Il y a 45 ans Police sortait ‘Zenyattà Mondatta’

Le 3 octobre 1980 arrivait dans les bacs ce troisième album du trio The Police.

Cet album de Police a un statut un peu particulier dans mon histoire musicale personnelle : c’est celui par lequel je me sui vraiment intéressé au groupe grâce à mon ami batteur Jérôme. Auparavant je ne connaissais que Outlandos d’Amour et les autres tubes incontournables (Every breath you take, Message in a bottle, Walking on the moon…). Mais lorsque Jérôme a suggéré qu’on reprenne Driven to tears, son morceau fétiche, il m’a fait écouter son disque préféré du trio anglais, même si paradoxalement c’est l’opus qui est souvent présenté comme le plus faible de leur carrière. Sting reconnaît lui-même que ce n’est pas une grande réussite artistique, et c’est le seul disque de The Police qui ne se trouve pas dans l’ouvrage Les 500 meilleurs albums de tous les temps de Rolling Stone (Wikipedia).

Il s’ouvre sur un des nombreux hits de la discographie de Police : Don’t stand so close to me, que je connais bien par ailleurs, puisque la ligne mélodique a été reprise par Sting lui-même sur les chœurs de… Money for nothing de Dire Straits ! Alors qu’il était en vacances à Monsterrat pendant l’enregistrement de l’album Brothers in Arms, le chanteur blond avait été invité par Mark Knopfler à les rejoindre et chanter son fameux « I want my MTV » sur le même phrasé que les vers des couplets de la chanson de Police.

Quelques années plus tard, alors que le trio s’est séparé puis ponctuellement réuni, Don’t stand so close to me est réenregistré avec de nouveaux arrangements et ressort en single en 1986. La nouvelle version apparait dans la compilation Every Breath You Take : The Singles sous le nom Don’t Stand So Close to Me ’86 et est vendue aussi en single. Il s’agit d’un des premiers singles à être produit en CD, le vraiment tout premier étant… Brothers in arms !

S’ensuit donc le fameux morceau que nous avons joué : Driven to tears. Andy Summers y délivre un solo dissonant aux couleurs jazz-fusion. Et à peine après que la dernière note de la chanson ait retenti, la caisse claire embraye sur le titre suivant, un titre à rallonge : When the World Is Running Down, You Make the Best of What’s Still Around. Cet enchainement « naturel » des deux morceaux est une sensation qu’on retrouve parfois dans différents disques, comme j’en parlais dans une chronique dédiée. D’ailleurs avec Jérôme, à chaque fois qu’on jouait Driven to tears en répétition, on ne pouvait s’empêcher de systématiquement d’enchainer sur le morceau suivant.

Canary in a Coalmine rappelle les premières heures du groupe où le reggae se pare de couleurs pop avec une brève incursion au piano joué par Summers. Voices Inside My Head reprend un peu le même schéma que Reggatta de Blanc : un leitmotiv en boucle, prétexte à des variations rythmiques de la part de Copeland, sauf qu’ici la couleur reggae cède la place à une ambiance plutôt inspirée de ce qu’on n’appelait pas encore la World Music. Bombs Away referme la première face sur un air entrainant agrémenté d’un solo orientalisant de Summers. La chanson est signée Copeland, qui l’a reprise plus tard lors de ses concerts en solo… à la guitare et au chant ! Avec tout le respect qu’on lui doit, on dira qu’il est quand même bien meilleur batteur…

La deuxième face s’ouvre sur un autre méga-tube du groupe : De Do Do Do, De Da Da Da. Selon Sting, cette chanson a été écrite pour répondre au besoin des gens d’avoir des chansons simples (Wikipedia). En effet, on peut pas dire que les paroles du refrain soient des plus recherchées, un peu comme si c’était le Ob-La-Di, Ob-La-Da de Police, mais la mélodie entrainante en a fait un des morceaux les plus connus du groupe, et un grands succès auprès du public.

« J’essayais de réfléchir sur pourquoi la simplicité peut être si puissante. Pourquoi nos chansons préférées sont Da Doo Ron Ron and Do Wah Diddy Diddy? Dans cette chanson, j’essaye de répondre à ce problème. Mais tout le monde dit, ‘C’est des conneries, des jeux d’enfant.’ Personne n’écoute les paroles. Je vais essayer de la refaire et mettre l’accent sur ce dont je parle. » Sting, Rolling Stone, 2/1988

Behind My Camel, composé par Andy Summers, est un instrumental où le guitariste utilise une impressionnante palette d’effets. Pour l’anecdote, Sting a refusé de jouer de la basse sur ce morceau, et c’est donc Summers qui le remplace. C’est la seule chanson de Police sur laquelle Sting n’a pas joué. De plus, Sting, Stewart Copeland, le producteur et l’ensemble des techniciens ne voulaient pas l’intégrer sur le disque. Mais lorsqu’Andy Summers a menacé de quitter le groupe, le morceau a finalement été intégré sur l’album.

Man in a Suitcase revient au style efficace de Police, un mélange jouissif de ska et de rock, tandis que Shadows in the Rain instaure une ambiance particulière quelque part entre jazz-rock et reggae, avant que l’instrumental rapide The Other Way of Stopping ne referme l’album sur un style inédit qui verrait les Shadows téléportés à l’ère de la New Wave.

C’est en écoutant Zenyattà Mondatta que je me suis intéressé de bien plus près à Police. Merci Jérôme. J’ai ainsi redécouvert un trio incontournable de l’histoire de la musique pop, grâce à cet album, sorti il y a tout juste 45 ans aujourd’hui.

© Jean-François Convert – Octobre 2025

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