Paul McCartney se livre dans ‘One Hand Clapping’

Retour sur la projection hier du film ‘One Hand Clapping’, un documentaire sur Paul McCartney & Wings tourné en 1974 aux studios Abbey Road.

Deux séances seulement

Dimanche, fin d’après-midi, cinéma Pathé à Bellecour. Une salle de 112 places a moitié remplie, soit une cinquantaine de personnes, pour venir voir le film One Hand Clapping. Ça fait peu à mon sens pour une grande ville comme Lyon avec seulement 2 séances (hier et ce soir). Mais les personnes présentes ont visiblement apprécié.

Le film débute par une introduction de Paul McCartney enregistrée spécialement pour la re-sortie de ce mini-concert en studio qui s’est un peu transformé en une sorte de documentaire. Dans un cadre très sobre, chemise claire sur fond blanc, le Beatle qui a produit le film explique qu’il a pris plaisir à revoir ces images.

Il a forcément ressenti de la nostalgie car son épouse Linda, et les musiciens Denny Laine et Jimmy McCulloch ne sont plus là. Il évoque le succès des Wings qui n’est pas arrivé tout de suite et qu’il a fallu « tout reprendre à zéro ». Il fait effectivement allusion aux débuts avec Wild life (1971) qui n’a pas percé et que c’est surtout avec Band on the run (1973) que le groupe s’est imposé.

Un groupe avec deux nouveaux venus

1974 voit l’arrivée de Jimmy McCulloch (guitare, batterie) et de Geoff Britton (batterie) au sein des Wings. Le trio qui avait enregistré Band on the run redevient un « groupe ». McCartney évoque justement dans le film le fait qu’être « McCartney » était trop de pression, et qu’il préférait faire partie d’un groupe. Lors d’une discussion, il fait d’ailleurs le parallèle avec Denny Laine qui venait des Moody blues, tout comme lui venait des Beatles, tout proportion gardée, bien sûr.

« I’ve never been a solo performer, I’ve always sought out a group »

Paul

Jimmy McCulloch officie principalement à la guitare, ou plutôt aux guitares : Strato rouge avec manche touche érable sur Jet, Flying V sur Bluebird, SG sur Band on the run. Sur ce morceau, j’avoue que la slide m’a manqué durant la dernière partie. Je suis inscris sur ce morceau au prochain bœuf de la Vache Rouge, j’essaierai de lui rendre justice de mon mieux.

De son côté, Geoff Britton confirme sa réputation de « batteur de rock’n’roll » comme le présente Paul. Ceinture noire de karaté, il apparait vêtu en kimono sur un morceau… Et sur le premier titre Jet, il joue avec des lunettes noires, qui tombent légèrement et qu’il doit repositionner sur son nez en même temps qu’il joue !

Cette formule de « groupe » semble convenir à Paul, surtout pour interpréter les morceaux en « live »… Mais est-ce vraiment le cas ?…

Du « live » ? Pas totalement

McCartney présente One Hand Clapping comme un live en studio, enregistré par Geoff Emerick. Mais est-ce vraiment du « live » ? Pas sur la totalité en tout cas, puisqu’on peut voit quelques contre-exemples :

  • Lorsque le saxophoniste enregistre sa partie sur Bluebird, il s’agit d’un overdub. McCartney est à ses côtés pour lui donner les indications. Il est amusant d’entendre le chanteur fredonner la grille d’accords
  • Sur un autre morceau, les musiciens discutent ensemble d’une prise où la batterie n’est pas en place, et qu’ils vont prendre une autre prise avec le piano de Linda… Un overdub ? Un remix ? Un montage de plusieurs prises différentes ? ce n’est pas très clair…
  • Enfin, sur Nineteen Hundred and Eighty Five, Paul chante par-dessus l’accompagnement qui ressemble parfaitement à la version de l’album, tout comme sa voix… est-ce qu’il mime pour les besoins du film? Là aussi, pas vraiment de précision

Live and let die est en revanche interprété en direct avec un orchestre. Le thème de la partie rapide n’est pas joué à la guitare mais aux cuivres. Et Paul est au piano électrique au lieu d’un piano classique (alors qu’il y en a un de dispo, puisqu’on le voit après). Il est amusant de noter que le batteur rate les petits coups de cymbales sur le deuxième couplet, les 3 petites notes juste avant les paroles « live and let die », on voit que ça fait rire Denny et Paul.

Paul discute avec le chef d’orchestre arrangeur. Il explique qu’il n’a jamais su annoter la musique. En parallèle, on aperçoit certains musiciens grignoter, bailler, lire… sans doute pendant les longs moments d’attente avant la prise.

Mi-live, mi-documentaire

Ce qui au départ était annoncé comme un « live in studio » se transforme peu à peu en documentaire. Les morceaux sont entrecoupés d’interviews en voix off. Les thèmes abordés touchent entre autres à l’enfance de McCartney. Denny parle de la famille de Paul qui l’a initié à la musique (son père surtout), Linda parle de ses débuts dans la musique quand elle était ado, puis de la façon dont elle aborde les morceaux : soit Paul lui dit quoi jouer, soit elle repère les accords. C’est elle qui joue les phrases-clé au Moog sur Jet ou Band on the run.

Paul parle de ses premiers morceaux composés (dont When I’m sixty-four), des morceaux qui sonnent très années folles, façon « musique de grand-mère » comme disait John. Paul explique qu’il composait dans ce style car il pensait « finir au cabaret ». Il précise : « c’était avant l’arrivée du Rock’n’roll« . Il évoque sa rencontre avec une célèbre chanteuse à qui il avait apporté une chanson plutôt que des fleurs ou des chocolats comme l’aurait voulu l’usage.

La session « dans le jardin »

Alors que le film semble être fini, le Paul de 2024 réapparait pour nous enjoindre à ne surtout pas quitter notre siège car il nous a réservé « une surprise ». Il s’agit de la « backyard session », un moment impromptu enregistré dans l’arrière-cour des studios Abbey Road. . Il explique : « ça s’est fait de façon très spontanée, c’était comme un musicien de rue : tiens si je jouais celle-là ou celle-là »…

En parlant, il mime en jouant de la main droite… « pourquoi j’ai fait ça ? allez savoir… » dit-il… faut-il y voir un clin d’œil à la fameuse légende urbaine Paul is dead ?

Le film se referme sur ces quelques minutes hors du temps, où Paul interprète des standards du Rock’n’roll, entre autres : Peggy sue de Buddy Holly, Sweet Little sixteen de Chuck Berry… tandis qu’on entend en voix off « hé c’est de la coke ? super »…rires dans la salle. Une autre voix conclut « c’est des vieux trucs, non ? » en parlant des chansons chantées par le Beatle… Pourtant, Macca nous offre aussi une de ses compositions : Blackpool.

Si vous aimez le rock, si vous aimez la pop, si vous aimez la musique des Wings et de Paul McCartney, n’hésitez pas une seconde, courrez voir One Hand Clapping, il reste encore une séance ce soir !

© Jean-François Convert – Septembre 2024

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