Robert Connely Farr : du blues qui sent la sueur

Le songwriter américain Robert Connely Farr a sorti son neuvième album ‘Shake it’ le 7 octobre. Un disque gorgé de blues moite et viscéral.

© Anita Van Weerden

Je l’ai découvert avec son album Dirty South blues, sorti en 2018. Robert Connely Farr est un songwriter originaire de Bolton (Mississippi), ville natale des légendes musicales Charley Patton & the Mississippi Sheiks. Farr est un ami et un protégé de Jimmy Duck Holmes, l’un des premiers bluesmen de Bentonia (Mississippi) qui a appris la musique directement de Henry Stuckey (qui a également enseigné à Skip James).

Autant dire qu’il baigne dans un environnement propice au blues, et plus particulièrement le Bentonia Blues, style local de Delta Blues, du nom de ce petit village peuplé de 500 habitants et situé dans le comté de Yazoo au Mississippi.

Ce nouvel album Shake it sorti le 7 octobre est le neuvième de Robert Connely Farr. Et l’ambiance sonore qui s’en dégage respire la sueur. Presque exclusivement ternaire (à l’exception du morceau-titre et de Miss My Baby), le disque s’ouvre sur deux reprises (une de Charley Patton, une de Jimmy Duck Holmes) et les trois premiers titres sont sur un tempo très lent. Un rythme lancinant et hypnotique servi par une guitare très saturée. Du blues moite et primal, qui parfois même tire vers la dissonance comme sur le final Sugar Mama, là aussi une reprise (de Tommy McClennan).

Les six compositions originales parlent d’amour mais aussi de souffrance, Robert aillant été diagnostiqué d’un cancer en 2019 et opéré en urgence. Il raconte :

« à la suite de mon opération, je me suis plongé dans ce livre sur Charley Patton. Je n’avais jamais su grand-chose de Patton, ce qui est ironique puisque j’ai grandi en marchant dans les mêmes rues que lui quand il était jeune. J’ai ressenti beaucoup de similitudes avec certains aspects de sa vie – quitter la maison mais avoir toujours le mal du pays, des problèmes d’alcool, ne pas s’intégrer… »

Il ajoute :

« Mais tout ceci, toujours en rapport avec la musique, avec les chansons. ‘Screamin’ & Hollerin’ m’a secoué comme si on m’avait fracassé contre une tonne de briques, et ce morceau donne le coup d’envoi de l’album. »

On confirme : l’écoute de Shake it ne peut que vous remuer, à moins d’être fait de bois. Un blues qui prend au tripes, une musique viscérale qui parle directement à l’âme. Comme le résume Robert Connely Farr : « on ne sait pas où la vie nous mène mais on va essayer de s’amuser en chemin – c’est ce dont parle cet album ». B.B King disait que pour chanter correctement le blues, il faut l’avoir vécu. Robert Connely Farr est de ceux-là.

© Jean-François Convert – Novembre 2022

Étiqueté ,

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error

Suivez ce blog sur les réseaux