Le songwriter Phillip-Michael Scales sort son nouvel album ‘Sinner-songwriter’ ce 29 octobre. Ce neveu de BB King a répondu à nos questions.
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Le blues, une histoire de famille
Quand on a un oncle aussi prestigieux que BB King, difficile de se frayer un nom dans la musique sans y être constamment associé. Alors, Phillip Michael Scales a longtemps préféré se tracer un chemin différent, de façon totalement indépendante, loin du blues…
Et puis à la mort du roi de la guitare, le jeune musicien a commencé à incorporer plus de blues dans sa musique. Bien lui en a pris car son single O Hallelujah a dépassé les 200.000 streams, a eu les honneurs de l’édition française du magazine Rolling Stone et d’une programmation soutenue sur les ondes des radio ‘Lightning 100’ à Nashville et ‘WXRT’ à Chicago.
Il nous explique les raisons qui l’ont poussé à revenir aux sources, et comment il mixe blues et songwriting dans un genre qu’il appelle ‘Dive bar soul ‘
Interview
Qu’est-ce qui vous a fait revenir au blues après la mort de votre oncle ?
Pour moi, c’était un peu pour lui rendre hommage et pouvoir trouver plus de mon histoire dans le blues. Quand vous êtes jeune, vous n’avez pas la profondeur d’expérience de la vie pour vraiment expérimenter pour vraiment comprendre le blues. Et pour moi, ma musique consiste à être authentique, je ne peux pas faire semblant.
Pouvez-vous expliquer ce que vous appelez « Dive bar soul » ?
Eh bien, quand j’étais jeune, tous mes amis écoutaient du rock and roll et de la musique roots. Pour moi, l’écriture de chansons est ma partie préférée de la musique. J’aime pouvoir exprimer exactement ce que je ressens. J’ai donc commencé à incorporer un peu de ça et c’est comme ça que j’ai trouvé Dive Bar Soul. C’est du rock indépendant qui raconte avec la passion du blues !
A ma connaissance, John Lee Hooker et BB King n’ont joué ensemble qu’une seule fois en 1993. Votre duo avec Archie (neveu de John Lee Hooker) était-il dans le même esprit «one shot», ou le referez-vous à l’avenir ?
J’avais déjà écrit When they put me in my grave et le label a pensé qu’Archie pourrait sonner cool et quand j’ai écouté sa voix, j’ai accepté. ça s’est fait comme ça !
Il y avait le Covid donc nous n’avons pu parler que sur zoom mais peut-être qu’un jour nous retravaillerons ensemble.
Êtes-vous fatigué d’être constamment cité comme le neveu de BB King, ou le prenez-vous comme un honneur ?
Je pense que c’est une bénédiction à double tranchant. Je suis reconnaissant de garder son nom en vie, mais je suis aussi ma propre personne. Je sais que cela m’ouvre des portes, mais je suis ravi que les gens puissent apprendre à me connaître.
Comment voyez-vous l’avenir du blues ?
Je pense qu’il évolue constamment et qu’il le faut sinon il meurt. Bien que je n’appellerais pas ma musique du blues traditionnel, je pense que l’esprit est définitivement là et je suis impatient de voir où cela va me mener !
Un album bluesy mais pas uniquement
Effectivement, la musique de Phillip Michael Scales emprunte au blues mais s’en démarque par un approche plus moderne. Pas de schéma traditionnel 12 mesures, pas de solos interminables, de la guitare mais avec parcimonie… l’ambiance est résolument tournée vers des chansons. Sens de la mélodie imparable, ballades rock, grooves nerveux, arrangements ciselés, ce neveu d’un des plus grands bluesman a tout du songwriter pop-rock.
L’ouverture Feels like home nous plonge dans une atmosphère à la Lenny Kravitz avec chœurs soul en prime, Send me there est une ballade folk poignante en mode guitare acoustique avec chorale gospel, Go easy on me joue la carte soul langoureuse avec superbe son de guitare, Lay it on me mise à nouveau sur ce mélange folk-soul où la voix rivalise avec la guitare feutrée.
À l’exception de Trouble water, la deuxième partie de l’album navigue dans des tonalités plus sombres, à l’instar de Your Love’s Working Me to the Bone où l’influence blues est bien présente :
Et comme pour rappeler sa filiation, mais en filigrane, Phillip Michael Scales s’offre un clin d’œil malicieux en chantant en duo avec le neveu d’un autre géant du blues : Archie Lee Hooker, neveu de John, lui donne la réplique sur le sombre When they put me in my grave.
Les héritiers sont bien là et continuent de transmettre l’âme de leurs aïeux, mais à travers une musique actuelle et tournée vers l’avenir. Une nouvelle génération de bluesmen, qui rendent hommage à ce genre ancestral tout en le renouvelant intelligemment.
© Jean-François Convert – Octobre 2021