi écouter les reprises de Cortez the killer par Cowboys Junkies, groupe folk rock canadien avec sa chanteuse (Marot Timmins) )à la voix éthérée ainsi que par les Indigo girls , groupe de deux nanas américaines qui peuvent passer du folk le plus doux au hard rock le plus sauvage.
Concernant Clapton et le blues en général , un groupe tombé dans l’oubli Chicken Shack, qui avait débuté à la même époque que Mayall et tous les autres, et qui continue de tourner avec son guitariste âme du groupe Stan Webb. Faudrait une chronique sur tous les très bons qui n’ont pas eu de succès , en tout cas en France.
merci pour les Cowboys Junkies (dont je ne connais que « Sun comes up it’s tuesday morning ») et les Indigos girls dont j’ai entendu parlé et peut-être vu 1 ou 2 vidéos je crois. J’irai jeter une oreille sur les reprises de Cortez
pour les chroniques, il y a tellement de thèmes que je souhaiterai aborder… j’ai une liste d’au moins une vingtaine en attente + les dates anniversaires des albums (je tiens un calendrier qui se remplit très vite) + les nouvelles sorties (je reçois des infos et sollicitations plusieurs fois par jour) + les infos qui arrivent ça et là…
bref de quoi m’occuper pendant encore de longues années ! 🙂