‘Welcome’ de Santana fête son demi-siècle

Le 9 novembre 1973 arrivait dans les bacs ce cinquième album studio de Santana, le deuxième de sa période jazz-rock.

En 1973, Santana est en plein dans sa période jazz-rock commencée l’année précédente avec Caravanseraï et qui se terminera l’année suivante par Borboletta, avant de revenir aux racines rock latino sur Amigos en 1976. Welcome est au centre de cette trilogie mystique et spirituelle. Carlos Santana s’est en effet converti à la méditation et a été rebaptisé « Devadip » par le guru Sri Chinmoy.

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John McLaughlin (Mahavishnu) Sri Chinmoy et Carlos Santana en 1972

Cette même année il collabore avec John McLaughlin pour un album hommage à John Coltrane, Love, Devotion, Surrender, sorti en juillet. Les deux guitaristes se retrouvent également sur un titre de Welcome : le long, tortueux et parfois dissonant Flame-Sky. Un instrumental de plus de 11 minutes où les deux musiciens rivalisent de virtuosité et de sonorités écorchées, à la recherche de la « note absolue » comme disait Christian Vander justement à propos de John Coltrane.

Les autres morceaux de Welcome oscillent entre influences sud-américaines (Samba de Sausalito, Yours Is the Light), africaines (Mother Africa), jazz planant (Love, Devotion & Surrender, When I Look into Your Eyes, Light of Life) et musique méditative à travers l’ouverture Going Home, adaptée d’après la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak, et arrangée avec Alice Coltrane, la veuve de John Coltrane, ainsi que le superbe morceau-titre qui clôt l’album, une reprise du saxophoniste de génie et maitre fondateur du free-jazz.

Ces différentes couleurs musicales se retrouvent ailleurs dans la discographie de Santana. La composante sud-américaine est bien évidemment présente depuis les débuts, que ce soit par les percussions, les rythmes chaloupés, ou les harmonies typées bossa-nova, samba ou rumba. L’influence africaine reviendra plus tard dans le récent Africa Speaks sorti en 2019. L’aspect jazz parsème l’œuvre globale de Santana de façon plus discrète, mais culmine dans cette première moitié des seventies, et sera encore très présent dans Borboletta en 1974.

Enfin, le côté planant n’était pas forcément ce qui caractérisait le plus la musique du guitariste mexicain découvert dans la fièvre du San Francisco de la fin des sixties, et révélé à Woodstock. Cet infléchissement en 1972, lié à son engagement spirituel, donne à entendre de nouvelles couleurs. La guitare se fait plus aérienne, et s’envole dans les hautes sphères. A cette époque, Carlos Santana introduisait les concerts par des sortes de prières, et abordait la musique de façon mystique, dans la même approche que celle prônée par Ravi Shankar par exemple.

Welcome ne figure pas parmi les premiers albums mis en avant dans le parcours pléthorique de Santana. Mais je l’aime beaucoup, surtout les titres jazzy planants, et le magnifique morceau-titre qui ne peut qu’apporter plénitude et sérénité. Un album sorti il y a 50 ans aujourd’hui.

© Jean-François Convert – Novembre 2023

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