Le 29 octobre 1971 disparaissait un des plus grands guitaristes de l’histoire du rock.
C’est par une dernière virée à moto que Duane Allman est parti rejoindre les anges du blues et de la guitare. Un an plus tard, Berry Oakley le bassiste du Allman Brothers Band décédera lui aussi d’un accident de moto à quelques rues de l’endroit où est mort Duane. Même s’ils n’avaient pas 27 ans mais 24, les deux musiciens semblent avoir été frappés par une malédiction. Une légende de plus dans l’histoire du rock.
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Un guitariste exceptionnel
Mais ce que l’on retient surtout de Duane Allman, c’est un formidable guitariste, d’abord passionné de blues, et qui ensuite n’a pas hésité à sortir du cadre standard pour s’aventurer sur les terres jazz ou psychédéliques.
Référence de la guitare slide, il jouait aussi excellemment de façon classique. C’est d’ailleurs en l’entendant sur la reprise de Hey Jude par Wilson Pickett qu’Eric Clapton a été enthousiaste à l’idée de l’inviter à venir jouer sur l’album Layla and other assorted love songs.
Et sa contribution va largement dépasser le statut d’invité. En plus d’illuminer les morceaux (sauf les 3 premiers enregistrés avant son arrivée) de son jeu exalté, il donne l’idée du riff de la chanson Layla en accélérant le vers “there is nothing I can do” du blues As the years go passing by.
Et avant d’attaquer la ballade de fin, la première partie rock se termine par un solo de slide écorché et flamboyant, typique de son jeu :
Un jeu à tutoyer les anges
Écorché, c’est le mot. Une façon inimitable de faire pleurer la guitare. Son surnom Skydog (« chien de garde ») lui allait si bien. Par moment on croyait l’entendre aboyer. Plus chien fou que chien de garde finalement. Le « sky » c’était plutôt là où il s’envolait avec son instrument pour aller tutoyer les anges. En slide ou non d’ailleurs. Sur l’album avec les Dominos, si on repère facilement son jeu au bottleneck sur les blues ou le morceau-titre, il faut également noter sa technique classique sur les autres chansons et même la partie chantée de Layla :
De même avec le Allman Brothers Band, il y a au bout du compte souvent plus de morceaux où il joue sans slide plutôt qu’avec, comme on peut l’entendre sur plusieurs titres du chef d’œuvre Live at Fillmore East :
Mais le mieux est encore de le voir et entendre jouer des deux façons, au bottleneck et de manière classique. Les rares vidéos de l’époque permettent d’apprécier son style caractéristique et de se rendre compte à quel point il semblait passionné et totalement immergé dans sa musique. Très souvent les yeux fermés, il partait dans des hautes sphères et nous emmenait avec lui.
« Excuse-moi pendant que j’embrasse le ciel » chantait Jimi Hendrix dans Purple Haze. Un peu plus d’un an après que le divin gaucher soit passé dans l’autre monde, Duane Allman est parti le rejoindre, sans doute pour des joutes de guitare qu’on imagine fabuleux. C’était il y a tout juste 50 ans aujourd’hui.
© Jean-François Convert – Octobre 2021
« Hey Jude », meilleure reprise de l’histoire du rock ?
Merci pour ce bel article.
Pour moi, la meilleure reprise de l’histoire du rock est « all along the watchtower » de Dylan par Hendrix, mais c’est vrai que cette reprise de « Hey jude » est une tuerie
Il y a aussi Like A Rolling Stone qu’il reprend à sa manière géniale !
oui tout à fait d’accord. la version de Monterey bien sûr, mais aussi celle de Winterland bien plus longue que j’adore également